Le musée d'Orsay expose ses dernières perles
Le but de ces acquisitions est de permettre au musée d'Orsay d'offrir un panorama plus complet du 19e siècle, période à laquelle il est consacré. "Ce sont des oeuvres qui, pour la plupart, n'auraient jamais été achetées par le musée" il y a 50 ans, souligne Guy Cogeval, président de l'établissement.
Côté peinture, la moisson est riche. "Jeune fille la main sur la poignée de porte" de Vuillard est une des 141 toiles du mouvement post-impressionniste nabi reçues par donation anonyme. C'est la plus importante échue à Orsay depuis sa création.
Un pastel de Degas qui annonce Picasso
Parmi les acquisitions remarquables, un dessin au pastel de Degas de 1896 "qui annonce Picasso". "Nous avions des dessins de Degas dans la collection, mais pas d'oeuvre aussi forte, avec une telle présence. Nous avons persuadé sa propriétaire de nous le vendre", explique Yves Badetz, conservateur général du musée.
Autre joyau, "le portrait d'Yvonne Lerolle" de Maurice Denis, dont le modèle est représenté à trois moments du jour. "C'est notre plus belle acquisition, affirme Guy Cogeval. Si je devais désigner un seul tableau, ce serait celui-là". Son achat en 2010 a été possible grâce à la générosité de George Havas, un Américain qui a fait don au musée des sommes reçues en indemnisation des spoliations subies par sa famille en Allemagne. Il a depuis légué tous ses biens à Orsay.
Sont également entrés au musée des Bonnard (dont "La Symphonie pastorale"), un Cézanne ("Paysan assis") et un Renoir ("Le poirier d'Angleterre"), ces deux derniers reçus en dation.
La dation est "un instrument précieux qu'il ne faudrait jamais remettre en cause", plaide Yves Badetz. Elle permet à un particulier de s'acquitter sous forme d'oeuvres d'art des sommes à payer à l'administration fiscale lors d'une succession.
La dation, "un instrument précieux"
"Les musées ne peuvent plus acquérir de très grandes oeuvres de Van Gogh ou de Gauguin sur le marché international, souligne Guy Cogeval. On n'a pas acheté un seul Van Gogh depuis l'ouverture d'Orsay. Les opportunités d'acquisition tiennent aux liens avec les familles ou aux hasards du marché". Un "ballet de danseuses" de Bonnard, inspiré par Degas, a ainsi été acheté à Drouot.
Mais avec un budget annuel moyen d'environ 3 millions d'euros, fournis par un prélèvement de 16% sur la billetterie, les possibilités restent limitées et certaines acquisitions seraient impossibles sans l'aide de la Société des amis du Musée d 'Orsay et de l'Orangerie (SAMO) et des Amis américains du Musée d'Orsay (AFMO).
Un James Tissot acquis grâce à la bonne recette d'une exposition
"Le cercle de la rue Royale" de James Tissot, toile monumentale et emblématique du Second Empire, n'a pu être achetée que grâce au résultat exceptionnel de l'exposition Monet en 2010-2011. Quant au montant des dations et donations, il reste très aléatoire : à 17,4 millions d'euros en 2009, il atteignait 36,7 millions en 2011, année faste, mais n'était plus que de 0,4 million en 2013.
Un catalogue recense la totalité des acquisitions réalisées depuis sept ans.
Le musée a complété ses collections où certaines écoles étrangères, en particulier celles du nord, étaient sous-représentées. Orsay a ainsi acheté à New York, avec l'aide des amis du musée (SAMO), une toile de Maximilian Lenz, cofondateur de la Sécession viennoise. Il a aussi acquis des meubles et objets de ce courant de l'Art nouveau dans divers endroits.
Orsay s'est également intéressé à l'Italie avec une très belle toile de Giovanni Boldini, "Scène de fête au Moulin Rouge", et une oeuvre monumentale du Klimt italien Vittorio Zecchin, mais aussi à la Grande-Bretagne, à la Scandinavie et à la France.
"Chaque acquisition est une petite aventure, l'objet de beaucoup de discussions, de négociations", note Yves Badetz.
7 ans de réflexion – Dernières acquisitions, Musée d'Orsay, 1 rue de la Légion d'Honneur, Paris 7e
Tous les jours sauf lundi, 9h30-18h, le jeudi jusqu'à 21h45
Tarifs : 11€ / 8,50€
www.musee-orsay.fr
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