600 degrés : 18 mois après les incendies dévastateurs en Gironde, un collectif de photographes documente la nature brûlée vive
Le pied sur l'épaule, les boîtiers et les objectifs dans un sac en bandoulière, Alexandre Dupeyron et Joël Peyrou sillonnent régulièrement le domaine d'Hostens depuis les incendies de l’été 2022. Ils traquent l'image parfaite. Dans cette forêt qui compte encore quelques arbres, de petites plantes repoussent progressivement. La nature brûlée vive renaît peu à peu de ses cendres.
Le sol se consume encore
"On a toujours un paysage de forêt ici, ce qui n'est pas forcément le cas dans les autres zones incendiées", explique Alexandre Dupeyron. "On a des souches, on a des mousses, on a du dénivelé, on a beaucoup d’eau. Il y a aussi des fumerolles".
Des fumerolles. Il suffit de quelques minutes de marche pour en apercevoir. Le sol se consume encore dans cette ancienne carrière de lignite. "C’est une fumée qui est compliquée à saisir, témoigne à son tour Joël Peyron. On est à 18 mois des incendies de 2022 et le feu est là".
600 degrés comme la température du sol à Hostens
Les deux photographes font partie du collectif LesAssociés. Alors que l'actualité médiatique s'en est allée sur d'autres fronts, que les incendies de La Teste et de Landiras ne font plus la une des journaux, ce groupe de sept photographes (qui comprend également Elie Monferier, Alban Dejong, Olivier panier des Touches, Michaël Parpet et Hervé Lequeux) a décidé de prendre le temps d'interroger cet épisode et de relater les histoires de celles et ceux qui ont vécu ces événements historiques.
Entre deux coups d'œil dans le viseur, et quelques clichés en immersion, Alexandre Dupeyron prend le temps d'expliquer ce projet baptisé 600 degrés comme la température du sol à Hostens. "Ce qui nous intéresse c’est de se dire que le phénomène face auquel on se retrouve n’est pas anecdotique et qu’il est quelque part assez représentatif des enjeux sociétaux et environnementaux auxquels on doit faire face".
Certains d’entre-nous ont travaillé sur la renaissance du végétal, d’autres ont pu travailler le portrait, la question du témoignage, la question du deuil qui peut être liée à ces situations post-traumatiques après un sinistre d’une telle ampleur.
Alexandre Dupeyronmembre du collectif LesAssociés
Le travail en cours et les photographies déjà réalisées, sont actuellement exposés à l’espace Saint Rémi à Bordeaux. Dans ce récit choral, s'entremêlent diverses écritures photographiques et artistiques. L'exposition se tient jusqu'au 17 mars 2024. Un livre et un film photographique seront présentés au public en 2025. Un travail de mémoire nécessaire pour ce territoire où près de 29 000 hectares de forêt ont brûlé.
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