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Philippines, archipel des échanges au Musée du quai Branly
Statues de bois noir représentant les divinités du riz, fines broderies, bijoux en or sophistiqués: la richesse et la diversité de l'art préhispanique philippin se révèlent dans une grande
exposition au musée du quai Branly qui ouvre mardi au public.
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"Philippines , Archipel des échanges", qui a été inaugurée lundi soir par le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, et le vice-président philippin Jejomar Binay, présente quelque 370 pièces, provenant du musée français mais aussi des Philippines, des Etats-Unis et d'Europe.
Les Philippines ont accepté de prêter plusieurs pièces très anciennes classées "Trésor national". Préparée de longue date, l'exposition a été facilitée sur le plan des prêts d'objets par la visite de Jean-Marc Ayrault aux Philippines en octobre dernier.
"Il s'agit de la plus grande exposition jamais présentée en Europe sur la culture philippine avant la colonisation espagnole au XVIe siècle", déclare à l'AFP Corazon Alvina, anthropologue et ancienne directrice du National Museum of the Philippines.
Au point de départ: de l'exposition : un ensemble d'une trentaine de sculptures de divinités du riz, provenant de la Cordillère de Luçon, tout au Nord des Philippines . Une zone de rizières en terrasses, classées au patrimoine mondial de l'Unesco. Ces sculptures Ifugao sont sorties des greniers au moment des récoltes et réactivées par un maître des rituels, chargé de communiquer avec les esprits.
La magie a énormément d'importance dans cette société animiste, comme le montrent de menaçants fétiches de vengeance, faits de crâne de crocodile, de serres d'oiseau de proie et de plumes noires.
Chasseurs de têtes
Chez ces populations guerrières, la chasse aux têtes humaines, pratiquée jusqu'à l'arrivée des Américains au début du XXe siècle, était un acte ritualisé et complexe. "On acquérait un certain prestige le jour où on avait rapporté une tête. C'était comme un rite de passage", explique Constance de Montbrison, responsable des collections insulinde au musée du quai Branly et co-commissaire de l'exposition.
Chez ces populations guerrières, la chasse aux têtes humaines, pratiquée jusqu'à l'arrivée des Américains au début du XXe siècle, était un acte ritualisé et complexe. "On acquérait un certain prestige le jour où on avait rapporté une tête. C'était comme un rite de passage", explique Constance de Montbrison, responsable des collections insulinde au musée du quai Branly et co-commissaire de l'exposition.
Dans les Hautes terres de Mindanao, au Sud des Philippines , les pratiques artistiques se sont focalisées sur l'ornement du textile. Les guerriers étaient autorisés à porter des foulards rouges à motifs si ils avaient ramené au moins une tête. "Plus le foulard était foncé, plus cela signifiait qu'il avait ramené des têtes", explique Mme de Montbrison.
"Ce sont des sociétés où l'on montre les signes extérieurs de pouvoir, de force", ajoute-t-elle, en présentant une série de costumes d'apparat à perles ou grelots.
Cap sur la mer: l'archipel est au coeur d'une dynamique d'échanges maritimes. Les jonques venues de Chine apportent les céramiques, les céladons, les jarres.
Les Philippines préhispaniques connaissent un âge d'or entre les IXe et XIIIe siècles. A l'époque, les artisans philippins sont réputés pour leur travail de l'or: bijoux sophistiqués mais aussi masques que l'on mettait sur le visage des défunts importants.
Diffusé par les marchands, l'islam pénètre au Sud des Philippines à la fin du XIVe siècle. Avec les sultanats (Sulu, Mindanao), "on ne représente plus la figure humaine. On est dans le monde de l'arabesque, de la célébration de la nature", souligne Mme de Montbrison.
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