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Paris Photo 2018 : dix images vues dans les allées du Grand Palais

Paris Photo, la plus grande foire internationale de photographie ouvre ses portes jeudi pour quatre jours. Des débuts de la photographie à la production contemporaine, 168 galeries du monde entier et 31 éditeurs et libraires se déploient dans l'espace de la grande nef du Grand Palais.
Article rédigé par Valérie Oddos
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Paris Photo 2018 au Grand Palais, à Paris
 (Philippe Lopez / AFP)

La 22e édition de Paris Photo ouvre ses portes avec 199 exposants, éditeurs, libraires et galeries dont 31% sont françaises, 20% nord-américaines. Le monde extra-occidental reste marginal avec 8 galeries asiatiques, 4 du Moyen-Orient, 4 africaines et 3 latino-américaines.
 
L'objet de cette foire est de vendre aux collectionneurs et institutions de la photographie, un media encore minoritaire sur le marché de l'art, même s'il est en forte croissance depuis 30 ans.

Sans acheter, Paris Photo permet aussi à tous les amateurs de s'en mettre plein la vue, de découvrir ou de revoir des milliers d'images, du documentaire à la création plasticienne, en noir et blanc, en couleur, du XIXe siècle ou de cette année. Il faut prévoir de bonnes chaussures et se laisser aller au hasard dans les allées.
 
Voici quelques images vues cette année, au fil de notre déambulation.

1
Kàroly Halàsz, mon corps dans la télé
Halász Károly, "Private Broadcasting I-III" - 1974
 (Courtesy of the Károly Halász Estate and Vintage Galéria)
Cette année, une section baptisée Curiosa est consacrée au corps et à l'érotisme. Elle rassemble les photographes de 14 galeries. A remarquer, les curieuses images du Hongrois Kàroly Halàsz (1946-2016), artiste homosexuel à une époque et dans un contexte où il devait cacher sa sexualité. Il comprime son corps nu dans un cadre de téléviseur, dans des poses inconfortables (Vintage Galéria, Budapest).
2
Corps toujours, avec Isabel Muñoz
Isabel Munoz, série "Japon", 2018
 (Isabel Muñoz, courtesy Galerie Esther Woerdehoff)
Ce n'est pas dans cette section qu'elle est exposée mais à l'étage, dans la section Prismes, dédiée aux séries et aux installations, mais c'est aussi le corps qu'elle célèbre. Les grands formats de l'Espagnole Isabel Munoz (galerie Esther Woerdehoff, Paris) explorent les limites du corps humain à travers le monde en noir et blanc et en couleur, et jusqu'à la douleur, parfois insoutenable. Corps tatoués des maras, ces gangs d'Amérique centrale, en noir et blanc, corps suspendus à des crochets…
3
A Buenos Aires avec Sara Facio
Sara Facio, "Piazzola, bandoneon", 1967
 (Sara Facio - Galerie Jorge Mara - la Ruche)
Un parcours baptisé "Elles x Paris Photo" met en valeur le travail des femmes photographes. Une centaine d'images un peu noyées dans l'océan de la foire puisqu'elles sont simplement identifiées par un petit autocollant rouge. On remarquera les images de l'Argentine Sara Facio (née en 1932, galerie Jorge Mara-la Ruche, Buenos Aires, qui rend hommage à la capitale argentine) et ses beaux portraits de Julio Cortazar, Jorge Luis Borges ou Astor Piazzola caché derrière son bandonéon.
4
Silhouettes étranges d'Eamonn Doyle
Eamonn Doyle, K12, 2018
 (Eamonn Doyle/Michael Hoppen Gallery)
Sur le stand de la galerie Michael Hoppen (Londres), le photographe irlandais Eamonn Doyle présente sa dernière série, K, loin de ses photos de rue : des silhouettes étranges drapées d'un voile de couleur vive, qui, au gré du vent, change de forme et de couleur d'une image à l'autre, et se détache sur un grand ciel. Un hommage au frère de l'artiste, décédé en 1999 à l'âge de 33 ans.
5
Hommage à David Goldblatt
David Golblatt, "Queen Monyeki in her kitchen, 1388A White City, Jabavu, Soweto, September - 1972"
 (David Goldblatt / Goodman Gallery)

La galerie Goodman (Johannesburg) rend hommage au photographe sud-africain David Goldblatt, décédé cette année, qui a documenté 70 ans de l'histoire sociale de son pays. Elle lui consacre un solo show avec plusieurs beaux ensembles de ses séries sur les transports, sur les domestiques noires, sur les lieux de l'apartheid.
6
Le corps toujours, en fragments, avec John Coplans
John Coplans, "Self Portrait: Crossed Fingers" - 1999
 (Courtesy Galerie Nordenhake Berlin / Stockholm © The Estate of John Coplans)
A la galerie Nordenhake (Stockholm et Berlin), des fragments d'autoportraits, doigts croisés, pied divisé en triptyque, du britannique John Coplans (1920-2003), qui a exploré son corps vieillissant en le livrant par petits bouts, sans complaisance.
7
Prune Nourry, tableaux sculptés
Prune Nourry "Men without Women (Sculpted Image)" - 2015
 (Prune Nourry. Courtesy Galerie Templon, Paris-Brussels)
A la galerie Templon (Paris), des tableaux lumineux de Prune Nourry issus de son projet "Holy Daughters" sur le déséquilibre entre les sexes en Inde. L'artiste a abandonné une statue étrange, mi-vache-mi-fille dans la rue à Delhi pour observer la réaction des passants, tous des hommes. Dans des caisses lumineuses, elle projette les images sur du lait en poudre, symbole de fertilité, ou sur de l'argile, ce qui leur donne une texture étonnante.
8
L'étrange auberge d'Andrea Grützner
Andrea Grützner, "Untitled5" - 2014
 (Andrea Grützner / Robert Morat Gallery)
On dirait des tableaux abstraits. Et pourtant, les grandes images géométriques aux couleurs vives d'Andrea Grützner (galerie Robert Morat, Hambourg) sont des photographies argentiques, sans retouche numérique, prises dans l'auberge d'un village de l'est de l'Allemagne. Elle a flashé de la couleur et créé des ombres dans chaque recoin du bâtiment gardant la mémoire des événements qui ont marqué des générations dans ce lieu.
9
Drôles de chevaliers de Thorsten Brinkmann
Thorsten Brinkmann, "Van Barre" - 2018
 (Thorsten Brinkmann / courtesy FeldbuschWiesnerRudolph Galerie)

Sur le stand de la galerie Feldsbusch Wiesner Rudolph (Berlin), les étranges figures réalisées par l'artiste allemand Thorsten Brinkmann avec de riches étoffes et des objets du quotidien, corbeille à papier, plateau ou balai, évoquent des souverains ou chevaliers de la peinture ancienne.
10
En Namibie avec Stephan Gladieu
Stephan Gladieu "Hereros #39" série "Real Portraitik #1", Namibie - 2017 
 (Stephan Gladieu courtesy School Gallery - Olivier Castaing)

En 1904, un général allemand écrasait dans le sang une révolte contre la colonisation des terres de l'actuelle Namibie, n'hésitant pas à tuer des milliers de femmes et d'enfants. L'histoire de ce massacre du peuple Herero s'est transmise de génération en génération grâce notamment à une commémoration annuelle où les hommes endossent des tenues inspirées des costumes militaires allemands et les femmes de grandes robes colorées que Stephan Gladieu a immortalisés. (School Gallery Olivier Castaing, Paris)

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