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La leçon d'engagement du photographe de guerre Steve McCurry

En marge du salon Paris Photo qui se déroule à Paris jusqu'au dimanche 12 novembre, le photographe américain Steve McCurry a souligné que les reporters de guerre sont désormais "des cibles" et leur a recommandé de "garder une distance".
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2min
Le photographe américain Steve McCurry à Paris en décembre 2021. (JOEL SAGET / AFP)

Le métier de reporter de guerre "n'a jamais été aussi dangereux" et il faut "garder une distance" afin de "rester neutre" et "crédible", estime le photographe américain Steve McCurry, interrogé par l'AFP en marge du salon Paris Photo.

Le métier "n'a jamais été aussi dangereux"

Conflit entre Israël et le Hamas, guerre en Ukraine... "Je pense que la profession de reporter de guerre a considérablement changé... Ça n'a jamais été aussi dangereux qu'aujourd'hui", souligne le photographe de 73 ans, dont le portrait d'une jeune Afghane aux yeux verts a fait le tour du monde.

Le photographe américain Steve McCurry le 2 mars 2017 à Bruxelles (Belgique) à côté de la photo de la jeune Afghane qu'il a immortalisée et qui a fait le tour du monde. (DAMIEN CAUMIANT / BELGA MAG / AFP)


"Ce n'est pas juste vous en train de couvrir l'actualité, c'est vous et des milliers de gens qui font des vidéos et des photos", ajoute-t-il, évoquant la situation à Gaza et les images qui inondent internet "instantanément". À son époque, déroule-t-il, "une pellicule ou un papier pouvaient mettre des semaines avant d'arriver dans un journal".

Pour lui, les journalistes dans les zones de guerre sont devenus des "cibles", dont "les enlèvements ou les assassinats assurent une publicité" aux auteurs de ces crimes.

Pionnier en Afghanistan

Steve McCurry, photographe de l'agence Magnum depuis 1986, a été l'un des premiers à témoigner de la guerre en Afghanistan à la fin des années 1970, grâce à des pellicules cousues dans la tenue traditionnelle pachtoune qu'il portait pour traverser incognito la frontière avec le Pakistan, ce qui lancera sa carrière en tant que photojournaliste de guerre.

"Quelle que soit la situation, dit-il, je pense qu'il faut garder une distance, de la même manière que vous ne voudriez jamais prendre un pistolet. Il faut rester très prudent pour rester neutre, un honnête reporter, et ne pas être impliqué dans quoi que ce soit qui pourrait mettre en danger notre crédibilité. (...) Vous devez vous rappeler que c'est le métier que vous avez choisi, c'est important. Le monde doit savoir ce qui se passe. Sinon, qui va raconter l'histoire ?", poursuit-il.

Une exposition à Paris et un livre

Steve McCurry est au cœur d'une exposition à la galerie Polka, à Paris, jusqu'en janvier. Ses photos en couleurs prises "sur la route de l'Orient", en Inde, au Vietnam, au Cambodge ou en Chine, dans les années 1980, y dialoguent avec celles du photographe français Marc Riboud, en noir et blanc, réalisées à partir des années 1950.

En écho à ce qu'il nomme la "mission sacrée" des reporters et de tous ceux qui vivent pour leur engagement, il publie un ouvrage intitulé Dévotion (La Martinière).

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