A la Pinacothèque de Paris, Tamara de Lempicka, peintre art déco
Tamara de Lempicka (1898-1980) fuit la Russie au moment de la Révolution d’octobre et étudie la peinture chez Maurice Denis et André Lhôte. Elle passe les années folles à Paris, où on vit à cent à l’heure pour oublier les malheurs de la guerre de 1914-18.
Reportage: Pascale Sorgues,Josiane Szymanski et Gabrielle Guillot
Après les courbes et les décors végétaux de l’art nouveau, on revient à une peinture plus sobre, plus géométrique. Tamara de Lempicka représente des personnages sculpturaux néocubistes, utilisant des couleurs vives et peu nombreuses, bleu, rouge, jaune. Des immeubles gris déstructurés servent souvent de fond à ses modèles.
Des volumes géométriques
La robe grise de sa cousine ("Irène et sa soeur", 1925) est toute en volume. Les cheveux en volutes de l’art nouveau se transforment en une masse géométrique.
Des photos de Tamara de Lempicka la montrent à la mode de l'époque, avec une coupe à la garçonne. Elle veut passer pour une femme moderne et émancipée. Elle affiche ouvertement sa bisexualité même si, l’essentiel de sa vie, elle a été mariée, d’abord au comte Tadeusz Lempicki, puis au baron Raoul Kuffner. Elle ne cache pas son goût pour les femmes, tout en refusant les tenues masculines de certaines et en jouant tout le temps l’ambiguïté.
Une histoire rocambolesque avec D'Annunzio
Elle se vantera longtemps d’une histoire délirante avec Gabriele D’Annunzio. Elle a finalement refusé les avances de l’écrivain italien, beaucoup plus âgé qu’elle et très empressé. L’histoire est racontée par un long échange de lettres entre les deux personnages.
Les années 1920 sont celles où la production de Tamara de Lempicka est la plus intéressante, avec par exemple un puissant portrait de son amie Ira, "Sa tristesse", où la jeune rousse aux cheveux courts, visage grave, est enveloppée dans un grand manteau noir, devant un arbre noir et dépouillé.
Après la lumière, l'oubli
A côté de ses natures mortes et de portraits d’enfants, elle peint des nus massifs aux lèvres très rouges, dans des compositions rappelant celles de la Renaissance. La peau est lisse comme de la porcelaine, la lumière jouant sur le corps comme dans un studio photo. Essentiellement des nus féminins mais aussi masculin, sous les traits de son mari.
En 1939, Tamara de Lempicka fuit le chaos en Europe et s’installe aux Etats-Unis où cette mondaine, reine de la communication, arrive à exposer plusieurs fois, avant de tomber dans l’oubli.
L'art nouveau en 200 oeuvres, de Guimard à Mucha
Le mouvement art déco que Tamara de Lempicka incarne en peinture est venu en réaction à l’art nouveau. Il a imposé une sobriété de lignes simples, des formes géométriques, une symétrie, aux lignes sinueuses et aux décors végétaux foisonnants qui s’étaient épanouis autour de 1900.
Une autre exposition à la Pinacothèque présente l’art nouveau et sa "révolution décorative", avec plus de 200 tableaux, affiches, objets de ses plus illustres représentants, dans une présentation un peu négligée, les notices explicatives ne se trouvant pas toujours au même endroit que les oeuvres concernées.
Des vases de Guimard, des boucles de ceinture de Lalique, des pièces en verre de Gallé. Des petites sculptures représentant des femmes tout en courbes. Des vidéos de la Loïe Fuller dansant et de l’exposition universelle de 1900.
Le graphisme est un aspect important de l’art nouveau, avec des affiches de Mucha aux filles littéralement enroulées dans leurs cheveux. Ou celles, plus dépouillées, de Paul Berthon. On peut voir encore quelques meubles de l’Ecole de Nancy.
"Tamara de Lempick, la reine de l'art déco" et "L'Art nouveau, la révolution décorative", Pinacothèque de Paris, 28 place de la Madeleine et 8 rue Vignon, 75008 Paris
Tous les jours 10h30-18h30, nocturnes les mercredis et vendredis jusqu'à 21h, le 14 juillet 14h-18h30
Tarifs: pour une exposition, 12€ / 10 €. Pour les deux expositions, 18€ / 15 €
jusqu'au 8 septembre 2013
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