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"Le Christ moqué" de Cimabue mis aux enchères : "On se dit qu’on peut avoir des trésors chez soi sans le savoir"

Le tableau du maître italien, estimé entre 4 et 6 millions d'euros, a été retrouvé début juin lors d'un inventaire dans la maison d'une vieille dame dans les environs de Compiègne avant d'être expertisé. 

Article rédigé par Sandrine Etoa-Andegue
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
"Le Christ moqué", du peintre florentin Cenni di Pepo, dit "Cimabue". (PHILIPPE LOPEZ / AFP)

Y'a t-il des trésors cachés dans vos greniers ? C'est la question que pose l'histoire incroyable du "Christ moqué", un tableau de maître sauvé des poubelles in extremis et vendu aux enchères dimanche 27 octobre à Senlis, dans l'Oise. Cette oeuvre exceptionnelle signée du grand peintre italien Cimabue, est estimée entre 4 et 6 millions d'euros.

Le petit tableau en bois a été découvert dans une maison à vendre lors d'un banal inventaire mené par Philomène Wolf, commissaire-priseur de l'hôtel des ventes Actéon, à Compiègne. "Les nouveaux propriétaires ne voulaient absolument pas des objets qui étaient encore dans cette maison et leur but étaient vraiment d'effectuer un gros débarras de ce qu'il restait, raconte-t-elle. Parmi ces objets, beaucoup d'objets courants et classiques, mais aussi ce petit tableau "accroché dans cette maison d'architecte moderne, au-dessus du bar de la cuisine américaine", se souvient-elle.

Ce tableau était considéré par la famille comme un objet de dévotion, transmis de génération en génération, une icône tout simplement, mais absolument pas une attribution à un artiste primitif italien aussi important que Cimabue.

Philomène Wolf, commissaire-priseur

à franceinfo

Après quatre mois d'analyses scientifiques et un long travail d'équipe avec le cabinet Turquin à Paris, la peinture du XIIIe siècle est attribuée au grand peintre italien avec certitude. L'histoire incroyable de ce chef d'œuvre caché a défrayé la chronique. Il fascine les curieux et amateurs d'art venus l'admirer dans le salon d'honneur de l'hôtel de ville de Compiègne. "On se dit qu’on peut avoir des trésors comme ça chez soi sans le savoir", confie une visiteuse. "C'est une chance de trouver un objet de 800 ans si bien conservé alors qu'il était dans un lieu privé", s'émerveille un passionné.

"On révèle des objets tout le temps !"

C'est pour ce genre de surprises que le commissaire-priseur Dominique Lecoënt, fondateur du groupe Actéon, exerce ce métier. "Ce qui me fait me lever le matin en tant que commissaire-priseur, explique-t-il, c'est toujours l'espérance de trouver quelque chose. Donc, quand on tombe sur la douzième œuvre de Cimabue, qui est un peintre mythique pour la peinture occidentale, évidemment qu'on est transcendé. Je conseille à toutes les personnes qui ont des objets d'aller voir les commissaires-priseurs. C'est notre métier : on fait des expertises qui sont gratuites et on révèle des objets tout le temps !"

"Il m'est déjà arrivé, se souvient-il, il n'y a pas tellement longtemps, de trouver un tableau. La famille était en train de le vendre à 10 000 euros et je l'ai vendue 380 000 euros. Il est aujourd'hui à la National Gallery de Washington. Cela démontre justement la formidable richesse en France de nos greniers, de nos maisons, de nos intérieurs qui témoignent d'une vie artistique depuis des siècles."

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