Cet article date de plus de huit ans.

La banlieue vue par les peintres, une exposition à Rueil-Malmaison

Banlieue triste ou banlieue gaie, des impressionnistes à Vlaminck, l'exposition "Peindre la banlieue" proposée par l'Atelier Grognard de Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine) s'intéresse aux transformations subies en un siècle par la banlieue parisienne sous l'effet radical de l'industrialisation.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Pierre-Emmanuel Damoye, "La Seine à Nanterre", vers 1880
 (Sceaux, musée du Domaine départemental)

Près de 150 oeuvres d'artistes reconnus comme Monet, Gauguin, Cézanne, Dufy  ou Picabia, issues notamment du musée d'Orsay, ou de l'Orangerie, côtoient ici  de "petits maîtres" comme l'aquarelliste Louis-Adolphe Hervier ou le paysagiste Maurice Eliot.
 
Un panorama de la peinture de la banlieue parisienne "aussi vaste", avec sa "partie gaie" et son côté "noir, beaucoup moins agréable, est inédit", souligne Véronique Alemany, l'une des commissaires de l'exposition.
 
Les années 1850, point de départ de l'exposition, "c'est le moment où les peintres comme D'Aubigny ou Corot quittent Fontainebleau pour aller peindre au nord et à l'ouest de Paris", rappelle-t-elle. Puis Manet va peindre à Gennevilliers, Caillebotte à Yerres, Derain à Chatou. Des univers le plus souvent enchanteurs, bucoliques, quasi vierges. Les années 1870 sont des années de formation pour les jeunes Gauguin et Cézanne qui, bien avant Van Gogh, posent leur chevalet à Auvers-sur-Oise. Gauguin montre alors des paysages verdoyants.

Maximilien Luce, "La Seine à Issy-les-Moulineaux", 1920
 (Musée Français de la Carte à Jouer et Galerie d’Histoire de la Ville, Issy-les-Moulineaux)


Ponts et cheminées d'usines s'immiscent dans le paysage

Toits d'usine et ponts ferroviaires apparaissent progressivement dans le paysage, mais les traces d'industrialisation s'intègrent encore harmonieusement aux vues panoramiques. Ce n'est que dans les années 1880-1890 que cette réalité se fait menaçante. "La silhouette verticale des arbres et des clochers est peu à peu remplacée par celle des cheminées d'usine", souligne Véronique Alemany.
 
Au tournant du XXe siècle, le regard se focalise sur les carrières de Gentilly, le transport fluvial dans "Les Péniches" de Vlaminck (1910) ou encore les fumées industrielles qui commencent à obscurcir le ciel dans "Jours de marché à Courbevoie" (1905) d'Albert Gleizes.
Louis Toffoli, "Quai à Ivry", 1951
 (Musée du Domaine départemental, Sceaux)


Guinguettes et canotage

Certains peintres, de façon militante, insistent sur la "banlieue noire", aux arbres sans feuilles, comme ce "Clamart" lugubre vu par Vlaminck en 1948.
 
D'autres au contraire préfèrent souligner l'avènement des loisirs, thème plus léger et coloré : les canotiers des bords de Marne inspirent Marcel  Gromaire et Raoul Dufy tandis que Maurice Utrillo s'intéresse aux "Guinguettes à Robinson". La nature est toujours présente dans les paysages industriels avec les jardins ouvriers, à Saint-Ouen notamment. La palette de la banlieue reprend alors des couleurs.
 
Exposition "Peindre la banlieue, de Corot à Vlaminck 1850-1950", à l'Atelier Grognard de Rueil-Malmaison jusqu'au 10 avril 2017.
Hervier de Romande, "Paul Féval en barque sur la Marne", 1890
 (Musée de Nogent-sur-Marne)


Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.