Le Centre Pompidou consacre une rétrospective au peintre Gérard Garouste, surnommé "L'Intranquille"
Première rétrospective d'envergure pour Gérard Garouste, l’un des plus importants peintres contemporains français, dont l'œuvre pétrie de mythes et teintée de psychanalyse est de celles qui font réfléchir. À voir au Centre Pompidou jusqu'au 2 janvier 2023.
Figure majeure de l'art contemporain, le peintre français Gérard Garouste, 76 ans, connu pour ses tableaux exubérants, jouant avec la mythologie, les religions, les contes et l'inconscient, est l'invité du Centre Pompidou à l'occasion d'une première rétrospective d'envergure.
Plus de 140 tableaux, souvent de très grand format, dessins et sculptures de cet artiste inclassable, qui se surnomme "l'intranquille", sont réunis jusqu'au 2 janvier 2023 à l'occasion de prêts de collectionneurs et de grands musées européens, dont le Ludwig Museum de Coblence (Allemagne) et le Musée Berardo de Lisbonne.
"Pétri par les mythes"
À la fois figuratif et surréaliste, Garouste s'est passionné dès l'enfance pour les contes et légendes : "Artiste extrêmement audacieux, il peint comme personne. Son œuvre nous invite à comprendre à quel point nous sommes pétris par les mythes, en nous accordant la liberté nécessaire pour interpréter les choses autrement qu'avec des discours tous faits", souligne Sophie Duplaix, commissaire de cette rétrospective et conservatrice en chef des collections contemporaines du Musée national d'art moderne.
La peinture de cet artiste virtuose fait réfléchir sans être pour autant intellectuelle. Elle questionne et dérange aussi, tout en étant accessible à tout le monde
Sophie Duplaix
"Le Banquet", un triptyque inspiré
Parmi les œuvres les plus emblématiques teintées de psychanalyse et présentées au Centre Pompidou : Le Banquet, un impressionnant triptyque formé de grands panneaux inspirés de la fête juive Pourim, du Festin d'Esther et du don de la manne (la nourriture des Hébreux dans le désert, dans l'Ancien Testament). L'écrivain Franz Kafka qui fascine Garouste, est représenté en compagnie d'intellectuels et d'artistes. Mains et corps sont démesurément allongés, les regards et visages comme déformés par un phénomène d'anamorphose.
Après s'être essayé à la mise en scène et à la décoration de théâtre, cet ancien étudiant aux Beaux-Arts s'engage pleinement dans la peinture à la fin des années 70. À ce moment-là, Garouste peint de grands panneaux pour décorer Le Privilège, le restaurant du Palace, légendaire temple des nuits parisiennes. Malgré la disparition de l'œuvre, le visiteur peut retrouver l'ambiance surréaliste créée par l'artiste à travers des photos à découvrir par de petites ouvertures, symbolisant son caractère "select", puisque le lieu était alors réservé à des personnalités et des privilégiés.
Diagnostiqué bipolaire
Après une enfance difficile, Garouste a connu des phases de délire et de profondes dépressions qui lui ont valu des séjours en psychiatrie et un diagnostic, celui de bipolaire. Stabilisé aujourd'hui, l'artiste admet son besoin de paix : "Le seul endroit où je me sens bien est mon atelier au fond de la Normandie", confiait-il en 2021 à l'AFP.
Dans les années 90, il a créé l'association La Source qui propose des ateliers artistiques à des enfants défavorisés. Son autobiographie, L'Intranquille, autoportrait d'un fils, d'un peintre, d'un fou, vient d'être rééditée (collection Proche). Après Paris, cette rétrospective devait être présentée en 2023 au Musée Pouchkine de Moscou, une programmation annulée en raison de la guerre en Ukraine.
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