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Les photos de Mapplethorpe dialoguent avec les sculptures de Rodin à Paris
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié le 11/04/2014 17:23
Mis à jour le 06/12/2016 06:30
"Je vois les choses comme des sculptures", disait Robert Mapplethorpe. Le musée Rodin a eu la bonne idée, au moment de l'exposition Mapplethorpe du Grand Palais, de confronter ses photos aux œuvres d'Auguste Rodin. 102 photos et 50 sculptures montrent de nombreuses correspondances, même si le souci de perfection du photographe fait paraître les sculptures bien plus vivantes que ses images
A gauche, 2014 Robert Mapplethorpe Foundation, Inc - A droite Paris, musée Rodin, ph. C. Baraja
La parenté est saisissante entre cet "Homme qui marche" de Rodin et ce corps tendu et sculptural photographié par Mapplethorpe, qui a fait disparaître les bras et la tête dans l'ombre, en faisant une statue antique tronquée.
(A gauche, 2014 Robert Mapplethorpe Foundation, Inc. - A droite © Paris, musée Rodin, ph. C. Baraja)
Les corps de Mapplethorpe et Rodin sont saisis dans leurs mouvements et les tensions qui sculptent les corps. Un buste cambré en arc du premier fait écho au "Grand torse de l'homme qui tombe" du second. Les femmes accroupies de Rodin dialoguent avec les photos de face, de dos et de profil d'Ajitto (1981) sur un tabouret.
(A gauche, Robert Mapplethorpe Foundation, Inc. - A droite © Paris, musée Rodin, ph. C. Baraja)
Voile blanc, ombre noire font écho à la lumière sur ce dos de bronze noir.
(A gauche, 2014 Robert Mapplethorpe Foundation Inc. - A droite © Paris, musée Rodin, ph C. Baraja)
Travaillant en noir et blanc, fasciné par les corps et les corps noirs en particulier, Robert Mapplethorpe juxtapose les deux tons, faisant jouer la lumière sur des jambes noires et blanches, faisant éclater une poire, le ventre de "Dovanna" enceinte. Si le noir et le blanc n'expriment pas chez Rodin la dualité entre bien et mal, à côté du plâtre, il fait jouer la lumière sur le bronze sombre.
(A gauche, 2014 Robert Mapplethorpe Foundation Inc. - A droite © Paris, musée Rodin, Photo C. Baraja)
Dans ses images, Mapplethorpe rend tellement bien la matière, le grain de peau, la texture des cheveux, qu'on aurait envie de les toucher comme on brûle de toucher une sculpture. Ses petits pains à la mie moelleuse ont l'air de sortir du four. Il a photographié un modèle couvert de terre, qui fait penser à une tête de Rodin mêlant plâtre et terre cuite.
(A gauche, 2014 Robert Mapplethorpe Inc - A droite © Paris, musée Rodin, photo C. Baraja)
L'érotisme est un thème essentiel chez les deux artistes, Mapplethorpe fasciné par les corps d'homme photographie sexes, fesses, en faisant des œuvres d'art. Rodin dessine et modèle des couples de femmes enlacés ou "Iris, messaghère des dieux", jambes écartées et sexe en évidence.
(A gauche, Robert Mapplethorpe Foundation, Inc. - A droite © Paris, musée Rodin, ph. C. Baraja)
Rodin aimait installer de petites figures dans des vases, faisant surgir des nus de pièces antiques. Mapplethorpe compose des natures mortes parfois incongrues mais aux lignes parfaites, un chou dans un bol, un couteau planté dans une pastèque, des boutons de coquelicots dans un vase…
(A gauche, 2014, Robert Mapplethorpe Foundation Inc. - A droite Paris, musée Rodin, photo C. Baraja)
Mapplethorpe et Rodin utilisent des tissus pour théâtraliser leurs sujets. Le photographe enroule ses modèles dans de la gaze chirurgicale, cache un corps derrière un rideau, joue là aussi sur le contraste entre le blanc d'une étoffe et un corps noir. Le sculpteur modèle ses nus avant de les draper dans des tuniques trempées dans du plâtre pour qu'on perçoive l'architecture des corps sous les vêtements.
(A gauche, 2014 Robert Mapplethorpe Foundation Inc. - A droite © Paris, musée Rodin, photo C. Baraja)
Les deux artistes s'attachent à des détails, des fragments de corps, isolant un pied, coupant un corps. Rodin collectionnait des fragments antiques. On est ébloui par les mains de Lucinda Childs prises par l'objectif de Mapplethorpe. La jambe de Lysa Lion qui traverse le cadre prend une dimension singulière. Dans un autoportrait de 1988, quelques mois avant sa mort, il a zoomé sur ses yeux clairs au regard sombre.
(A gauche, 2014 Robert Mapplethorpe Foundation, Inc. - A droite © Paris, musée Rodin, ph. C. Baraja)
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