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Léo Mirkine, le photographe des stars du cinéma en format carré

Une exposition est consacrée à Nice au photographe Léo Mirkine, auquel est également associé son fils Siki. A travers l'oeil de sa Rolleiflex, il a fixé l'image des plus grandes stars de cinéma à partir des années 30.

Article rédigé par Jean-François Lixon
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4min
Léo Mirkine et son Rolleiflex (DR)

Léo Mirkine, né à Kiev en 1910 et mort en 1982 et Yves, surnommé Siki, son fils né en 1934 et disparu en 1993, étaient tout deux photographes de plateau. Devant leurs objectifs, les plus grandes stars du cinéma de leur époque n'ont pas eu besoin de poser pour composer la meilleure image. Ils avaient le sens du moment autant que de la lumière. Une grande partie de leur travail a été réalisé à Nice, aux Studios de la Victorine. C'est dans cette ville qu'une exposition itinérante leur est consacrée dans le cadre du centenaire des fameux studios de tournage, à visiter jusqu'au 29 septembre.

L'exposition "La victorine dans l'oeil des Mirkine"
L'exposition "La victorine dans l'oeil des Mirkine" L'exposition "La victorine dans l'oeil des Mirkine"

Léo, photographe... et faussaire pour la Résistance

Mais si l'exposition est consacrée également à Siki qui a repris le flambeau, c'est son père Léo qui a créé la patte Mikine. Derrière les photos glamour signées de Léo Mikine, se cache une vie consacrée à l'image. Y compris dans les moments les plus difficiles. C'est ainsi que pendant la seconde guerre mondiale, le studio qu'il possédait à Nice sert à fabriquer des fausses pièces d'identité à destination des réseaux de résistance de la région. Alors qu'il est recherché par la Gestapo, Mirkine travaille sur tournage du film de Marcel Carné, Les Enfants du Paradis.

C'est d'ailleurs sur le plateau de ce film qu'il sera arrêté avant d'être envoyé au camp de Drancy. Il aura la chance de ne pas être déporté et il retrouvera la liberté en même temps que Paris sera libéré. Proche du parti communiste, il travaille pour quelques oeuvres de propagande et, à partir de 1946, il fait du festival de Cannes son plateau privilégié en plus de ceux des tournages.

Bardot et Mitchum

Parmi ses photos les plus célèbres, celles de Brigitte Bardot en 1956 sur le film qui allait la révéler au grand public Et Dieu Créa La Femme, de Roger vadim, et cette autre, magnifique, d'un Robert Mitchum en costume et chaussures de cuir esquissant un pas de danse sur le sable de la plage de Cannes, à quelques centimètres des vagues. Une image impossible dans le festival cadenassé qu'est devenu Cannes aujourd'hui.

Léo Mirkine travaillait auvec l'appareil réflex bi-objectif Rolleiflex, d'un format carré 6X6. La conception de l'appareil obligeait à baisser la tête pour composer la photo, cela permettait de déclencher sans forcément montrer au sujet qu'il allait être fixé sur la pellicule. Autre particularité, la position, tête baissée, comme pour marquer une espèce d'humilité artitique face à son sujet. La grande taille des négatifs, enfin, permettait des tirages de très bonne qualité, même pour de très grands formats.

Esprit d'indépendance

Le fils, Yves, connu sous son surnom de Siki, avait débuté en 1952 à 17 ans sur le tournage de Fanfan la Tulipe (de Christian Jaque avec Gérard Philipe), reprenant au pied levé le travail que son père, tombé malade, ne pouvait plus assurer. Il devait ensuite réorienter sa carrière tout en restant dans l'image et devenir l'un des grands chefs opérateurs français.

Ce qui fait la particularité des Mirkine, père et fils, c'est leur esprit d'indépendance. Ne voulant laisser à personne d'autre la tâche déterminante du traitement de leurs films et tirages, ils effectuent eux-mêmes tout le travail de laboratoire.

Prochaines dates de l'exposition itinérante La Victorine dans l’oeil des Mirkine  du 27 au 29 septembre, Studios de la Victorine (journées portes ouvertes)

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