"Je suis la première des enfants d'Emmaüs" : Annie Porte raconte son incroyable histoire avec l'abbé Pierre

Sa famille est la toute première à avoir bénéficié d'une maison construite par Emmaüs pour accueillir les plus démunis. Immortalisée en une de "Paris-Match", elle porte dans son cœur de nombreux souvenirs. Une histoire qui résonne encore plus 70 ans après le vibrant appel de l'abbé Pierre à l'hiver 1954.
Article rédigé par Odile Morain
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4min
Annie Porte regardant la photo d'elle enfant dans les bras de l'abbé Pierre publiée en février 1954 par Paris-Match. (FRANCE 3 NORMANDIE)

Il y a tout juste 70 ans, le 1er février 1954, l'abbé Pierre lançait son célèbre appel, créant ce qu'on appellera "l'insurrection de la bonté". Annie Porte, avait à peine 3 ans. Mais toute sa vie sera intimement liée à l'action de l'abbé Pierre.

En 1951, les parents d’Annie vivent sous une tente de fortune. Elle n'a que quelques mois lorsqu'ils rencontrent celui qui va changer leur vie. "Après guerre, mes parents n'avaient pas les moyens de prendre un logement. Prévenu par un prêtre qu'une famille vit sous une toile de tente, l'abbé Pierre construit une maison avec ses compagnons de Champs-Fleuris à Neuilly-Plaisance", raconte Annie Porte en commentant une photo de l'époque. Dès lors, toute la famille vient s'installer dans la première communauté d'Emmaüs en région parisienne et leurs destins seront liés à tout jamais. "Je suis la première-née des enfants d'Emmaüs", ajoute-t-elle avec émotion.

Chaque année, au 1er février, Annie Porte se rend Esteville en Seine-Maritime. C'est ici que le prêtre a été enterré en 2007. Le village normand a créé un lieu de mémoire où sont exposés des photos et des objets ayant appartenu à l'abbé Pierre.

première des enfants d'Emmaüs.
Rencontre avec Annie Porte, première des enfants d'Emmaüs. (FRANCE 3 NORMANDIE / N. Marot-Saferis / M. Chevalet / L. Durot / J. Matz)

Parmi les images qui ont marqué les esprits, il y a cette photo remplie de douceur et de bienveillance qui fait la une de Paris Match, le 13 février 1954. Blottie dans les bras de l'abbé Pierre, la petite Annie, alors âgée de trois ans, semble trouver le réconfort et la paix. À l’époque, cette photo qui symbolise l'action de l'abbé Pierre émeut les lecteurs, elle le propulse aussi au-devant de la scène. "Ça a été le début pour lui. Ça a marqué son histoire. Nous, on le considérait comme un père spirituel, mais aussi un grand-père. Il a marqué ma vie."

La photo d'Annie Porte dans les bras de l'abbé Pierre est exposée au Centre abbé Pierre d'Esteville (Seine-Maritime). (FRANCE 3 NORMANDIE)

Cette amitié profonde n'a jamais failli. Aujourd'hui, Annie Porte a plus de 70 ans, mais elle conserve en elle l'engagement que lui a transmis l'abbé Pierre. "Rien que pour lui, on n'a jamais voulu baisser les bras. Il fallait qu'on y arrive, c'était important. On voulait lui faire honneur. Tout ce qu'il avait fait pour moi, il fallait que ça continue", confie-t-elle.

Esteville, lieu de mémoire

Chaque année, l'ancien enfant d'Emmaüs se rend en pèlerinage à Esteville pour se recueillir sur la tombe de l'abbé Piere. "J'ai mon histoire ici aussi, j'ai des bons souvenirs avec lui", dit-elle avec émotion. Une histoire hors du commun qu’elle transmet en héritage aux futures générations et qui se poursuit grâce au Centre abbé Pierre-Emmaüs.

Ce lieu de mémoire présente le combat de l’abbé Pierre, son message et l’actualité de son œuvre tout au long de sa vie. C'est dans cette grande bâtisse que le prêtre aimait se ressourcer. Dans les années 1960 et 1970, il s’y rend régulièrement quand il n’est pas à l’étranger et dans les années 1990, il y réside en permanence.

Le parcours scénographique, à la fois simple et moderne, présente des affiches, des photos d'archives, mais aussi des objets personnels. La chambre de l'abbé Pierre, conservée dans son état d’origine, fait partie de la visite.

En ce moment et jusqu'au 10 avril 2024, à l’occasion du 70e anniversaire, une exposition temporaire retrace l’histoire de la mobilisation de l’hiver 1954.

Le centre abbé Pierre d'Esteville est ouvert tous les jours de 10h à 18h.

Tarif : 6 euros/4 euros

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.