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Joe Sacco crée une fresque sur la bataille de la Somme à Thiepval
Célèbre auteur de romans graphiques, Joe Sacco a dessiné une fresque de 60 mètres qui constitue la pièce maîtresse du nouveau musée de Thiepval (Somme) ouvert au public mercredi. Elle offre un panorama apocalyptique du premier jour de la bataille de la Somme, le 1er juillet 1916.
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Joe Sacco "honnoré"
Un centre d'accueil et d'orientation était implanté à côté du monumental mémorial britannique de Thiepval. Mais "il manquait un musée sur le territoire consacré à la bataille de la Somme, avec une fenêtre ouverte sur cette première journée de juillet 1916, qui est l'ouverture, entre guillemets, de cette bataille qui a causé des pertes terribles à l'armée britannique, 20.000 tués, 40.000 blessés en une seule journée", explique Hervé François, directeur du musée.Le mémorial reçoit chaque année des dizaines de milliers de touristes du Royaume-Uni, d'Australie, du Canada ou de Nouvelle-Zélande. Aussi, après avoir découvert la bande dessinée de Joe Sacco "La Grande Guerre", la direction du musée a su qu'elle tenait "sa tapisserie de Bayeux", susceptible de montrer au public ce que fut le jour le plus sanglant de toute l'histoire britannique.
Enthousiasmé, Joe Sacco, 55 ans, auteur de "Gorazde" et de "Palestine", a accepté "avec beaucoup d'honneur" que sa vision du 1er juillet 1916 soit représentée sur du verre gravé, lui qui a passé son enfance en Australie, pays où la "Great War" est particulièrement commémorée. "On peut même dire que j'ai plus de livres sur la Première Guerre mondiale que sur n'importe quel autre sujet", confie-t-il.
Une journée en enfer
Mais comment retranscrire l'horreur de la journée inaugurale de cette bataille, qui fit 1,2 million de morts, blessés et disparus, soit plus que la bataille de Verdun, de surcroît sur une période de temps plus courte (cinq mois contre dix) ?Sacco met ainsi en scène 24 heures, de la veille du combat à la fin de la journée. Au début de la fresque, voici Sir Douglas Haig, commandant en chef des armées britanniques, particulièrement soucieux. Il était l'artisan de la théorie du "Big Push", percée décisive, qui devait fendre les défenses allemandes. Les sept jours précédant l'offensive, l'artillerie britannique avait lancé 1,5 million d'obus, censés briser les positions ennemies. Sauf que les mitrailleurs allemands s'étaient terrés dans des tranchées de 12 m de profondeur et qu'un quart des obus n'a jamais explosé.
Sacco montre ensuite les soldats du Commonwealth sortant en souriant des tranchées, d'un pas lent et régulier dans le No Man's land, persuadés de trouver les soldats allemands morts dans les tranchées.
Mais l'échec est total, les mitraillettes allemandes crépitent, dans une horreur parfaitement rendue par le trait précis de Sacco. Cette scène fait aussi froid dans le dos que des passages du "Voyage au bout de la nuit" de Céline, une œuvre ayant également inspiré l'artiste qui vit aujourd'hui à Portland (USA).
"Je pense que toute image est une représentation artistique, et dans ce sens on peut dire que c'est une oeuvre subjective, mais j'ai essayé au maximum de me renseigner sur ce qu'il s'est véritablement passé ce jour là", note Sacco, grand admirateur de Tardi.
Au fur et à mesure de la journée, les tranchées deviennent rapidement encombrées par le flot des survivants. Les blessés s'amoncellent dans les brancards. Des hommes vomissent, en cette journée estivale où l'odeur des cadavres de soldats et des chevaux est épouvantable. La fresque, et la journée, s'achève par des tombes.
Le 1er juillet, la famille royale britannique devrait à son tour découvrir cette fresque et ce musée de 450 m2, où figurent également une salle consacrée aux "Missing" (disparus) et une autre aux as de l'aviation de la Grande Guerre avec une réplique d'un avion de Georges Guynemer.
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