Le LaM de Villeneuve-d'Ascq rend hommage à Kahnweiler, galeriste des cubistes
L'ouverture d'un musée d'art moderne dans la métropole lilloise en novembre 1983 répondait aux voeux de Jean et Geneviève Masurel, qui avaient fait don quatre ans plus tôt d'une importante collection. Or celle-ci était pour partie constituée d'oeuvres achetées pendant des décennies chez Kahnweiler et les galeries qu'il codirigeait mais qui ont porté le nom de ses associés, Simon, puis Louise Leiris.
L'oncle de Geneviève, Roger Dutilleul, qui entamera la fameuse collection et influencera les acquisitions de Jean Masurel jusqu'à sa mort en 1956, est l'un des premiers visiteurs du jeune marchand de tableaux, encore inconnu. A 23 ans, Daniel-Henry Kahnweiler, avec une grande audace mais de petits moyens, vient de lancer au printemps 1907 sa galerie minuscule (16 m2), au 28 de la rue Vignon, dans le quartier parisien de la Madeleine.
Le propos de l'exposition "Picasso, Léger, Masson - Daniel-Henry Kahnweiler et ses peintres" est de montrer "comment cette rencontre du marchand" avec Dutilleul puis Masurel, "a marqué l'histoire de l'art de la première moitié du XXe siècle", a expliqué la directrice conservatrice du musée, Sophie Lévy.
Van Dongen, Picasso et Juan Gris
Dutilleul a acheté ainsi près d'une centaine d'oeuvres entre 1907 et 1914, date à laquelle la galerie est fermée et ses oeuvres confisquées, Kahnweiler, ressortissant "ennemi" ayant fui en Suisse.
120 œuvres sont exposées dans les salles d’art moderne du LaM (Lille Métropole Musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut). La plupart sont issues de la Donation Geneviève et Jean Masurel, ou des œuvres offertes au Centre Pompidou par Louise et Michel Leiris en 1984.
Parmi les nombreux tableaux remarquables de l'exposition, se détachent deux toiles de 1909, la "femme lippue" de Kees Van Dongen, derniers feux du fauvisme en 1909, et un "poisson et bouteilles" de Picasso encore presque cézannien, et deux de 1913, une "guitare" colorée typique de Juan Gris et une "femme couchée" de Fernand Léger, qui permet de comprendre le sobriquet de "tubiste" qui lui a été parfois donné.
Georges Braque absent : le LaM a prêté ses œuvres au Centre Pompidou
L’exposition montre aussi des œuvres d’André Masson, André Derain, Paul Klee… Elle se veut à la fois thématique et chronologique. Les trois grandes époques de l'avant 1914, de l'entre-deux guerres et d'après 1945 correspondent aux trois galeries successives Kahnweiler, Simon et Leiris.
Elle permet aussi de redécouvrir des peintres de la "nouvelle école de Paris" que Kahnweiler a appuyés dès les années 1920-1930, comme André Beaudin, Suzanne Roger et Eugène de Kermadec, ou encore l'Espagnol Francisco Borès.
Georges Braque brille en revanche par son absence, le musée de Villeneuve d'Ascq (LaM) ayant prêté ses chefs-d'oeuvre du cofondateur du cubisme, acquis chez Kahnweiler, pour l'actuelle rétrospective tenue au Grand Palais à Paris. "Les deux manifestations se complètent", a souligné la commissaire de l'exposition, Jeanne-Bathilde Lacourt.
Picasso, Léger, Masson : Daniel-Henry Kanhweiler et ses peintres, LaM, 1 allée du Musée, 59650 Villeneuve-d'Ascq
tous les jours sauf le lundi, 10h-18h
tarifs : 10€ / 7€, gratuit le premier dimanche du mois
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