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Le Musée de Damas rouvre ses portes après six ans de fermeture

La Syrie a rouvert dimanche une aile de son célèbre musée national des antiquités à Damas, après six ans de fermeture à cause de la guerre civile, a déclaré un journaliste de l'AFP. Pour la première fois depuis 2012, la grande porte à deux battants du bâtiment a été ouverte dans ce haut lieu de la culture et de l'histoire fondé en 1920.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Le Musée de Damas, otobre 2018
 (LOUAI BESHARA / AFP)

Les objets exposés appartiennent à différentes périodes, "de la préhistoire à l'ère islamique", a indiqué un responsable de la direction générale des antiquités, Ahmad Dib. Les autorités travaillent en vue de la réouverture "prochaine de tout le musée", a-t-il ajouté.

Situé dans le centre de Damas, le musée a été fermé un an après le début de la guerre alors que la capitale, restée relativement à l'abri des bombardements, était devenue la cible de tirs rebelles de plus en plus fréquents. De crainte que le musée ne soit endommagé ou pillé, de nombreuses pièces ont été transférées vers des lieux sûrs. Les jardins du musée sont toutefois restés ouverts au public.

La Syrie abrite plus de 700 sites archéologiques, dont beaucoup ont été détruits, endommagés ou pillés depuis le début de la guerre. Tous les belligérants sont accusés d'avoir pris part au pillage massif. Parmi les plus célèbres, figure notamment l'ancienne ville de Palmyre, classée au patrimoine mondial. Les forces du régime l'ont reprise au groupe Etat islamique en 2017. En octobre 2015, le groupe extrémiste avait réduit en poussière le célèbre Arc de triomphe de cette cité historique.

300.000 objets et des milliers de manuscrits dans des lieux protégés

À partir de 2012, le département des musées ont stocké 300.000 objets ainsi que des milliers de manuscrits provenant des quatre coins de Syrie dans des lieux protégés des incendies, bombardements et inondations. 

Dans les jardins de l'institution, les visiteurs sont accueillis par l'imposante sculpture en pierre calcaire d'un lion de Palmyre, joyau de la cité antique syrienne vieux de 2.000 ans.
Le Lion de Palmyre, al-Lât, (Musée national de Damas)
 (LOUAI BESHARA / AFP)
Haute de trois mètres, la sculpture de 15 tonnes appelée également le lion al-Lât, du nom de la déesse pré-islamique de la fécondité et de la féminité, avait été détruite par les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) qui s'étaient emparés de Palmyre, "la perle du désert" syrien, en mai 2015. Mais les morceaux éparpillés ont été assidument rassemblés.

Pour le moment, les visiteurs n'ont accès qu'à une aile où 1.500 objets sont exposés, sur plus de 100.000 que recèle l'institution, explique Mahmoud Hammoud, à la tête de la Direction générale des antiquités et des musées (DGAM).

Ils pourront bientôt déambuler librement dans d'autres salles mais peuvent déjà admirer des mosaïques des Ve et VIe siècles, arborant parfois des panthères et des coqs.

Il y a aussi la statue romaine en marbre blanc d'un sportif nu au corps sculptural, datant du IIe siècle après J.-C., ou encore un imposant sarcophage de Palmyre, sur lequel est juchée la statue d'un notable à demi-couché, tenant à la main un gobelet. Sur les côtés, des fresques élaborées sculptées dans la pierre.

Déménagées en 1936 dans le bâtiment actuel du Musée national de Damas, les collections sont réparties en fonction de leur périodicité historique: préhistoire, période classique, ère islamique et époque moderne. Elles vont des conquêtes d'Alexandre Le Grand (323 avant J.-C.) à la fin de l'ère byzantine et le début des conquêtes musulmanes.

Le lion fracassé

Pour certains, la restauration du Lion de Palmyre symbolise un retour à la stabilité à un moment où le régime al-Assad, soutenu par l'allié russe, a consolidé son emprise sur la capitale et ses environs.

"C'est une des premières statues à avoir été restaurées", confie à l'AFP l'archéologue polonais Bartosz Markowski, qui avait déjà contribué en 2005 à une rénovation de la statue.

En 2016, quand les forces gouvernementales soutenues par l'allié russe ont chassé les jihadistes de Palmyre, l'archéologue s'est retrouvé devant le lion fracassé.
Des prêtres visitent le Musée national de Damas (octobre 2008)
 (LOUAI BESHARA / AFP)
De nouveaux travaux de restauration ont alors été menés. "C'est quelque chose d'important pour les gens. Ils peuvent y voir le symbole d'un conflit qui touche à sa fin. Lentement, mais la situation s'améliore", poursuit l'archéologue.

Pour compléter ce puzzle, une pièce manquait. Entre les pattes du lion, une antilope échouée avait perdu son museau. Retrouvé, cette semaine seulement, il a été fixé sur la sculpture à la veille de l'inauguration.

Plus de sept ans après le début du conflit, le régime de Bachar al-Assad, soutenu par l'armée russe, a sécurisé la capitale et ses environs, après en avoir chassé les rebelles et les jihadistes. Ses troupes contrôlent désormais près de deux tiers du territoire. Déclenchée en 2011 par des manifestations pro-démocratie réprimées dans le sang, la guerre en Syrie a fait 360. 000 morts et poussé sur le chemin de l'exil plusieurs centaines de milliers de personnes.

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