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Rome expose Le Tintoret

Rome consacre une grande exposition au maître vénitien Le Tintoret, grand rival du Titien, aux Ecuries du Quirinal (jusqu'au 10 juin 2012).
Article rédigé par franceinfo - Valérie Oddos avec AFP
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Temps de lecture : 2min
Le Tintoret, La Cène, 1568-69
 (Venise, Eglise de San Polo, Curia Patriarcale di Venezia)

Le Tintoret (1519-1594) était décrit par son contemporain Giorgio Vasari, historien de l’art, comme « le cerveau le plus formidable que la peinture ait jamais connu ».

"Le Tintoret fut le peintre le plus discuté de son époque. Sa manière expérimentale de peindre, sa rapidité d'exécution et son aspect prolifique, son caractère agressif et compétitif suscitèrent des réactions contrastées chez ses contemporains", raconte Melania Mazzucco, spécialiste du peintre.

Un élève du Titien qui révolutionne la peinture de la Renaissance
Le Tintoret, de son vrai nom Jacopo Robusti, doit son surnom (il tintoretto, le petit teinturier) à son père, dont c’était le métier. Elève du Titien, le peintre se fait rapidement remarquer par sa maîtrise des couleurs et des ombres et son rendu de la matière. Il s’inscrit ainsi parmi les grands de la Renaissance vénitienne.

Le Tintoret, Susanna et les vieillards, c.1555
 (Vienne, Kunsthistorisches Museum)

Le visiteur est accueilli dans les Ecuries du Quirinal par une œuvre monumentale de 4,16 m sur 5,44, « Le Miracle de l’esclave » (1548), considéré par les organisateurs comme une icône de la modernité. Le choix du Tintoret de mettre au centre du tableau l’esclave et non le saint qui le fait échapper à la torture fut source de polémique et de scandale à l’époque.

Après la rigueur mathématique, le chaos
La composition architecturale du « Vol du corps de saint Marc » (1564) marque une autre révolution : un groupe de chrétiens d’Alexandrie, sous un ciel menaçant strié d’éclairs, enlève le corps du saint du bûcher qui s’est éteint grâce à une pluie miraculeuse.

Loin des canons mathématiques de la Renaissance, Le Tintoret  propose dans sa « Cène » un tableau chaotique où les corps torturés semblent s'enchevêtrer les uns les autres.

L'élève du Titien ne manque pas de rendre hommage à son maître lorsqu'il  nous offre une plantureuse Vénus entièrement dénudée regardant d'un oeil  énamouré son petit Cupidon.

Le Tintoret, Vénus, Vulcain et Cupidon, 1550-55, Florence, Galerie Palatine
 (Istituti Museali della Soprintendenza Speciale per il Polo Museale Fiorentino Su concessione del Ministero per i Beni e le Attività Culturali)

Outre les sujets religieux et mythologiques, Le Tintoret a peint des centaines de portraits d’aristocrates, d’écrivains ou de célébrités en vêtements austères sur un fond neutre.

L’exposition rassemble une cinquantaine d’œuvres représentatives du travail du Tintoret. Elles sont accompagnées de quelques tableaux de ses contemporains, vénitiens ou d’ailleurs.

L’orgueil du peintre était légendaire : il refusa que le roi de France Henri III le fasse chevalier pour ne pas avoir à s’agenouiller devant lui.

Les dernières années sont cruelles pour le peintre, qui perd en 1590 sa fille bien aimée Marietta, puis son fils et disciple Giovanni Battista. Son dernier autoportrait le montre sombre, le visage marqué par les épreuves.

"Le Tintoret " aux Ecuries du Quirinal, Rome, du 25 février au 10 juin
 

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