Carlos Ayesta & Guillaume Bression Prix Découverte à Arles pour leur retour à Fukushima
Le Vénézuélien Carlos Ayesta et le Français Guillaume Bression ont remporté le Prix Découverte des Rencontres d'Arles avec la galerie parisienne 247 qui les représente, pour leur projet Fukushima. En mars 2011, juste après le séisme qui avait provoqué une catastrophe nucléaire majeure, ils s'étaient rendus sur place et avaient été frappés par le no man's land autour de la centrale : dans la zone qui l'entoure, le temps semblait s'être interrompu, après le départ en urgence de 80.000 sinistrés.
A partir de là, ils ont développé un projet artistique, sur les villes et les campagnes vidées de leurs habitants et l'atmosphère étrange qui s'y est installée.
Dans la zone interdite, la nature a repris ses droits : en 2014 les deux photographes surprennent, sous un ciel de fin du monde, un quai de gare presque entièrement submergé par la végétation, à 5 km de la centrale nucléaire. Plus loin, une voiture abandonnée sur un parking est engloutie dans la verdure, on devine à peine le toit et le haut des vitres qui surnagent encore. Ailleurs, c'est une maison ou une route qui sont progressivement grignotées.
Témoignages de sinistrés
En ville, des maisons ébranlées par le tremblement de terre sont restées en déséquilibre. Une salle de jeu trône, fantomatique, dans la nuit.Carlos Ayesta et Guillaume Bression varient les points de vue, alternant constat documentaire et mise en scène, paysages, portraits, natures mortes (des produits périmés retrouvés dans un supermarché). Ils se sont rendus avec des habitants dans leurs maisons dévastées et ont recueilli leurs témoignages, qui accompagnent les images. Une femme, accablée dans sa cuisine, raconte qu'elle a perdu toute énergie, ou cette autre, assise par terre au milieu d'une pièce sens dessus dessous, exprime le côté étrange de la situation.
Sélectionnés parmi ceux de près de 200 candidats du Prix Découverte, dix projets, dont celui du duo finalement primé, avaient été retenus et sont exposés à Arles, dans les anciens ateliers SNCF rachetés et rénovés par la fondation Luma.
Une acquisition d'un montant de 20.000 euros récompense les gagnants : les œuvres ainsi achetées intègrent la collection des Rencontres d'Arles.
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