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"Le radeau de la méduse" : la véritable enquête policière de Géricault

"Le Radeau de la méduse", chef d'oeuvre de Théodore Géricault, est le fruit d'une véritable enquête du maître sur un fait divers macabre : le naufrage d'un bateau nommé La Méduse en 1817 et la lutte pour la survie des rescapés, contraints de manger les morts pour ne pas périr. L'oeuvre est exposée en permanence au premier étage du musée du Louvre.
Article rédigé par Odile Morain
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
"Le Radeau de la méduse" de Géricault suscite encore de nombreuses interrogations. Le tableau est exposé au Louvre. 
 (France 2 / Culturebox)

Cinq mètres par sept, "Le Radeau de la méduse" de Géricault exposé au Louvre ne cesse de soulever des questions. Qui sont les personnages ? Que signifient ces détails passés inaperçus ? Comment Géricault a-t-il pu dessiner des détails si réalistes ? Comment les survivants ont-ils pu manger les morts ? Réponse dans le Choix du 20 heures

 
Reportage : N. Lemarignier / M. Berrurier / W. Kamli / P. Gibailt / L. Bourdu

Géricault s'empare du drame

C'était le 2 juillet 1816, il y a 200 ans. La frégate La Méduse, menée par un commandant inexpérimenté s'échoue sur le banc d'Arguin, au large de la Mauritanie, à deux jours de mer de la côte. Faute de canots en nombre suffisant, seuls les nobles embarquent. Pour les 150 malchanceux restants, il faudra se contenter d'un radeau, construit à la hâte lors de l'échouage pour tenter de délester le bateau avant qu'il ne se couche.
La frégate "La Méduse"
 (France 2 / Culturebox capture d'écran)

Quinze survivants sortent du canot, deux d'entre eux racontent le drame à la presse. Géricault prend connaissance de ce récit et décide de rencontrer les deux rescapés qui témoignent de ces cas d'anthropophagie. Ces miraculés sont représentés fidèlement au centre de la composition. "Ils n'avaient quasiment rien à manger, dès les premières nuits ils s'entretuent et dans les 48 heures qui suivent ils s'entredévorent", relate Jacques-Olivier Boudon, auteur  du livre "Les Naufragés de la Méduse"
Portrait d'Alexandre Corréard, l'un de deux survivant du naufrage qui raconte la tragédie à Géricault
 (France 2 / Culturebox capture d'écran)

Une étude macabre des corps 

Fasciné par cette tragique odyssée qui déchaina les passions à l'époque, Géricault se lance dans la réalisation de ce qui allait devenir une oeuvre majeure : "Le Radeau de la Méduse". Il accumule la documentation, interroge des rescapés qu’il dessine, puis il travaille sur une maquette, avec des figurines de cire. 
"Radeau de la méduse" (Détail)
 (France 2 / Culturebox capture d'écran)

Ce qui frappe aussi dans "Le radeau de la méduse" c'est le réalisme des visages et des corps des cadavres. Pour retranscrire cette vérité, le maître a un secret : son atelier jouxtait l'hôpital Beaujon qui lui fournissait des membres coupés.

"Ça lui a servi à se mettre en condition mentalement, faire un travail à la fois physique et spirituel pour essayer d'être au plus près de l'ambiance qu'il y avait", explique Come Fabre, conservateur au musée du Louvre. 
Theodore Gericault . Etude de bras pour le Radeau de la Méduse 
 (GINIES/SIPA)

Une oeuvre politique et révolutionnaire

"Le Radeau de la Méduse" exprime également de manière métaphorique l'incompétence du pouvoir en place. Géricault, le Républicain s'élève contre l'injustice et va même jusqu'à contraindre Louis XVIII à traduire le capitaine Hugues Duroy de Chaumareys en justice. Au sommet de la toile, le maître place un esclave noir qui guide le radeau vers un horizon dégagé. 
Géricault  / "Le Radeau de la Méduse"
 (France 2 / Culturebox)

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