"La maison de ma mère", l'exposition intergénérationnelle de Zineb Sedira
Faire vivre les multiples cultures et influences qui ont forgé son identité, c'est ce que recherche Zineb Sedira dans cette exposition. De parents algériens, cette artiste née en France, est partie vivre en Angleterre où elle a donné naissance à une petite fille. C'est aux côtés de sa mère et de sa fille qu'elle apparait sur les clichés. Plus qu'un travail sur la maternité, cette oeuvre interroge la filiation matrilinéaire et la transmission de la mémoire familiale à travers les générations.
Reportage : A. Martiniky / V. Danger / L. Patris de Breuil
Le blanc, couleur de ses origines
Le blanc était omniprésent dans la maison maternelle : sur les broderies, les voilages, les coussins et les vêtements. Le blanc, couleur aussi de l'absence et de la nostalgie. Quand les enfants quittent le foyer familial, on les recouvre de blanc. Couleur du vide de la maison, d'une mère qui pleure ses enfants partis du domicile.Couleur de la séparation, des déchirures, mais aussi de la réparation et de la création, le blanc est une façon pour l'artiste de nous conter ses origines :
Le blanc? Pour moi c'est la couleur de l'Algérie, le blanc de l'Algérie, Alger la blanche...
Zineb SEDIRA, à propos de son exposition "La maison de ma mère"Dans une deuxième partie de l'exposition, le public voyage à travers trois vidéos, oeuvre triptyque qui retrace trois lieux, trois langues et trois générations. Scènes courtes, dans lesquelles l'artiste échange avec sa mère, puis avec sa fille. Ensuite, c'est au tour de la petite-fille d'échanger avec sa grand-mère. Trois générations se retrouvent pour échanger simplement autour de souvenirs d'enfance.
Transmettre, pour ne pas oublier
Dans "Mother and I" (France), Zineb Sedira interroge sa mère sur son passé en français. Sa mère lui répond en arabe. Les questions concernent une époque pas si lointaine mais qui s'est hélas peu à peu effacée de la mémoire de sa mère. Dans la deuxième vidéo, "Daughter and I" (Angleterre), l'artiste continue à parler en français et cette fois, sa fille l'interroge en anglais.
On voit ces trois générations de femmes et on voit la distance entre cette petite-fille et sa grand-mère. On sent un distance créée par le barrage de la langue et de la culture
Responsable du Théâtre Liberté de Toulon
Plus que dans les mots eux-mêmes, la signification de cette oeuvre repose sur les modes de communication. Comment échanger quand le langage impose une barrière difficilement franchissable? Lorsque c'est au tour de la vieille dame d'interroger l'enfant, le dialogue laisse place à un silence. Le silence devient alors plus audible que les mots eux-mêmes. La petite fille, ne comprenant pas l'arabe, finit par regarder vers le bas. Le dialogue flotte pendant quelques instants puis la grand-mère sourit. Sourire, signe de solitude et symbole de la distance géographique et culturelle éloignant ces trois générations.
A découvrir jusqu'au 27 juillet au Théâtre Liberté de Toulon.
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