"Et Gustave créa Courbet" : la naissance artistique du chef de file du réalisme exposée au musée d'Ornans

L'exposition interroge le récit des origines de l'enfant du pays grâce au prêt de 80 œuvres et documents rares, dont 40 tableaux de jeunesse du peintre, souvent méconnus.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
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Le tableau "Le Renard pris au piège" (1860) exposé au musée Courbet d'Ornans, le 5 octobre 2022. (BLANCHOT PHILIPPE / HEMIS / AFP)

"Cheminer pas à pas avec ce jeune Gustave, qui devient Courbet" : le musée Courbet d'Ornans (Doubs), ville natale du chantre du réalisme, présente à partir de samedi 14 décembre l'exposition Devenir Courbet, retraçant sa jeunesse artistique jusqu'à la reconnaissance.

L'exposition, qui se tient jusqu'au 20 avril 2025, interroge le récit des origines de l'enfant du pays grâce au prêt de 80 œuvres et documents rares, dont 40 tableaux de jeunesse du peintre, souvent méconnus. Elle s'organise en quatre parties : L'origine de son monde, L'arrivée à Paris de l'ambitieux Gustave, Cheminer vers le salon et Et Gustave créa Courbet. "Puisque dans tout et partout, je dois toujours faire exception à la règle générale, je m'en vais poursuivre ma destinée...", écrit Gustave Courbet (1819-1877) dans une lettre à ses parents, en 1837.

"Profession peintre"

Dès le début de ses études à Besançon, ce fils d'une famille de riches exploitants agricoles d'Ornans ne cache pas qu'il se destine à embrasser la "profession peintre". "Monté à Paris" en novembre 1839, avec le soutien de sa famille, le jeune homme bègue loue ses premiers ateliers et poursuit sa formation. "Il s'inscrit parmi les copistes du Louvre : la copie est un élément essentiel de sa formation", souligne Carine Joly, conservatrice de l'Institut Gustave Courbet.

Prêtées par le musée du Louvre, l'œuvre de Guido Reni, Le Christ au roseau (1636), ainsi que deux copies de ce tableau attribuées à Courbet illustrent cette période de sa vie. Au début des années 1840, le jeune peintre chemine à Paris et sa propre personnalité artistique émerge. L'exposition montre ainsi ses premiers essais personnels, de qualité inégale, tels que son premier grand format, Promenade en bateau ou Loth et ses filles.

Les visiteurs pourront également feuilleter une reproduction du premier carnet à dessins de Courbet. "C'est extrêmement touchant de suivre l'artiste dans ses premiers dessins. On voit qu'il adore voyager", se réjouit Bruno Mottin, conservateur honoraire du patrimoine du Centre de recherche et de restauration des musées de France.

L'aboutissement grâce aux autoportraits

En 1844, l'aboutissement de sa formation arrive enfin avec l'autoportrait Courbet au chien noir, accepté au Salon officiel. Par cette œuvre, il commence à se faire un nom. La dernière partie de l'exposition présente ainsi "un rassemblement inouï" des autoportraits du peintre – L'Homme à la ceinture de cuir, Les Amants dans la campagne, sentiment du jeune âge, L'Homme blessé –, selon Bruno Mottin, accompagnés de leur radiographie qui révèle notamment le travail et les retouches de l'artiste pour arriver au résultat final.

"Le Courbet sûr de lui, le Courbet mélancolique, le Courbet amoureux... Ils sont l'aboutissement de sa formation et de son cheminement. C'est par eux qu'il sera finalement accepté", estime le conservateur du musée Courbet, Benjamin Foudral. Pour celui-ci, "ce jeune Gustave devient Courbet en 1844, pour la première fois publiquement, et se dit que la destinée qu'il s'était donnée en Franche-Comté était peut-être la bonne".

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