"Le radeau de la méduse" : la véritable enquête policière de Géricault
Cinq mètres par sept, "Le Radeau de la méduse" de Géricault exposé au Louvre ne cesse de soulever des questions. Qui sont les personnages ? Que signifient ces détails passés inaperçus ? Comment Géricault a-t-il pu dessiner des détails si réalistes ? Comment les survivants ont-ils pu manger les morts ? Réponse dans le Choix du 20 heures
Géricault s'empare du drame
C'était le 2 juillet 1816, il y a 200 ans. La frégate La Méduse, menée par un commandant inexpérimenté s'échoue sur le banc d'Arguin, au large de la Mauritanie, à deux jours de mer de la côte. Faute de canots en nombre suffisant, seuls les nobles embarquent. Pour les 150 malchanceux restants, il faudra se contenter d'un radeau, construit à la hâte lors de l'échouage pour tenter de délester le bateau avant qu'il ne se couche.Quinze survivants sortent du canot, deux d'entre eux racontent le drame à la presse. Géricault prend connaissance de ce récit et décide de rencontrer les deux rescapés qui témoignent de ces cas d'anthropophagie. Ces miraculés sont représentés fidèlement au centre de la composition. "Ils n'avaient quasiment rien à manger, dès les premières nuits ils s'entretuent et dans les 48 heures qui suivent ils s'entredévorent", relate Jacques-Olivier Boudon, auteur du livre "Les Naufragés de la Méduse"
Une étude macabre des corps
Fasciné par cette tragique odyssée qui déchaina les passions à l'époque, Géricault se lance dans la réalisation de ce qui allait devenir une oeuvre majeure : "Le Radeau de la Méduse". Il accumule la documentation, interroge des rescapés qu’il dessine, puis il travaille sur une maquette, avec des figurines de cire.Ce qui frappe aussi dans "Le radeau de la méduse" c'est le réalisme des visages et des corps des cadavres. Pour retranscrire cette vérité, le maître a un secret : son atelier jouxtait l'hôpital Beaujon qui lui fournissait des membres coupés.
"Ça lui a servi à se mettre en condition mentalement, faire un travail à la fois physique et spirituel pour essayer d'être au plus près de l'ambiance qu'il y avait", explique Come Fabre, conservateur au musée du Louvre.
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