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Berenice Abbott, photographe éclectique, au Jeu de Paume

Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Pour la première fois, Paris offre une rétrospective à la photographe américaine Berenice Abbott, femme indépendante et moderne qui a saisi dans son objectif la poussée des gratte-ciel à New York dans les années 1930 mais aussi la plasticité des phénomènes physiques.

Née en 1898 dans l'Ohio, décédée en 1991, Berenice Abbott a traversé le XXème siècle, photographiant pendant plus de soixante ans des sujets atypiques et variés. Le Jeu de Paume présente jusqu'au 29 avril plus de 120 photographies de l'artiste passée du portrait de studio à Paris dans les années 1920 à la photographie documentaire à Manhattan et dans des zones rurales pour terminer avec la photographie scientifique.

Après Lee Miller, Lisette Model, Claude Cahun et Diane Arbus, le Jeu de Paume met une nouvelle fois une femme photographe à l'honneur. "Je souhaite privilégier la visibilité des artistes femmes. C'est une mission que je me suis donnée", assume Marta Gili, directrice de cette institution dédiée à la photographie.

Paris années folles
Fille du Middle West, élevée par sa mère divorcée, Berenice Abbott commence des études de journalisme avant de tout lâcher pour rejoindre New York et les milieux artistiques de Greenwich Village. Elle étudie la sculpture, rencontre Marcel Duchamp et Man Ray - qui réalisera d'elle quelques années plus tard un portrait où elle fixe l'objectif de ses grands yeux clairs, avec une coupe à la garçonne qui ne la quittera pas.

En 1921, elle met le cap sur Paris, rejoignant la petite communauté américaine qui s'épanouit outre-Atlantique. L'artiste surréaliste Man Ray a besoin d'un assistant pour son studio photo. Elle se lance, apprend aisément la technique. Sur son temps libre, elle se met elle-même à la photographie et finit par créer son propre studio en 1926.

Elle capture dans son objectif Jean Cocteau, James Joyce, mais aussi des femmes de caractère aux cheveux coupés courts et à l'allure androgyne.

Elle rencontre et photographie Eugène Atget peu avant sa mort en 1927. Elle se passionne pour son oeuvre, rachète son fonds photographique qu'elle ramène aux Etats-Unis, contribuant à faire connaître son travail documentaire par une exposition et un livre.

Gratte-ciel et physique
De retour à New York en 1929, Berenice Abbott est frappée par les transformations de la ville, aspirée par la verticalité. Les gratte-ciel poussent comme des champignons, à côté de petits bâtiments, offrant de saisissants contrastes. Elle documente ces transformations dans un album mais le projet n'aboutit pas, faute d'argent.

Sa véritable chance lui sera donnée en plein New Deal grâce à une commande du Federal Art Project (FAP) lui demandant de photographier la ville en mouvement. Elle produit "Changing New York" (1935-1939). "Un des moments les plus heureux de ma vie car j'ai pu me concentrer", a expliqué Berenice Abbott, qui a d'autre part enseigné la photographie pour gagner sa vie.

Toujours curieuse, elle se passionne pour la photographie scientifique, développant des techniques et des matériels pour saisir l'impalpable. En 1958, en pleine guerre froide, alors que l'Amérique cherche à stimuler l'appétit des jeunes Américains pour la science, Berenice Abbott persuade le MIT (Massachussetts Institute of Technology) de lui confier les illustrations photographiques des nouveaux manuels scolaires de physique.

"Art Sexual Orientation" - Berenice Abbott - (non daté)
 (AP/SIPA)
"Travel Trip Maine Hopper and More" - Berenice Abbott - 1936
 (AP/SIPA (courtesy of Colby College))

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