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Vidéo Œuvres de Picasso cédées à l'État : certaines "dormaient dans un coffre depuis plus de 40 ans", raconte son petit-fils

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Article rédigé par franceinfo
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Neuf oeuvres de Picasso feront leur entrée dans les collections nationales du musée dédié à l'artiste en 2022.

Neuf œuvres de Picasso ont été cédées, lundi 20 septembre, à la France par la fille de l'artiste, Maya. "Ma mère avait toujours pensé qu'après la dation qu'elle avait vécue elle-même par rapport à son père, il fallait qu'elle prépare l'avenir", a réagi ce mardi 21 septembre sur franceinfo, son fils, Olivier Widmaier-Picasso, petit-fils de Pablo Picasso et de Marie-Thérèse Walter. "Elle avait anticipé les choses depuis longtemps et il lui est arrivé de dire : 'Celle-là c'est pour l'État', ce qui fait que nous sommes trois enfants et que nous avons l'impression d'être quatre", a-t-il ironisé. Ces œuvres, dont la valeur n'a pas été dévoilée et dont certaines "dormaient dans un coffre depuis plus de 40 ans", feront leur entrée en 2022 dans les collections nationales du musée Picasso.

franceinfo : À qui appartenaient ces toiles et pourquoi les avoir cédées à l'État ?

Olivier Widmaier-Picasso : Ces toiles étaient la propriété de ma mère. Pour certaines, on les avait vues dans des expositions, parfois à la maison et d'autres dormaient dans un coffre depuis plus de quarante ans. C'est elle qui a décidé de faire une dation pour régler les droits associés à une donation à ses enfants. Une dation, c'est la remise à l'État pour le règlement d'une dette fiscale, d'une taxe ou d'un impôt, d'œuvres d'arts, de manuscrits, de quelque chose qui a une haute valeur artistique. Ma mère avait toujours pensé qu'après la dation qu'elle avait vécue elle-même par rapport à son père, il fallait qu'elle prépare l'avenir et elle nous avait toujours dit : "Il y aura des choses qui sont des souvenirs de famille, des portraits de famille, et il y aura des choses pour le musée, pour votre dation". Elle avait anticipé les choses depuis longtemps et il est arrivé de dire, celle-là c'est pour l'État. Ce qui fait que nous sommes trois enfants et que nous avons l'impression d'être quatre.

L'une des toiles, "Enfant à la sucette assis sous une chaise" (1938), représente-t-elle votre mère ?

C'est une toile qui a plusieurs significations. C'est à l'époque où mon grand-père avait peint énormément de peintures de ma mère très colorées, mais celle-là est en noir et blanc. Je pense que derrière l'image de cet enfant, qui pourrait être ma mère parce que c'est le modèle qu'il a en face de lui, il révèle un tournant. On est en pleine guerre d'Espagne, il y a la montée des fascismes et je pense que cet enfant qui mange une sucette, qui est dans une sorte d'innocence, se cache sous une chaise parce que peut-être l'avenir ne sera pas si beau et ne sera pas en couleur.

Avez-vous une idée de la valeur de ces toiles ?

Elles valent beaucoup d'argent. On est dans une proportionnalité de l'art pour l'art. D'un côté une donation à des enfants, de l'autre une dation qui est une proportion de cet ensemble. C'est beaucoup, et même davantage.

Savez-vous pourquoi votre grand-père n'avait pas fait de testament ?

Mon grand-père n'a jamais fait de testament, peut-être par superstition. Il disait à ses avocats : "Si je fais un testament je meurs demain." Je pense aussi qu'il laissait les choses se faire. Il avait quatre enfants [de femmes différentes], il n'avait pas pu tous les reconnaitre parce qu'il n'avait pas pu divorcer et la loi avant 1972 empêchait un homme marié de reconnaitre ses enfants d'une autre femme que son épouse. Le destin a fait en sorte que les choses se rétablissent pour chacun.

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