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Marc Chagall "Entre guerre et paix", au Musée du Luxembourg

"Entre guerre et paix", tel est le nom de cette nouvelle exposition consacrée à l'oeuvre de Marc Chagall, au Musée du Luxembourg (21 février - 22 juillet 2013). Des tableaux nourris par les guerres et l'exil. La violence, ce juif de Russie, l'a connue dès son plus jeune âge.
Article rédigé par franceinfo - Anne Elizabeth Philibert (avec AFP)
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Exposition Chagall au Palais du Luxembourg
 (Remy de la Mauvinière/SIPA)
Reportage : N.Lemarignier, F.Faure, S.Malin
Si les oeuvres de Marc Chagall explosent de couleurs éclatantes et sont parfois considérées par certains comme naïves, les thèmes abordés par l'artiste n'en sont pas moins graves. Un peintre singulier dans le tourbillon de l'histoire : tout au long du XXe siècle, l'artiste s'est "cogné" aux événements, sans jamais perdre son identité.

Entre gravité et optimisme

Le musée du Luxembourg dévoile une série de tableaux de l'un des maîtres de la peinture du XXe siècle, réalisés entre 1914 et 1934. Peintures, dessins, gravures portent l'empreinte des drames de l'époque : la guerre, les persécutions, l'exode. Mais Marc Chagall va également mêler des images d'amour, de paix et de bonheur, une façon pour lui d'affirmer son optimisme et sa foi en l'avenir.

Une centaine d'oeuvres prêtées par les musées français, américains, russes et européens et par des privés, retracent le parcours de Chagall, à travers les moments clés de sa vie. Né à Vitebsk, petite ville russe (aujourd'hui en Biélorussie), dans une famille juive, Chagall n'a jamais oublié ses racines. Lorsque la guerre de 1914 éclate, Chagall est en Russie. Après trois ans passés à Paris, il rentre dans son pays pour Bella Rosenfeld, sa fiancée, qu'il épouse en 1915. "C'est comme si elle me connaissait depuis longtemps, comme si elle savait tout de mon enfance, de mon présent, de mon avenir", écrit-il. Bella sera sa muse jusqu'à sa mort en 1944 aux Etats-Unis.

Dans le tourbillon de l'histoire

Chagall peint les fougueux "Amoureux en vert" (1916) aux formes géométriques, inspirées du cubisme. Il dessine avec tendresse Bella et leur fille Ida à la fenêtre. Mais la guerre est là. Chagall a évité l'enrôlement dans les troupes. Il proteste à sa manière en se faisant témoin des souffrances des combattants, comme le montre dès 1914 son "Soldat blessé".

Lorsque la Révolution russe de 1917 éclate, Chagall se passionne pour cette ère nouvelle. Il est nommé directeur de l'école des Beaux-Arts de Vitebsk mais se brouille avec Malevitch et démissionne dès 1919. Le personnage du Juif errant, évoluant dans les airs, apparaît dans son  oeuvre, avec le mélancolique "Au dessus de Vitebsk" (1915-1920).

Songes et réalités

Après Moscou, le peintre reprend son baluchon. Direction Berlin puis Paris en 1923. Il peint ses rêves, imagine un homme-coq dans les airs. "Le songe d'une nuit d'été" (1939) emprunté à Shakespeare prend la forme d'un bouc qui étreint une jeune mariée. Chagall imagine des personnages hybrides, mi-animaux, mi-humains. Mais il met en garde contre une éventuelle méprise: "il n'y pas de contes de fées dans mes peintures. Tout notre monde intérieur est réalité, peut-être encore plus réelle que le monde apparent". Ambroise Vollard lui commande des illustrations, notamment de La Bible. Chagall, qui cherche à établir un pont entre le judaïsme et le christianisme, n'achève ces planches que dans les années 1950.

La sérénité à Vence

Présenté comme un "artiste dégénéré" par les nazis qui saisissent ses oeuvres dans les collections publiques allemandes en 1937, Chagall se résout à quitter la France en 1941 avec sa famille. A New York, il peint "La guerre", avec ses destructions et sa folie mais aussi l'espoir. A partir d'une toile de 1937, "Révolution", il crée en 1943 un triptyque très intense et sombre intitulé "Résistance. Résurrection. Libération". La tragédie du peuple juif se mêle à la Crucifixion puis l'avenir s'éclaire avec l'approche d'un retour à la paix. La guerre se termine mais Chagall perd Bella. Un deuil éprouvant. Son retour en France en 1948 ouvre une période fructueuse, vers la sérénité. La palette du peintre installé à Vence se fait plus lumineuse,  joyeuse. L'heure est à "La danse" (1950), tableau au jaune éclatant.

L'artiste est fêté par sa "seconde patrie", il reçoit des commandes (plafond de l'Opéra de Paris, vitraux). Les expositions se multiplient, rendant  hommage à cet artiste figuratif qui a su emprunter aux mouvements d'avant-garde (cubisme, suprématisme, surréalisme) quelques-unes de leurs formes, en demeurant indépendant. "Il voulait aller au-delà de la réalité visible", souligne Julia Garimorth-Foray.

Marc Chagall meurt à l'âge de 85 ans dans le sud de la France. En son hommage, la ville de Nice a ouvert il y a 40 ans un musée Chagall.  

Parallèlement à l'exposition du musée du Luxembourg, pour les amoureux du peintre, de son oeuvre tout en symboles, le musée national à Nice propose "Marc Chagall, d'une guerre l'autre" jusqu'au 20 mai 2013.

Chagall : Entre guerre et paix au Musée du Luxembourg
21 février-21 juillet 2013
9, rue de Vaugirard, Paris VIe
Tél. 01 40 13 62 00

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