L’artiste Zanele Muholi, porte-parole de l'oppression des personnes noires et LGBTQIA+ en Afrique du Sud, expose ses clichés à Paris
Près de 200 photographies, des vidéos et des archives… L'exposition présentée à la Maison européenne de la photographie (MEP), à Paris, remonte au tout début de la carrière de Zanele Muholi. Photographe non-binaire, l'artiste témoigne depuis plus de 20 ans, notamment à travers des autoportraits, des discriminations racistes et LGBTphobes dans la société sud-africaine. C'est la première fois qu'une rétrospective de son œuvre est présentée en France. Depuis son ouverture, elle rencontre un vif succès.
LGBTQIA+, cible de violences et de préjugés
Les regards sont intenses. La multitude de portraits de Zanele Muholi accrochés sur les murs de la MEP interpelle. Rendre visible et défendre ceux qui sont sous-représentés dans son pays, tels sont les objectifs de l'artiste originaire de Durban, qui se définit comme "activiste visuel·le". La vie de la communauté LGBTQIA+ (lesbienne, gay, bisexuel·le, transgenre, queer, intersexe, asexuel·le +) est au cœur de son travail artistique. "L'idée de cette série est inspirée par le fait que cette population subit beaucoup de violences. Il y a beaucoup d'atrocités", explique Laurie Hurwitz, commissaire de l'exposition.
A travers cette rétrospective, Zanele Muholi raconte les préjugés, les discriminations mais aussi la résistance des lesbiennes et des personnes transgenres à travers notamment des concours de beauté. Elle met en avant leur courage, leur dignité face aux humiliations subies.
La cause des femmes noires
La place de la femme noire, dans un pays qui a vécu plus de 40 ans d'apartheid (1948 - 1991), est l'autre cause défendue par Zanele Muholi, qui n'hésite pas à se mettre en scène. Dans ses autoportraits, Zanele Muholi a accentué la noirceur de sa peau pour affirmer son identité. Parmi ces photographies, un cliché fait référence à une pratique qui a traumatisé des générations de Sud-africains. "Il y a une image intéressante qui fait référence à quelque chose de très humiliant qu'on a fait pendant l'apartheid. On mettait des crayons dans les cheveux des personnes noires. Si les crayons tombaient, on était considéré comme blanc. S'ils restaient retenus par des cheveux crépus, on était classifié comme noir", rapporte Laurie Hurwitz. Ces œuvres militantes encouragent le public à s'interroger sur les idées reçues. Elles sont à découvrir jusqu'au 21 mai 2023.
Rétrospective Zanele Muholi
Maison européenne de la photographie, 5/7 rue de Fourcy, 75004 Paris
Exposition à voir jusqu'au 21 mai 2023, ouvert du mercredi au dimanche
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