"La force du dessin" : les grands chefs-d'œuvre de la collection Prat exposés au Petit Palais
184 feuilles de maîtres français composent cette exposition qui présente un concentré de trois siècles de dessin.
"Le dessin, c'est le moment où jaillit l'idée", analyse le collectionneur Louis-Antoine Prat, dans la vidéo de présentation de l'exposition. C'est dans l'ambiance intimiste d'un Petit Palais presque vide que les amateurs de dessin pourront découvrir une des plus importantes collections du genre : les chefs-d'œuvre de la collection Prat. Titrée La force du dessin, clin d'oeil à l'opéra de Giuseppe Verdi, l'exposition parisienne entend proposer une sélection représentative de l'histoire du dessin français de 1580 à 1900. Pari réussi avec cette magnifique collection présentée avec pédagogie, qui ravira néophytes et spécialistes.
Cette collection est le fruit de 45 ans de recherches et d'acquisitions réalisées par le couple Louis-Antoine Prat, ancien chercheur au Louvre, et Véronique Prat, journaliste au Figaro. Elle a déjà voyagé dans le monde entier : au musée du Louvre en 1995, puis à New York, Barcelone, Sydney… Cette nouvelle exposition, "25 ans après celle du Louvre", explique le Petit Palais, est l'occasion de témoigner de la "vitalité de la collection qui s'est enrichie ces dernières années". Une sélection de 184 dessins est proposée, sur les 220 que possèdent les collectionneurs. Parmi ces feuilles, des noms illustres comme Delacroix, Ingres ou Poussin côtoient des moins connus du grand public tels que Laurent de la Hyre, Claude Hoin ou Jean-Baptiste Carpeaux.
Ambiance "salons privés"
Il faut dire que le contexte de jauge réduite offre un cadre idéal pour admirer ces dessins, dont la beauté se dévoile particulièrement dans les détails, et qu'on se plaît donc à admirer de près, sans être gêné par la foule. La scénographie évoque d'ailleurs l'intimité de l'intérieur d'un collectionneur, avec un parcours divisé en plusieurs espaces, imaginé comme une suite de "salons privés".
Chaque "pièce" se concentre sur une époque artistique, reconnaissable par la couleur de ses murs. La déambulation se veut chronologique même si le sens de visite n'est pas évident à identifier de prime abord. Une fois son chemin trouvé, on commence par le XVIIe siècle et le goût des artistes de l'époque pour l'Italie. Le plus ancien dessin de l'exposition date de la fin des années 1580 et est signé François Stella. Dans cette partie comme dans le reste de l'exposition, il y a peu de paysages, mais beaucoup de visages, de scènes ou de détails. Certains sont des travaux préparatoires, études précédant la composition d'une huile ou d'une fresque.
La genèse de grandes oeuvres
Dans ce dernier cas de figure, le visiteur pourra retrouver l'œuvre finale sur le cartel qui accompagne chaque cadre, aux côtés d'une explication plutôt exhaustive. Certains de ces dessins ont servi à la réalisation de peintures aujourd'hui perdues. C'est le cas d'une feuille d'étude de Michel Dorigny, Une muse (Uranie?) et deux putti tenant un globe, avec une reprise de la tête de la muse et une autre étude de figure, préparant le décor du pavillon de la reine au Château de Vincennes.
La déambulation se poursuit comme un petit cours d'histoire de l'art : on passe par le style rocaille, représenté notamment par Antoine Watteau, puis le néoclassicisme avec sa redécouverte de l'Antique, et son tiraillement vers le romantisme. Parmi les grandes signatures : Jacques-Louis David, Théodore Géricault, Jean-Auguste-Dominique Ingres et Eugène Delacroix (particulièrement représenté). Se détachent les figures réalistes de Louis-Léopold Boilly (Portrait de seize hommes), ou encore une sélection d'études d'Antoine-Jean Gros, élève de David, dont le trait se fait plus synthétique. Quelques aquarelles apportent des touches de couleur à cette collection essentiellement en noir et blanc.
Petite surprise en fin de parcours, la collection présente une sélection de dessins d'écrivains, avec notamment des encres de Victor Hugo (à l'origine de plus de 3 000 dessins) ou de Charles Baudelaire (trente oeuvres à son actif). Un espace consacré à l'entrée dans la "modernité" conclut l'exposition : une délicate aquarelle de Paul Cézanne (Les grands arbres) ou encore la sombre et mystérieuse Femme accoudée à un parapet de Georges Seurat sont présentées. A voir et revoir jusqu'au 4 octobre 2020.
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