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L'œuvre graphique d'Etienne Robial exposée au Musée des arts décoratifs : découvrez l'art derrière les logos

Le musée des Arts décoratifs rend hommage au travail d'Etienne Robial, le graphiste derrière les logos de Canal+, L’Equipe ou encore le PSG, dans une exposition à voir jusqu’au 11 juin 2023. L’occasion de découvrir les dessous d'un métier de l'ombre.

Article rédigé par Yemcel Sadou
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 6min
La première salle de l'exposition "étienne + robial. graphisme & collection, de futuropolis à canal+" au Musée des Arts décoratifs consacrée à Futuropolis (Musée des Arts décoratifs / Christophe Dellière)

Sans vous en rendre compte, depuis 50 ans vous êtes confrontés au travail du graphiste Etienne Robial. Canal+, M6, RTL9, ou encore le PSG, c’est lui qui se cache derrière l’identité visuelle des grands médias français et autres institutions sportives et culturelles.

Avec l’exposition étienne + robial. graphisme & collection, de futuropolis à canal+, le Musée des arts décoratifs de Paris (MAD) retrace la carrière de ce directeur artistique prolifique et éclectique à travers des affiches, dessins, vidéos, livres et des pièces de mobilier. Graphiste, éditeur, directeur artistique, enseignant et collectionneur, Étienne Robial a marqué le paysage audiovisuel français en inventant le concept d’habillage télévisuel. Participant à la reconnaissance de la bande dessinée d’auteur en fondant la maison d’édition Futuropolis, il revisite et crée les maquettes de plusieurs magazines tels que Métal Hurlant, (A Suivre), Télérama, Les Inrockuptibles et plus récemment, L’Équipe.

L’exposition restitue son univers graphique en faisant dialoguer ses projets professionnels avec des pièces de sa collection personnelle (livres, objets d’art, luminaires, ustensiles de cuisine...). L’occasion de comprendre un métier de l’ombre, celui de graphiste.

Les années Futuropolis

Parmi les nombreuses casquettes d’Etienne Robial, celle d’éditeur de bande dessinée le distingue. En 1972, il reprend Futuropolis, la première librairie au monde spécialisée dans la bande dessinée internationale d’auteur, avec des livres de BD destinés aux adultes. En totale rupture avec les BD pour enfants, il met l’accent sur des longs formats de 48 pages cartonnés ou pelliculés, appelés albums.

Les couvertures des bandes-dessinnées de Futuropolis dans l'exposition "étienne + robial. graphisme & collection, de futuropolis à canal+" au Musée des Arts décoratifs (Musée des Arts décoratifs / Christophe Dellière)

Pour Amélie Gastaut, commissaire de l’exposition et conservatrice en chef au département design graphique et publicité du MAD, ce travail d’éditeur était novateur : "C’est un travail qui nous paraît évident aujourd’hui, mais qui ne l’était pas du tout à l’époque. Il a beaucoup insisté pour faire reconnaître les auteurs de bande dessinée, les formats longs et l’utilisation du noir et blanc." 17 nuances de noir étaient utilisées pour les bandes dessinées de Baudoin ou encore Tardi, qui a réalisé le pari fou d’illustrer le célèbre roman de Céline, Voyage au bout de la nuit. C’est d’ailleurs l’un des albums les plus vendus de Futuropolis.

Forme, couleur, format et alphabet

Au-delà de l’éditeur, l’exposition met un accent particulier sur le travail graphique d’Etienne Robial. "On est l’un des rares musées à faire des expositions de design graphique, en montrant le travail des protagonistes", explique Amélie Gastaut.

De salle en salle, le public est plongé dans l’univers du graphiste. D’abord, ses influences principalement liées au mouvement Bauhaus, comme Gerrit Rietveld. Il reproduit sa Chaise rouge et bleu de 1923, afin de comprendre comment s’emboîtent les tasseaux de bois. Etienne Robial crée à partir de cette chaise l’"alphabet Gerrit" en hommage à Rietveld.

La collection d'objets personnels d'Etienne Robial dans l'exposition "étienne + robial. graphisme & collection, de futuropolis à canal+" au Musée des Arts décoratifs (Musée des Arts décoratifs / Christophe Dellière)

"L’exposition s’appuie sur ce que Robial appelle ses 4 fondamentaux : le tracé régulateur, la forme, la couleur et l’alphabet. Le but est de montrer comment ces fondamentaux l’amènent à collectionner des objets", souligne Amélie Gastaut.

Ecumoires, cafetières et interrupteurs

Dans les vitrines, on retrouve d’anciennes cafetières à dépression de 1924 qui ressemblent à des instruments de chimistes ou des vieux interrupteurs ronds des années 50. Etienne Robial puise son inspiration dans des objets du quotidien. "La vision d’Etienne Robial représente bien celle du musée avec cette idée du beau dans l’utile", analyse la commissaire d’exposition.

Les outils d'Etienne Robial exposés dans l'exposition "étienne + robial. graphisme & collection, de futuropolis à canal+" au Musée des Arts décoratifs (Musée des Arts décoratifs / Christophe Dellière)

Le public comprend progressivement le processus créatif de Robial autour des objets. Il trouve, grâce à eux, des formes originales qu'il emploie directement dans les alphabets qu'il crée. Parmi ses inspirations on retrouve des crochets industriels, des tranches de rails de train SNCF ou des peignes marocains pour tapis.

L’âge d’or Canal+

Le tournant de la carrière d’Etienne Robial reste la rencontre avec Pierre Lescure, l’un des fondateurs de Canal+. Première chaîne privée de France, Canal+ fait une entrée remarquée, notamment grâce à son identité visuelle qui se distingue des autres médias français. "Etienne Robial a repensé l’habillage télévisuel comme une marque. C’est un reste des années 80", sourit Amélie Gastaut.

Les chaînes deviennent des marques avec des logos pensés pour être reconnus en un clin d’œil. Ils sont déclinés en plusieurs couleurs selon les programmes qu'ils incarnent, comme avec le logo M6.

Les objets d'Etienne Robial autour de la création du logo de Canal+ et son identité visuelle, dans l'exposition "étienne + robial. graphisme & collection, de futuropolis à canal+" au Musée des Arts décoratifs (Musée des Arts décoratifs / Christophe Dellière)

"L’expo est assez pédagogique. Le public peut consulter le mode d’emploi des chartes graphiques comme pour les Inrocks. C’est une manière de rentrer dans le processus créatif", explique la commissaire devant des écrans qui diffusent des extraits d’une interview avec Robial.

L’exposition révèle une manière de travailler qui n’existe plus ou beaucoup moins aujourd’hui dans le monde du graphisme. Bien que datée, elle perdure dans le temps comme le prouve le logo de Canal+ qui n’a pas pris une ride depuis 27 ans.

L'exposition "étienne + robial. graphisme & collection, de futuropolis à canal+" au MAD de Paris jusqu'au 11 juin 2023.

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