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Japon: au restaurant, les faux aliments en résine font recette

Quand on ne parle, ni ne lit le japonais, commander dans un restaurant au Japon est compliqué. Heureusement, les plats sont souvent en vitrine : ce sont des reproductions parfaites en résine. A Tokyo, des sociétés sont spécialisées dans ce travail de peinture et une rue vend uniquement ces faux plats.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Plat en vitrine d'un restaurant japonais, à Tokyo
 (JAMES HARDY / ALTOPRESS / PHOTOALTO)
Ce katsudon, des tranches de porc frites et panées, ont l'air de sortir de la poêle luisantes de graisse et ce verre de bière semble sortir du frigo avec même un peu de mousse qui dégouline. Quant à ces sushi de thon rouge et de saumon, ils brillent comme du poisson fraîchement pêché. Les fruits, la viande crue persillée, les poissons : tout est tentant mais faux ! 

Des reproductions pour des études pathologiques
A l'origine ce talent d'imitation n'était pas fait pour attirer les consommateurs. "Tout a commencé avec un artisan qui travaillait pour des médecins et fabriquait des reproductions pour des études pathologiques. Il leur confectionnait des organes plus vrais que nature, et par la suite un restaurateur a eu l'idée de lui demander de faire des reproductions de plats, et c'est comme ça que tout est parti", raconte Yasunobu Nose, un journaliste du quotidien Nikkei qui a écrit un livre sur ces faux plats.

On est au début des années 20, et le Japon commence à "sortir pour manger". Les provinciaux qui débarquent à Tokyo ne savaient pas vraiment ce qu'offraient les restaurants de la capitale, d'où l'idée de mettre les spécialités en vitrine.

Une rue à Tokyo spécialisée dans ces illusions gastronomiques
Près d'un siècle plus tard, de nombreux établissements s'y sont mis. "Les Japonais ont développé un menu en trois dimensions", résume Yasunobu Nose. "Comme ça, avant même de franchir la porte, vous savez tout! Ce qu'il y a comme plats dans ce restaurant, la taille des portions, les boissons, le prix, etc." Ces illusions gastronomiques ont même leur rue à Tokyo, la Kappabashi Dori, où, outre les ustensiles de cuisines, des dizaines de magasins spécialisés regorgent de milliers de ces faux plats.

Mais il n'est pas évident de faire saliver devant un plat de sushis en plastique, ou de faux tempuras (beignets de légumes ou de crevette par exemple): ils doivent donner l'illusion virtuelle du frais, du croustillant, du moelleux...

Des artisans peignent les aliments en résine 
Iwasaki, une des principales sociétés spécialisées, a une armée d'artisans qui peignent à la main ces aliments en résine. Certaines reproductions élaborées peuvent se vendre jusqu'à 100 dollars. Des restaurateurs peu fortunés peuvent toutefois louer, par exemple, un faux hamburger pour 6 dollars par mois. "Nos principaux clients sont évidemment les restaurateurs, mais les particuliers en raffolent de plus en plus", explique Takashi Nakai, un porte-parole de la société.
 
Le rendu trop parfait d'un plat peut avoir l'effet inverse
"Quand je vois ça, ça me donne tout de suite l'idée que je ne vais pas aimer", dit Elda Rozencvaag, un touriste israélien. "Ca a l'air trop bizarre, il y a trop de détails, même plus que sur le vrai plat", dit-il. Alberto Pellegrini, trouriste italien, lui, trouve ça génial, même si parfois il a tout de même un petit doute sur ce qu'on va lui amener. "Je pense que ça doit être du poisson", dit-il en pointant du doigt un plat en vitrine. "Et ça, ça ressemble à une omelette, mais va savoir". C'était un gâteau de poisson! 

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