Mariano Otero, le plus breton des peintres espagnols, au cœur d'une belle rétrospective à Vannes
C'est une exposition inédite qui est proposée au Musée des beaux-arts de Vannes (Morbihan), aussi appelé musée de la Cohue, jusqu'au 31 décembre. Intitulé Mariano Otero, la grâce du trait, elle retrace le parcours de cet artiste disparu en 2019 et qui avait fait de la France sa patrie d'adoption.
Né à Madrid en 1942, Mariano Otero est arrivé à Rennes en 1956 pour rejoindre son père, Antonio Otero Seco. Ecrivain, poète et journaliste. Ce républicain avait été contraint à l'exil en 1947 afin de fuir le régime de Franco. Passionné de dessin, mais trop jeune pour s'inscrire en école d'art (il a 14 ans quand il arrive en France), Mariano Otero obtient une dérogation et devient le plus jeune diplômé des Beaux-Arts de France. Ses premières expositions, il les réalise en Bretagne avec son frère Antonio et Clotilde Vautier, une artiste rencontrée aux Beaux-Arts. Ils fondent ensemble L'Atelier des Trois.
L'histoire familiale de Mariano Otero, marquée par l'exil et la dictature, s'est traduite dans ses œuvres, notamment celles du début de sa carrière. Les portraits de ses proches, en particulier de sa femme, Marie-Alice (avec laquelle il aura deux filles), sont empreints de gravité avec des teintes sombres, des visages pensifs, une forme d'austérité.
Par la suite, Otero fait de son art le porte-voix de causes humanitaires et politiques. Engagé auprès d'associations et de partis qui militent pour la paix, il met ses talents de dessinateur et d'affichiste à leur service.
Membre du Parti communiste depuis l'adolescence, Otero a milité à sa façon en France. "Mariano nous a accompagnés dans de nombreux combats, pacifistes, antifascistes, pour la solidarité entre les peuples, confiait un représentant du Parti communiste d'Ille-et-Vilaine à la mort de l'artiste en 2019. Il nous a aidés, souvent, en créant de nombreuses affiches qui ornaient les murs de nos villes contre la guerre du Vietnam ou le putsch de Pinochet au Chili."
Attaché à la promotion de la culture espagnole, de la mémoire de la guerre civile et de l'exil républicain, il fonde le Cercle culturel espagnol de Rennes en 1973, puis le Centre culturel espagnol de Rennes en 1999. La légèreté se fait sentir dans les années 80 avec les célèbres Baigneuses. Des tableaux inspirés par les promenades de l'artiste sur les plages de Dinard.
Le dessin dans la peau
Ces femmes aux corps plantureux et vigoureux, enveloppés dans des maillots rayés et colorés, deviennent emblématiques du peintre. On y remarque l'absence d'horizon et de paysages, un ciel souvent nuageux. La lumière, la douceur viennent des couleurs et des formes voluptueuses que l'on retrouve dans des sculptures exposées au musée des Beaux-Arts.
Malgré le décès de l'artiste, son atelier est resté en l'état. Françoise Berretrot, conservatrice du musée de Vannes a pu le visiter, découvrant des centaines de dessins, collages, encres et pastels affichés aux murs et sur les portes. Des portes "tellement parlantes et belles que nous avons décidé de les pendre et de les présenter telles quelles pour l'exposition" explique-t-elle.
Cette bonne idée accentue la proximité du visiteur avec l'artiste. Une façon aussi de comprendre à quel point Otero était habité par son art et par le dessin. "Quand je me lève, confiait-il même en prenant le petit-déjeuner, je vais tremper mon doigt dans le café et dessiner sur la nappe. Ça me démange tout le temps".
Exposition "Mariano Otero, la grâce du trait", jusqu'au 31 décembre, au Musée des beaux-arts, La Cohue (15 place Saint-Pierre) à Vannes. Du 1er au 30 juin : ouvert tous les jours de 13h30 à 18 heures ; Du 1er juillet au 31 août : ouvert tous les jours de 10 heures à 18 heures. Tarif plein : 5 euros / tarif réduit : 3 euros. Gratuit pour les moins de 26 ans.
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