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La réouverture du Musée Gustave Moreau, génie de l'accumulation
Des tableaux partout, jusque dans des meubles à panneaux pivotants ou dissimulés dans de grands placards : après un an de travaux, les visiteurs du musée Gustave Moreau à Paris, très prisé des touristes étrangers, pourront redécouvrir à partir du 22 janvier l'atmosphère mystérieuse voulue par le peintre.
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Temps de lecture : 4min
Reportage : P. Sorgues, O. Badin, A. Le Luhern
Rose ou grenat pour les papiers peints, brun Van Dyck pour les boiseries (autrefois peintes en blanc), les petites pièces du rez-de-chaussée où subsistent encore cheminées et lambris, ont retrouvé la polychromie typique de l’époque, telle que Gustave Moreau (1826-1898) l’avait conçue.
Vénéré au Japon à l’égal d’un Claude Monet, l’artiste avait décidé trois ans avant sa mort de transformer en musée la demeure familiale du 9e arrondissement, pour y conserver quelque 25.000 oeuvres, dont 15.000 de sa main. « Son parti pris est celui de l’accumulation", explique Marie-Cécile Forest, conservateur. L’architecte Albert Lafon transforme alors les deuxième et troisième étages en de grands ateliers reliés par un célèbre escalier à vis. Le 1er étage recrée l’atmosphère de l’appartement familial, des pièces souvent exiguës, encombrées d’objets, de souvenirs, de portraits de ses proches et de tableaux de ses amis Edgar Degas et Théodore Chassériau. Fermé au public depuis 2002 en raison de sa vétusté, le rez-de-chaussée de 80 m2 sera désormais accessible. S’y téléscopent, selon la volonté du peintre, des oeuvres inspirées des maîtres de la Renaissance, comme le monumental "Hésiode et ses muses", et des tableaux plus proches du groupe des Fauves, dont certains représentants - Georges Rouault, Albert Marquet, Henri Matisse - furent ses élèves. Des aquarelles de grand format voisinent avec des peintures mythologiques, telle "Ulysse et les sirènes". Loin des critères muséographiques contemporains, les toiles se serrent sur les murs cadre contre cadre, une présentation qui nécessite des plans de salle pour les visiteurs. Placard aux abstraits
"L’accrochage, rétabli dans son état d’origine, est déroutant, reconnaît Marie-Cécile Forest. Il n’est ni thématique, ni chronologique, mais esthétique". "Il veut suggérer le rêve, c’est un accrochage de correspondance", qui a été fidèlement réalisé par Henri Rupp, exécuteur testamentaire de Gustave Moreau. Un "placard aux abstraits" contient des toiles non figuratives, soigneusement encadrées, sans qu’on sache s’il s’agit d’esquisses ou d’oeuvres définitives. Un autre placard, de grande taille, à peine visible, abrite sur plusieurs épaisseurs des chassis pivotants de papier rouge sur lesquels sont collés des peintures ou dessins. Au rez-de chaussée comme dans les ateliers, des centaines de dessins sont présentés sur des supports muraux et peuvent se feuilleter comme un livre. 647 dessins sont ainsi accessibles dans la salle C, une ancienne salle à manger. Au total, 4.830 dessins sont consultables sur les différents niveaux. "Dans les années 90, on a découvert derrière un tableau un placard contenant 500 calques roulés », raconte Aurélie Peylhard, responsable de la communication du musée. Gustave Moreau conservait tout, y compris ses palettes d’aquarelles - 400 ont été retrouvées - et il a classé avant sa mort tout ce qu’il voulait mettre en réserve, soit 10.000 dessins et 3.000 photos et gravures, qui ont été dépoussiérés en respectant son classement. En revanche, sans doute pris par le temps, il a très peu daté ses oeuvres. Outre l’aménagement du rez-de-chaussée, des réserves et un cabinet d’art graphique, destiné notamment aux chercheurs, ont été créés en sous-sol sous le jardin. Des travaux dont le montant s’est élevé à 2,4 millions d’euros, financés par l’Etat et par les Amis du musée (60.000 euros). Fréquenté par André Breton et Salvador Dali, tous deux influencés par l’oeuvre du maître, le musée Gustave Moreau reçoit aujourd’hui 50% de visiteurs étrangers et parmi eux de nombreux Japonais.
Musée National Gustave Moreau,
14 rue de La Rochefoucauld
75009 Paris
Ouvert tous les jours sauf mardi
Lundi, mercredi, jeudi : de 10h à 12h45 et de 14h à 17h15
Vendredi, samedi, dimanche : de 10h à 17h15 sans interruption
Tarif : 3 à 5 euros
Vénéré au Japon à l’égal d’un Claude Monet, l’artiste avait décidé trois ans avant sa mort de transformer en musée la demeure familiale du 9e arrondissement, pour y conserver quelque 25.000 oeuvres, dont 15.000 de sa main. « Son parti pris est celui de l’accumulation", explique Marie-Cécile Forest, conservateur. L’architecte Albert Lafon transforme alors les deuxième et troisième étages en de grands ateliers reliés par un célèbre escalier à vis. Le 1er étage recrée l’atmosphère de l’appartement familial, des pièces souvent exiguës, encombrées d’objets, de souvenirs, de portraits de ses proches et de tableaux de ses amis Edgar Degas et Théodore Chassériau. Fermé au public depuis 2002 en raison de sa vétusté, le rez-de-chaussée de 80 m2 sera désormais accessible. S’y téléscopent, selon la volonté du peintre, des oeuvres inspirées des maîtres de la Renaissance, comme le monumental "Hésiode et ses muses", et des tableaux plus proches du groupe des Fauves, dont certains représentants - Georges Rouault, Albert Marquet, Henri Matisse - furent ses élèves. Des aquarelles de grand format voisinent avec des peintures mythologiques, telle "Ulysse et les sirènes". Loin des critères muséographiques contemporains, les toiles se serrent sur les murs cadre contre cadre, une présentation qui nécessite des plans de salle pour les visiteurs. Placard aux abstraits
"L’accrochage, rétabli dans son état d’origine, est déroutant, reconnaît Marie-Cécile Forest. Il n’est ni thématique, ni chronologique, mais esthétique". "Il veut suggérer le rêve, c’est un accrochage de correspondance", qui a été fidèlement réalisé par Henri Rupp, exécuteur testamentaire de Gustave Moreau. Un "placard aux abstraits" contient des toiles non figuratives, soigneusement encadrées, sans qu’on sache s’il s’agit d’esquisses ou d’oeuvres définitives. Un autre placard, de grande taille, à peine visible, abrite sur plusieurs épaisseurs des chassis pivotants de papier rouge sur lesquels sont collés des peintures ou dessins. Au rez-de chaussée comme dans les ateliers, des centaines de dessins sont présentés sur des supports muraux et peuvent se feuilleter comme un livre. 647 dessins sont ainsi accessibles dans la salle C, une ancienne salle à manger. Au total, 4.830 dessins sont consultables sur les différents niveaux. "Dans les années 90, on a découvert derrière un tableau un placard contenant 500 calques roulés », raconte Aurélie Peylhard, responsable de la communication du musée. Gustave Moreau conservait tout, y compris ses palettes d’aquarelles - 400 ont été retrouvées - et il a classé avant sa mort tout ce qu’il voulait mettre en réserve, soit 10.000 dessins et 3.000 photos et gravures, qui ont été dépoussiérés en respectant son classement. En revanche, sans doute pris par le temps, il a très peu daté ses oeuvres. Outre l’aménagement du rez-de-chaussée, des réserves et un cabinet d’art graphique, destiné notamment aux chercheurs, ont été créés en sous-sol sous le jardin. Des travaux dont le montant s’est élevé à 2,4 millions d’euros, financés par l’Etat et par les Amis du musée (60.000 euros). Fréquenté par André Breton et Salvador Dali, tous deux influencés par l’oeuvre du maître, le musée Gustave Moreau reçoit aujourd’hui 50% de visiteurs étrangers et parmi eux de nombreux Japonais.
Musée National Gustave Moreau,
14 rue de La Rochefoucauld
75009 Paris
Ouvert tous les jours sauf mardi
Lundi, mercredi, jeudi : de 10h à 12h45 et de 14h à 17h15
Vendredi, samedi, dimanche : de 10h à 17h15 sans interruption
Tarif : 3 à 5 euros
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