Les Sept péchés capitaux revisités au Festival des jardins de Chaumont-sur-Loire

Château de la Loire surplombant le fleuve, entre Tours et Blois, le Domaine de Chaumont-sur-Loire (Loir-et-Cher) accueille depuis 1992 ce festival, panorama de la création paysagère internationale, dans un écrin de verdure de 32 hectares.

Dans ce vaste espace, 26 paysagistes, architectes, scénographes et jardiniers offrent jusqu'au 2 novembre leurs interprétations végétales de la gourmandise, de l'orgueil, de la paresse, de la colère, de l'avarice, de la luxure et de l'envie. "Le végétal est le lien. Un fil vert relie les oeuvres", explique Chantal Colleu-Dumond, directrice du Domaine, propriété de la région Centre.

Drôle et sensible
L'humour a toute sa place dans ce florilège, à l'image du "Jardin des poules": dans un décor de bois, traversé par une pièce d'eau, des volatiles figurent des hommes qui se prendraient pour des dieux. Elles picorent, à peine perturbées par le coassement des grenouilles...

Le reportage dans le Soir 3 de France 3 de Dominique Dumas, Guy Sabin, Serge Terrine :

Dans le jardin "Paradis Inversé", on est saisi par des odeurs de caoutchouc qui dénoncent le consumérisme effréné. Dans une symphonie de noirs, seuls les cactus verts semblent résister.
Les promeneurs ne manqueront pas de se prélasser dans un presse-citron géant, en buis, conçu par l'architecte-paysagiste Betty Bui, qui cite l'art des jardins à la française.
"Ici l'ennui n'existe pas! Les décors changent d'une semaine à l'autre", assure Mme Colleu-Dumond en montrant des allées de narcisses et de tulipes blanches, qui seront bleues et mauves l'été venu.

Art contemporain et patrimoine
La visite ne se limite pas aux seules oeuvres présentées dans le cadre du festival: le Domaine abrite aussi, depuis 2008, un Centre d'arts invitant des plasticiens et photographes de renom international à créer des oeuvres en lien avec la nature. "Chaque artiste invité expérimente des matériaux, des situations, des contextes inédits. Nous voulons toucher le plus large public avec des oeuvres d'une très grande exigence artistique", souligne Chantal Colleu-Dumond.

Les experts, tout autant que les enfants, peuvent ainsi se laisser séduire par une oeuvre du Brésilien Henrique Oliveira présentant une impressionnante spirale de bois qui s'enroule, tel un serpent géant, aux charpentes et aux escaliers d'une des granges du château. Plus loin, le jardin virtuel du Mexicain Miguel Chevalier fait bouger des fleurs imaginaires en fonction du mouvement des observateurs.

Si le Français Vincent Barré a posé en bordure de coteau une monumentale sculpture en fer et en fonte, couleur rouille et représentant des copeaux de bois, un autre Mexicain, Gabriel Orozco, a investi d'anciens appartements du château. Il y utilise des fragments de tapisseries anciennes aux motifs floraux pour créer une œuvre méditative sur l'espace et le temps.

Un peu d'histoire
La balade est également l'occasion pour les passionnés de patrimoine de faire une visite plus classique du château, qui fut notamment propriété de la reine Catherine de Medicis et de Diane de Poitiers. En hommage à la dernière propriétaire privée des lieux (cédés à l'Etat en 1938), la princesse Marie-Charlotte de Broglie, qui fit du château un rendez-vous incontournable de l'intelligentsia et de l'aristocratie, de 1880 aux années 1930, le Domaine a en effet réuni une remarquable collection de près de 700 meubles et objets d'époque.

Le Domaine de Chaumont -sur-Loire, qui emploie cinquante salariés à temps plein et plus de 130 en haute saison, a reçu 400.000 visiteurs en 2013. Il est propriété de la région Centre depuis 2007. Après le critique littéraire Bernard Pivot l'an passé, le jury est présidé pour cette nouvelle édition par William Christie, fondateur de la formation des Arts Florissants et lui-même propriétaire d'un jardin classé "remarquable", en Vendée.

Jardins des péchés capitaux
25 avril - 02 novembre 2014
Domaine régional de Chaumont-sur-Loire
41150 Chaumont-sur-Loire
Tél : 02 54 20 99 22