Van Gogh à Auvers-sur-Oise, en expo à Orsay : "Une réunion exceptionnelle qui, probablement, ne sera plus jamais faite"
C'est une exposition très attendue qui s'ouvre mardi 3 octobre au musée d'Orsay à Paris. Van Gogh à Auvers-sur-Oise réunit près des deux tiers des tableaux peints par l’artiste dans les semaines précédant son suicide. Pendant 70 jours, entre le 20 mai et le 29 juillet 1890, alors qu'il vivait à Auvers-sur-Oise, Vincent Van Gogh a peint 74 tableaux, dont 45 sont exposés. Il a aussi réalisé une trentaine de dessins, une vingtaine sont ici présentés.
Jamais autant d’œuvres de la période d’Auvers-sur-Oise n’ont été réunies, explique le président du musée d’Orsay, Christophe Leribault : "Le véritable challenge, c'était de rassembler les tableaux mêmes qu'il a peints quotidiennement pendant ces deux derniers mois. Des tableaux peut-être parfois moins connus que ceux de Saint-Rémy ou d'Arles, moins colorés aussi. Il expérimente dans un nouveau climat de nouvelles compositions. Il continue de se battre continuellement avec la toile, et c'est vraiment ce qui émerge lorsqu'on parcourt l'exposition."
Quatre années ont été nécessaires pour organiser cette exposition, avec des négociations tableau par tableau, pour convaincre les prêteurs, musées ou particuliers. "C'est la première fois qu'on réunit, sur cette période qui réunit 74 tableaux seulement, plus de 45 tableaux qui viennent de tous les coins du monde, développe Emmanuel Coquery, le commissaire de l’exposition. Des tableaux souvent fragiles, que les musées ne veulent pas prêter, car une œuvre de Van Gogh, ça ne se prête pas, c'est trop important. C'est donc vraiment une réunion exceptionnelle qui, probablement, ne sera plus jamais faite."
"Toute la peinture de Van Gogh" dans ces derniers tableaux
Van Gogh cherche et innove : à Auvers-sur-Oise, il peint les maisons aux toits de chaume, l’église sur un ciel bleu profond, les fermes alentours, mais aussi des portraits qui, dit-il, lui donnent accès à l’infini et bien sûr des paysages comme Le Champ de blé aux corbeaux, devenu une icône et que l’on n’avait pas vu en France depuis 1953. "C'est un tableau dans lequel, comme dit Van Gogh lui-même, il a voulu exprimer un sentiment de solitude extrême", décrypte Emmanuel Coquery. Un sentiment frappant "par l'image de ces corbeaux noirs qui s'échappent de ces champs de blés jaunes. On a toute la peinture de Van Gogh dans ce tableau, la furie de la touche, l'intensité de la couleur et le choc des contrastes !"
Le Champ de blé aux corbeaux est un des onze tableaux de paysages, au format dit en double carré, exceptionnellement réunis. L’ultime toile de Van Gogh, Racines d’arbres, exposée pour la première fois en France, en fait aussi partie. Pour accueillir ces chefs d'œuvre, le musée d’Orsay a réalisé des aménagements exceptionnels. "On a un peu poussé les murs, par rapport à l'expérience des expositions passées", détaille Christophe Leribault. "L'espace est beaucoup plus grand, les œuvres plus espacées, accrochées plus haut, de façon à ce que la circulation soit aisée. C'est tellement exceptionnel d'avoir pu réunir ces œuvres qu'on espère vraiment que ce soit un émerveillement."
Outre la contemplation de chef d’œuvres, l’exposition offre aux visiteurs différentes expériences pour les familiariser avec la peinture de Van Gogh. "On a une salle qui explique de façon très pédagogique comment il travaille la couleur, comment il utilise le relief de la touche, indique Emmanuel Coquery. Et puis, il y a une expérience de la réalité virtuelle, à la fois didactique et poétique, qui, à partir de la palette – car on a conservé une des palettes de Van Gogh de cette époque – nous emmène dans un voyage initiatique dans la touche, la couleur." Un voyage plus convaincant que le dialogue avec Van Gogh, proposé par une borne d’intelligence artificielle. L’avatar de l’artiste n’a pas encore la réponse à toutes les questions des visiteurs.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.