Un artiste détériore une toile de Rothko au Tate Museum de Londres
"La Tate peut confirmer qu'il y a eu un incident, un visiteur a détérioré une des toiles (de la série) Seagram de Rothko en lui appliquant un peu de peinture noire à l'aide d'un pinceau", a déclaré tout d'abord une porte-parole du musée.
Il s'est en réalité avéré que c'est une inscription au marqueur qui est apparue sur l'oeuvre : "Vladimir Umanets, a potential piece of yellowism". L'auteur serait donc ce fameux Vladimir, qui avec Marcyn Lodyga est le créateur du mouvement yellowiste. Il n'a pas vraiment expliqué son geste, évoquant simplement des antécédents à celui-ci. En effet, les artistes Marcel Duchamp et Damien Hirst avaient déjà signé par le passé des oeuvres qu'ils n'avaient pas réalisées. Agé de 26ans, le jeune homme a été arrêté et placé en garde à vue.
Cette démarche ne semble donc pas être destructrice mais conceptuelle, et s'inscrit parfaitement dans la ligne de conduite, assez obscure, du Yellowisme. Vladimir Umanets nie en tout cas avoir détérioré la toile, et affirme même lui avoir apporté de la valeur. Ce qui, vu le scandale provoqué, risque de se révéler exact.
En 1958, les architectes de la tour Seagram avaient commandé ces tableaux pouvant mesurer jusqu'à 2,66 m sur 4,57 m pour décorer les murs du restaurant Four Seasons au rez-de-chaussée de ce gratte-ciel situé au coeur de Manhattan. Mais Rothko avait décidé d'annuler cette commande. Il avait restitué les sommes perçues et avait fait don, notamment à la Tate, des toiles déjà réalisées. Les oeuvres offertes à ce musée étaient arrivées à Londres le 25 février 1970, le jour-même où l'artiste, alors âgé de 66 ans, s'est suicidé.
Technique caractéristique de Rothko, un peintre d'origine russe, ces toiles représentent des aplats abstraits de couleurs associant parfois de l'orange lumineux à un ton chocolat, pour aboutir à une palette plus sombre de variations autour du noir. La Tate détient, avec le MoMa (Museum of Modern Art) de New York, le plus grand nombre d'oeuvres de Rothko.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.