Cet article date de plus de six ans.
Syrie : après la guerre, la peinture comme un baume
Plus grand camp de réfugiés palestiniens de Syrie, Yarmouk est devenu au fil des décennies un quartier populaire de Damas. Aujourd'hui, des artistes s'y expriment via la peinture, un moyen d'exorciser une guerre longue et meurtrière.
Publié
Mis à jour
Temps de lecture : 4min
À environ cent mètres de sa maison en ruine, Abdallah el-Hareth pose son chevalet devant un paysage apocalyptique, en plein cœur du quartier populaire de Yarmouk à Damas, dévasté par des années de combats. Ce jeune homme de 21 ans fait partie d'un groupe de 12 étudiants des Beaux-Arts qui ont tenté, pendant une semaine, de coucher sur la toile les années de souffrances causées par les violences et un siège implacable.
En mai, les forces du régime de Bachar al-Assad l'ont repris aux jihadistes. Tenu autrefois par des rebelles, le quartier était tombé en 2015 aux mains du groupe Etat islamique (EI). "J'ai eu la gorge nouée quand je suis revenu dans le camp", confie à l'AFP Abdallah el-Hareth, lui-même originaire de Yarmouk comme d'autres étudiants qui participent à cette initiative organisée à la mi-août par une ONG locale.
En mai, les forces du régime de Bachar al-Assad l'ont repris aux jihadistes. Tenu autrefois par des rebelles, le quartier était tombé en 2015 aux mains du groupe Etat islamique (EI). "J'ai eu la gorge nouée quand je suis revenu dans le camp", confie à l'AFP Abdallah el-Hareth, lui-même originaire de Yarmouk comme d'autres étudiants qui participent à cette initiative organisée à la mi-août par une ONG locale.
"Toute lueur de vie est une victoire face à la mort"
"Au début, je n'arrivais pas à dessiner. Mais j'ai réalisé que toute lueur de vie est une victoire face à la mort", ajoute le jeune homme. Au milieu des immeubles dévastés, les jeunes artistes se penchent sur leur chevalet, armés de pinceaux, d'une palette de couleurs et de crayons. La désolation ambiante suscite une créativité éclectique. Certaines toiles arborent des couleurs chatoyantes, mais sur d'autres les tons sombres l'emportent. Sur un des tableaux en devenir, le gris domine, et seuls les traits vagues d'un homme en émergent.
Sur le tableau d'Abdallah el-Hareth, réalisé en trois jours, un enfant semble sortir de terre avec une pomme rouge entre les mains. "C'est en allusion à la vie qui rejaillit. J'ai assisté en vrai à une scène où des enfants munis de pommes jouaient sur d'anciens terrains de guerre", explique l'artiste.
L'histoire de Yarmouk est à l'image du conflit qui ravage la Syrie depuis 2011, et qui a fait plus de 350.000 morts et poussé à l'exil des millions de personnes.
Sur le tableau d'Abdallah el-Hareth, réalisé en trois jours, un enfant semble sortir de terre avec une pomme rouge entre les mains. "C'est en allusion à la vie qui rejaillit. J'ai assisté en vrai à une scène où des enfants munis de pommes jouaient sur d'anciens terrains de guerre", explique l'artiste.
L'histoire de Yarmouk est à l'image du conflit qui ravage la Syrie depuis 2011, et qui a fait plus de 350.000 morts et poussé à l'exil des millions de personnes.
Avant le début de la guerre, le camp abritait quelque 160.000 réfugiés palestiniens, ainsi que des Syriens, selon l'Agence de l'Onu pour les réfugiés palestiniens (Unrwa).
En 2012, de violents combats entre rebelles et forces du régime ont poussé quelque 140.000 personnes à fuir, selon l'Onu. Le régime a ensuite imposé un siège implacable, plongeant des milliers de personnes dans un dénuement total. Après la reconquête du camp par l'armée de Damas, l'association caritative "Nour" ("lumière", en arabe) a lancé son initiative artistique, appelée "herbe". "La vie renaît au milieu des décombres, comme l'herbe qui pousse entre les rochers", explique un responsable de l'ONG, Moustafa Abou al-Jad.
Hinaya Kebabi, 22 ans, a elle décidé de peindre un enfant ayant perdu un oeil, et qui dissimule sa blessure par une feuille sur laquelle est dessiné un œil. Les toiles ont été exposées le 18 août à l'entrée du quartier complètement désert. Un public limité a pu faire le déplacement.
Sur un des tableaux, un homme squelettique est recroquevillé sur lui-même, en allusion aux souffrances physiques et psychologiques endurées par les habitants.
En 2012, de violents combats entre rebelles et forces du régime ont poussé quelque 140.000 personnes à fuir, selon l'Onu. Le régime a ensuite imposé un siège implacable, plongeant des milliers de personnes dans un dénuement total. Après la reconquête du camp par l'armée de Damas, l'association caritative "Nour" ("lumière", en arabe) a lancé son initiative artistique, appelée "herbe". "La vie renaît au milieu des décombres, comme l'herbe qui pousse entre les rochers", explique un responsable de l'ONG, Moustafa Abou al-Jad.
Hinaya Kebabi, 22 ans, a elle décidé de peindre un enfant ayant perdu un oeil, et qui dissimule sa blessure par une feuille sur laquelle est dessiné un œil. Les toiles ont été exposées le 18 août à l'entrée du quartier complètement désert. Un public limité a pu faire le déplacement.
Sur un des tableaux, un homme squelettique est recroquevillé sur lui-même, en allusion aux souffrances physiques et psychologiques endurées par les habitants.
Une initiative critiquée sur les réseaux sociaux
Sur les réseaux sociaux, l'initiative a été critiquée, certains internautes la jugeant "provocatrice", au vu de la frustration des habitants qui ne sont toujours pas rentrés chez eux.
"Le camp n'est pas un lieu romantique ou un espace pour le dessin. C'est un lieu de douleurs et de souffrances", s'insurge Abir Abbassiyeh, 28 ans, qui a vu les photos de l'exposition circuler sur la Toile. "Si seulement les habitants étaient autorisés à retourner dans leurs maisons comme ces peintres ont pu pénétrer dans le camp et dessiner", ironise-t-elle.
Mais Mohamad Jalbout, originaire du camp et un des responsables du projet, défend l'initiative. "Nous avons tous des maisons ici", rétorque-t-il. "Personnellement, je n'y suis pas retourné et je n'ai même pas pu l'inspecter. Mais on essaye à travers l'art au moins d'insuffler un peu de vie à cet endroit."
"Le camp n'est pas un lieu romantique ou un espace pour le dessin. C'est un lieu de douleurs et de souffrances", s'insurge Abir Abbassiyeh, 28 ans, qui a vu les photos de l'exposition circuler sur la Toile. "Si seulement les habitants étaient autorisés à retourner dans leurs maisons comme ces peintres ont pu pénétrer dans le camp et dessiner", ironise-t-elle.
Mais Mohamad Jalbout, originaire du camp et un des responsables du projet, défend l'initiative. "Nous avons tous des maisons ici", rétorque-t-il. "Personnellement, je n'y suis pas retourné et je n'ai même pas pu l'inspecter. Mais on essaye à travers l'art au moins d'insuffler un peu de vie à cet endroit."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.