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Paris Photo 2012 : une édition sage et occidentale

Ca y est, c’est parti, pendant quatre jours, Paris Photo réunit les plus grandes galeries de photographie à Paris, au Grand Palais. Pas de thème cette année mais un parcours choisi par David Lynch qui a sélectionné 99 images à travers les galeries. Comme toujours, c’est l’occasion de voir ou revoir des centaines d’images… jusqu’à l’indigestion.
Article rédigé par franceinfo - Valérie Oddos
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Publié
Temps de lecture : 4min
Picasso par Irving Penn, à Paris Photo 2012 au Grand Palais
 (PMG / SIPA)

Paris Photo, c’est une foire, donc un endroit où on vend et où on achète des photos, c’est un reflet du marché de la photo. Mais on peut aussi y aller juste pour voir, pour la modique somme de 28 euros quand même.

Tous les ans, on se dit qu’on n’y retournera pas, que c’est trop. Et puis on ne résiste pas à l’envie de s’en mettre plein les yeux. Si on n’y connaît pas grand-chose, c’est l’occasion de faire connaissance avec plein de photographes. Si on les connaît déjà, on les revoit avec plaisir. Surtout cette année où les classiques semblent revenir en force, avec beaucoup de noir et blanc d’ailleurs. Est-ce parce que l’œil est attiré par ce qu’on connaît déjà ? Mais il semble y avoir beaucoup de valeurs sûres.

Les images classiques dominent
La galerie new-yorkaise Bruce Silverstein propose des tirages d’Edward Weston, Dora Maar, Brancusi, Frantisek Drtikol. La Fraenkel Gallery de San Francisco propose une magnifique série d’autoportraits, en vrai ou en ombre, de Lee Friedlander. On verra l’Enfant à la bouteille d’Henri Cartier-Bresson chez le New-Yorkais Robert Mann, ainsi que « Rodeo, Detroit » de Robert Frank dont on trouvera un autre tirage chez Danziger, autre galerie new-yorkaise.

Edward Weston, Nude Study, California, 1925
 (courtesy Johannes Faber)
On verra encore des nus d’Eleanor, par Harry Callahan, de magnifiques dos d’Edward Weston. Les vue frontales impeccables de bâtiments industriels de Bernd et Hilla Becher sont présentes dans plusieurs galeries, et la dame, née en 1934, participe à une rencontre jeudi à 14h30, sur l’émergence de l’école de Düsseldorf et son lien avec les artistes américains contemporains.

La fin des "problématiques par pays"
La 16e édition de la grande foire à la photo de Paris ne met plus l’accent sur une région du monde, comme elle l’avait fait ces dernières années. L’an dernier, c’était l’Afrique, avec une exposition spécifique de douze artistes africains contemporains. La photographie africaine se retrouvait aussi au fil du salon, dans les galeries.

"Nous avons fait le tour de cette problématique par pays. Désormais les oeuvres circulent. Nous n'avons plus besoin de cet artifice", a déclaré à l'AFP Julien Frydman, directeur de Paris  Photo depuis deux ans.

Eiko Yamazama, What I’m doing #78, 1986
 ( Yamazama Eiko, The Third Gallery Aya)
Dommage : du coup, cette fois-ci, on a l’impression d’un salon très occidental. Déjà, les pays représentés sont essentiellement la France, les Etats-Unis, l’Allemagne, le Royaume-Uni, un peu l’Espagne. Parmi près de 130, on trouve à peine deux galeries sud-africaines, une finlandaise, une polonaise. Les plus exotiques sont les galeries Pekin Fine Arts et la philippine Silverlens.

David Lynch, invité d'honneur
Au fil de la promenade, on fera de belles découvertes. Une série magnifique des années 1929-1931 de Lyonel Feininger, artiste germano-américain, peintre mais aussi photographe (Jörg Maass Kunsthandel, Berlin). Quelques œuvres récentes de Nan Goldin, mêlant photos et des reproductions de tableaux classiques, qu’on n’avait pas pu voir au Louvre l’an dernier. Dont un très beau poliptyque de dos nus. Ou encore les collages d’images de banlieues désolées du couple italien Botto e Bruno (chez la madrilène Oliva Arauna).

Lyonel Feinginger, Wet cobblestones (Halle a.S.), 1929-1931
 (Adagp, Paris, 2012, exposant : Jörg Maass Kunsthandel)
On verra aussi chez Stevenson (Le Cap et Johannesburg) de magnifiques grands tirages de São Paulo de Guy Tillim.

David Lynch est l'invité d'honneur de cette édition de Paris Photo : Julien Frydman a demandé au réalisateur américain de sélectionner 99 photos parmi 800 qui lui ont été soumises par les galeries: elles sont repérables dans le labyrinthe des stands par un petit cartel « Vu par David Lynch ».

Un parcours imaginaire personnel, des images de « Pères » de Gaza du Palestinien Taysir Batniji à Mastroianni en flou et en clair-obscur, dans un nuage de fumée par Tazio Secchiaroli. Ou un squelette de mort s’agrippant à une madone nue de Joel Peter Witkin. Un décor tamisé (de bordel ?) de Katherine Bosse. David Lynch a choisi beaucoup d’images chez Camera Obscura, une nature morte de Sarah Moon, un nu de Callahan, la « Danseuse satirique » de Kertesz…

Katharina Bosse, Bordello architecture, 2012 (sélectionnée par David Lynch à Paris Photo)
 (courtesy galerie anne Barrault, Paris)
Au bout de deux heures, on n’en peut plus, on a mal aux pieds, l’impression d’avoir raté plein de choses mais basta ! A l’année prochaine.

Paris Photo, Grand Palais, avenue Winston Churchill, 75008 Paris
Jeudi 15-dimanche 18 novembre, 12h-20h

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