Raymond Rochette (1906-1993) instituteur et peintre est né au Creusot, à deux pas des usines Schneider. S'il est mort à 87 ans dans la maison même qui le vit venir au monde, ce n'est pas un hasard. Après avoir peint la nature et les objets du quotidien, le peintre s'est de plus en plus intéressé à l'homme au travail. Et au Creusot, l'homme au travail est le plus souvent ouvrier et le plus souvent chez Schneider. Il ne s'est donc vraiment éloigné de sa région que pour son service militaire au Maroc.Peinture dépolitisée du monde ouvrierAprès avoir attendu des années à l'entrée de l'usine, il a enfin obtenu l'autorisation d'y poser son chevalet. Quoique son inspiration soit sociale, son oeuvre est loin du réalisme qui avait cours dans les pays communistes de la même époque. La représentation de l'effort de l'homme dans le contexte industriel ne sert pas une idéologie. L'effort est représenté dans toute sa violence, le geste dans toute sa précision et l'usine sidérurgique dans ses couleurs allant du gris aux couleurs les plus chaudes. Des couleurs qui ne sont parfois que refletées par les visages des travailleurs peints par Rochette.Reportage : France 3 Bourgogne M. Gillot / C. Lepoittevin / C. Gavignet Au fil du temps, le peintre s'est rapproché de ses modèles. Une rétrospective comme celle proposée à l'écomusée Creusot-Montceau est précieuse car elle permet de suivre l'évolution du geste artistique comme de l'inspiration, d'écouter en quelque sorte la voix de l'artiste nous dire son chemin. Elle permet aussi de se rendre compte d'une réalité aujourd'hui quasiment disparue, l'enfer quotidien de ces hommes qui passaient leur vie dans un monde de métal en fusion. Une oeuvre comme un témoignage.