La collection Morozov a attiré 1,25 million de visiteurs à la Fondation Louis Vuitton malgré la pandémie
La collection russe Morozov, qui s'est achevée dimanche 3 avril à la Fondation Louis Vuitton à Paris, a attiré 1,25 million de visiteurs. Si le chiffre est légèrement inférieur au record de celle établie par la collection Chtchoukine, il est "exceptionnel" en raison de la crise sanitaire, selon la Fondation.
La Fondation a annoncé lundi "une fréquentation record de 1 250 000 visiteurs", légèrement inférieur à celui établi par la collection Chtchoukine en 2016-2017 (1,3 million de visiteurs) mais "exceptionnel" en raison de "l'impact évident de la crise sanitaire" sur la fréquentation. Si un petit pourcentage de visiteurs européens a pu la visiter, Américains et Asiatiques ont été "quasiment absents", a souligné la Fondation.
Pendant un peu plus de six mois, le public a pu admirer, pour la première fois hors de Russie dans cette ampleur, 200 chefs-d'oeuvre de la collection constituée de Van Gogh, Gauguin, Renoir, Cézanne, Matisse, Bonnard, Monet ou Manet ainsi que de peintres russes comme Golovine, Gontcharova, Korovine, Machkov, Malevitch, Melnikov, Répine, Serov... l'une des plus importantes collections d'art impressionniste et moderne au monde.
Trois tableaux retenus en France
En plein décrochage, et alors que les tableaux doivent repartir dans les prochains jours en Russie, la collection a été rattrapée ce week-end par la guerre en Ukraine. Deux oeuvres, dont une appartenant à un oligarque russe, doivent rester en France et une troisième est examinée par les services compétents.
Le premier tableau, un autoportrait de Piotr Kontchalovski, datant de 1912, appartient à Petr Aven, visé par une mesure de gel d'avoirs.
Le second, un portrait de Margarita Morozova du peintre Serov, provient du musée des Beaux-Arts de Dnipropetrovsk, dans l'est de l'Ukraine, et restera en France à la demande des autorités ukrainiennes pour des raisons de sécurité.
Une troisième oeuvre, un portrait du peintre Serov représentant un parent de la famille Morozov, est détenue par une fondation privée liée à un autre oligarque, Viatcheslav Kantor, et fait l'objet d'un examen par les services de l'État. Son sort n'était pas tranché le 11 avril au soir, selon la Fondation.
Coopération culturelle avec la Russie
Intitulée La collection Morozov, Icônes de l'art moderne, en hommage à Mikhaïl et Ivan Morozov, frères et industriels passionnés d'art moderne du tournant des XIXe et XXe siècles, l'exposition présentait en point d'orgue le Salon de musique de l'hôtel particulier moscovite d'Ivan Morozov. Cet ensemble décoratif monumental est composé de sept panneaux commandés par ce dernier en 1907 à Maurice Denis sur le thème de l'Histoire de Psyché (1908-1909), et de quatre sculptures créées par Aristide Maillol, présentés pour la première et seule fois hors du musée de l'Ermitage de Saint-Petersbourg, selon la Fondation.
Initialement programmée jusqu'au 22 février 2022, l'exposition avait été prolongée jusqu'au 3 avril, en raison de son immense succès, soit une durée totale de plus de 6 mois. Avec celle consacrée à un autre grand collectionneur russe, Sergueï Chtchoukine, il y a cinq ans, ce sont "2 550 000 visiteurs" au total qui ont eu accès à des collections russes sans égales, selon la Fondation.
La plupart des oeuvres doivent regagner leurs institutions d'origine, principalement le musée Pouchkine et la galerie Tretiakov à Moscou, ainsi que le musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg.
Même dans le cadre des sanctions européennes, les États membres de l'Union européenne peuvent déroger à l'interdiction de transfert et d'exportation vers la Russie des oeuvres d'art dès lors que ces oeuvres ont été prêtées dans le cadre d'une coopération culturelle officielle avec la Russie, a précisé le ministère.
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