Palace : le Ritz vend son mobilier aux enchères
Jusqu'à lundi y est exposée au public une sélection des 3.500 lots dont le mythique hôtel, rouvert en juin 2016 après quatre ans de travaux, a décidé de se séparer lors de sa rénovation. Artcurial n'en est pas à son premier palace : ces dernières années, la maison de ventes s'est chargée, avec succès, de mettre aux enchères le mobilier du Crillon, du Plaza Athénée, de l'Hôtel de Paris à Monaco, ainsi que du restaurant La Tour d'Argent.
La première baignoire du Ritz
Du 17 au 21 avril, ce sera au tour de celui du légendaire hôtel de la place Vendôme à la façade Mansart, inauguré en 1898 et propriété depuis 1979 du milliardaire égyptien Mohamed Al-Fayed. Les estimations vont de 100 euros (plafonniers, embrasses de rideaux...) à 10.000 euros pour une paire de monumentales sculptures de nymphes portant des candélabres, en bronze, qui décorait le hall d'entrée du Ritz.Si elle ne comporte pas de pièce d'une valeur exceptionnelle, la vente se distingue par la multitude d'objets mis aux enchères et le caractère emblématique de certains d'entre eux. En particulier une baignoire, présentée comme "la première" du Ritz, estimée entre 1.500 et 2.000 euros. "César Ritz avait le souhait de donner le plus grand confort à ses clients, il a eu la volonté de mettre dans chaque suite et chambre une salle de bains avec une baignoire comme celle-ci. C'était très moderne à l'époque", rappelle Stéphane Aubert, l'un des deux commissaires-priseurs de la vente avec François Tajan.
La suite "Mademoiselle Chanel", le salon Proust, le bar Hemingway
"Tous les objets se trouvaient dans des garde-meubles, on a dû reconstituer les chambres, les suites chez nous", explique encore le commissaire-priseur à l'AFP. Des suites librement recréées, mais qui reprennent les noms des originales: Coco Chanel, garde-meubles ou Windsor, en l'honneur de certains hôtes célèbres à l'instar du salon Proust ou du bar Hemingway.L'écrivain américain aurait selon la légende, fait irruption fusil-mitrailleur au poing le 25 août 1944 dans le palace pour "libérer personnellement" le Ritz, réquisitionné par les nazis. Dans ce palace, qui a bâti sa réputation sur sa clientèle de célébrités, ont aussi été tournés plusieurs films, comme "Ariane", de Billy Wilder avec Gary Cooper, Audrey Hepburn et Maurice Chevalier.
La suite "Mademoiselle Chanel", dans laquelle trône une photo de la fondatrice de la célèbre maison de couture qui y a logé jusqu'à son décès en 1971, reflète son goût pour la décoration d'inspiration chinoise, avec ses panneaux laqués, son mobilier en bois noirci... Au beau milieu d'un salon Proust "bis" a été installée une harpe, estimée à 2.000-3.000 euros. "Dans les années 80, une joueuse de harpe avait l'habitude de se tenir dans le hall d'entrée pour donner un petit récital", raconte Stéphane Aubert.
"Le Ritz était conçu comme "une grande demeure française, comme un château", commente encore l'expert : "Il y a un mélange de style Louis XV - Louis XVI et de style Empire, et qui fonctionne bien".
Succès phénoménal
La scénographie est signée du décorateur Vincent Darré, qui a créé tout spécialement des papiers peints pour habiller les murs des chambres. Fauteuils et poufs, lits, consoles, tapisseries, tissus, appliques, vaisselle, argenterie... Qui rêve d'avoir un peu de Ritz chez soi? "Un peu tout un chacun", estime le commissaire-priseur, soulignant que certaines mises à prix sont relativement basses. "On l'a constaté dans toutes les ventes qu'on a pu faire, à chaque fois c'est un succès phénoménal, le public est assez féru d'histoire", estime-t-il.Un public qui vient parfois de loin. "La résonance du Ritz à l'étranger est très importante : le premier client qui m'a appelé pour se renseigner sur la vente est un Américain du Texas. On a aussi été en lien avec des Australiens", confie Stéphane Aubert.
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