Marseille 2013 : Koudelka traque la beauté de la Méditerranée antique
En Libye, en Algérie, à Rome, en Albanie, en France, Josef Koudelka a visité depuis 1991 dix-neuf pays autour de la Méditerranée. Dans certains, le photographe, âgé aujourd’hui de 75 ans, s’est rendu plusieurs fois. Dans d’autres, il veut encore retourner, car le projet se poursuit.
"C'est une exploration sans équivalent des sites de la Méditerranée (plus de 200 visités), la première fois qu'un artiste contemporain donne à voir au plus grand public ce qui reste des sociétés grecque et romaine", relève le co-commissaire de l'exposition, Bernard Latarjet. "Une campagne de travail aussi longue" est une rareté dans l'histoire de la photographie, souligne-t-il.
Koudelka à la recherche de la beauté
Koudelka a promené sa haute et mince silhouette partout : "Il n'a pas fait de choix, il est allé partout." Sa méthode de travail ? "Le temps, la durée, l'exploration... Il peut rester trois jours sur un site, coucher sur place, revenir trois ans après..."
Le photographe confie dans le dossier de presse qu’il ne sait pas très bien pourquoi il s’est lancé dans ce projet. "Ce qui domine au fond, c’est l’attrait pour la beauté, la solitude dans la beauté, une beauté qui provoque et nourrit la pensée", dit-il. "Je photographie le paysage qui surgit ou pourrait disparaître sous la menace du temps (…), ce paysage originaire de nos cultures d’Europe", explique-t-il encore.
Il ne s’agit en aucun cas de faire de la photographie documentaire, précise-t-il : "Je recherche toujours l’image la plus parfaite."
Des photos exposées au mur et à l'horizontale
Lors de son travail pour la DATAR, en 1986, il a expérimenté le panoramique, et il a continué à photographier les paysages dans ce format.
Pour l’exposition du Centre de la Vieille Charité, Josef Koudelka a imaginé "un dispositif qui incarne une certaine idée de la promenade et qui reflète la conjugaison de l’horizontal –les forums, les places– et du vertical –les colonnes, les frontons– caractéristiques des grands sites".
Vingt tirages en grand format accrochés aux murs montrent les pavés romains mouillés de pluie, une plongée vertigineuse sur Pétra, les colonnes de Delphes.
Le projet se poursuit
Au sol répondent 39 photos installées sur des socles, comme des ruines posées ici et là. Plus loin, 180 autres images sont projetées en continu pour offrir "une perspective sur ce que nous n’avons pu exposer et qui sera découvert plus tard", dit Koudelka.
Le photographe regrette en effet "de n’avoir pu montrer qu’une faible part de la beauté" qu’il a vue. "Jamais sans doute un photographe n’aura observé autant de levers et de couchers de soleil, jamais autant regardé les constellations du ciel sur la nuit des temps", s’enorgueillit-il. Et le travail se poursuit, précise Koudelka. "Mon projet n'est pas achevé. S'achèvera-t-il ? Au long de toutes ces années de périple, jamais l'intérêt ne s'est érodé, toujours il s'est accru."
Né en 1938 en Tchécoslovaquie, Josef Koudelka a suivi les Gitans dans son pays, avant de photographier l’invasion des troupes du Pacte de Varsovie. Ces images de la fin du Preintemps de Prague, en août 1968, publiées anonymement, lui ont valu le prix Robert Capa. Il a travaillé sur les paysages industriels du nord de la France (pour la Datar), les mines d’Europe centrale, Beyrouth en ruines.
Vestiges 1991-2012, Koudelka, Centre de la Vieille Charité, 2 rue de la Charité, 13002 Marseille, 04-91-14-59-18
tous les jours sauf lundi, 10h-18h – ouverture exceptionnelle le lundi 15 avril
tarifs : 8 € / 5 €
Du 12 janvier au 15 avril 2013
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