Le célèbre marchand d'art et commissaire-priseur Pierre Cornette de Saint Cyr est mort à 84 ans
Commissaire-priseur français très médiatique connu du tout-Paris du marché de l'art, Pierre Cornette de Saint Cyr est décédé, selon la maison de vente éponyme, dimanche 20 août à l'âge de 84 ans à Saint-Tropez (Var), où il résidait. Il avait fondé sa maison de vente aux enchères familiale en 1973, rejoint plus tard par ses deux fils, Arnaud et Bertrand. Elle fut rachetée par Bonhams en 2022.
Pierre Cornette de Saint Cyr s'était spécialisé très tôt dans l'art contemporain et a présidé le Palais de Tokyo à Paris de 2003 à 2012. Il était réputé pour ses ventes liées aux célébrités et celles de charité en France.
Ventes d'exception
Sa maison, établie dans la célèbre avenue Hoche à Paris et chaussée de Charleroi à Bruxelles, a notamment organisé les ventes de collections comme celle de tableaux modernes d'Alain Delon en 2007, de la succession du peintre franco-japonais Foujita en 2011, du mobilier de l'Hôtel Royal Monceau en 2008 ou encore de la collection d'Hélène Rochas en 2016.
Né le 1er janvier 1939 à Meknès au Maroc, ce collectionneur de dessins anciens et de photographies avait entamé des études d'ingénieur avant d'embrasser la profession de commissaire-priseur. Il commence à collectionner des dessins et achète par hasard un dessin de François Verdier, élève et assistant de Charles Lebrun sous le règne de Louis XIV. S'en est suivi une "névrose obscessionelle" de la curation qu'il raconte sur le plateau de Thierry Ardisson lors de la promotion de son livre L'art, c'est la vie.
Rencontres mémorables
Très timide à ses débuts en tant que commissaire priseur, il devient l'une des figures du milieu et organise de nombreuses ventes aux enchères au profit d'organisations caritatives comme Reporters sans frontières. "Pour moi une salle, c'est une seule personne. C'est une femme. Il faut que j'entretienne un procesus de séduction", raconte Pierre Cornette de Saint Cyr sur le plateau de "Tout le monde en parle" avec Thierry Ardisson.
Son parcours est jonché de rencontres exceptionnelles, comme Mère Teresa, Alain Delon ou Johnny Halliday. Pierre Cornette de Saint Cyr organise une vente de charité pour Mère Teresa au Palm Beach de Cannes. Il écrit dans son livre L'art, c'est la vie, qu'il trouve dans le bleu du peintre Yves Klein, la même spiritualité que dans les yeux de Mère Teresa.
Flair de collectionneur
Il raconte aussi l'ascension d'Andy Warhol, personnalité si forte qu'elle en a presque eclipsé son oeuvre : "De son vivant, ses tableaux ne valaient pas cher. J'ai acheté Marylin chez un marchand suisse-allemand qui valait à peine 50 000 francs", raconte t-il sur le plateau de Thierry Ardisson. Le talent de Pierre Cornette de Saint Cyr s'éxerce dans les nombreuses bonnes affaires qu'il dégote tout au long de sa carrière. Il achète ainsi 200 000 francs, l'un des sept panneaux manquant représentant les scènes de la Passion du Christ par celui que l'on appelle le Maître de la Passion de Karlsruhe, nom donné par convention à un peintre gothique du Rhin supérieur qui a peint entre 1435 et 1450. Il revendra ce tableau 28 millions de francs. Le fruit de la vente fut versé aux vendeurs.
Selon lui, un bon collectionneur est avant tout un connaisseur : "il faut savoir, l'art ça s'apprend. Il faut aussi toujours collectionner au dessus de ses moyens. N'achetez que des chefs d'oeuvres", expliquait-il sur le plateau de "Tout le monde en parle".
Bonhams avait racheté la maison familiale en 2022. Cette maison de vente aux enchères britannique dispose de 14 salles de vente dans le monde, dans lesquelles elle organise des ventes physiques et en ligne, et plus de soixante départements dans tous les domaines (impressionnisme, art moderne, art contemporain, art d'Asie, whisky, armes de collection, voitures anciennes, souvenirs de stars, NFTs...).
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