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Exposition "Barvalo" au Mucem à Marseille : un autre regard sur les Roms, Manouches et Gitans, ces populations romani d'Europe

Jusqu'au 4 septembre 2023, le Mucem consacre une exposition à l'histoire et à la diversité des populations romani d'Europe. L'occasion de découvrir des aspects méconnus et de déconstruire des préjugés tenaces sur ces populations.
Article rédigé par Léna Thobie-Gorce
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
En 1912, la France a instauré un carnet pour identifier et recenser les populations nomades. (France 3 Provence-Alpes : M. Frey / G. Carra / E. Pirosa)

Sainte Sarah, Charlie Chaplin ou encore Django Reinhardt... tous les trois ont un point commun : ils sont issus des populations romani d'Europe. Des peuples que le musée marseillais du Mucem a décidé de mettre en lumière à travers l'exposition Barvalo, qui signifie "riche" mais aussi "fier" en langue romani. 

Expo mucem
Expo mucem Expo mucem (France 3 Provence-Alpes : M. Frey / G. Carra / E. Pirosa)

L’exposition, qui réunit près de 200 œuvres, a été conçue par des membres de la communauté (Roms, Sinti, Manouches, Gitans, gens du voyage) mais aussi par des "gadjos", personnes non romani, issues de différentes nationalités. Elle se divise en plusieurs parties consacrées à l’histoire et aux identités plurielles des populations romani d’Europe.

Des préjugés tenaces

Du Moyen-âge jusqu'à aujourd'hui et de leur départ de l'Inde jusqu'à leur arrivée en Europe de l'Ouest, Barvalo présente des parcours et des portraits de ces populations. "Les plus anciennes arrivées datent du 15e siècle, certaines familles vivent là depuis le 15e siècle donc la France et notamment Marseille, c'est le bon endroit pour faire cette exposition", explique Julia Ferloni, co-commissaire de l'exposition Barvalo.

L'autre versant de l'exposition explore les idées reçues à propos de ceux qu'on appelle sommairement "les gens du voyage". "Que ce soient des préjugés positifs : ce sont des musiciens, ils sont libres, les femmes sont belles ou bien des préjugés négatifs : ce sont des voleurs, etc. Tout l'enjeu pour nous, c'est de faire sentir aux visiteurs qu'il y a des préjugés et donc qu'il faut réviser son jugement pour ne pas réactiver ces préjugés. Il ne faut pas leur donner du corps", conclut Julia Ferloni.

Persécutés depuis des siècles

L'histoire des populations romani d'Europe ne pourrait se raconter sans parler de l’antitsiganisme qui perdure depuis plus d'un demi-millénaire. Parmi les documents exposés au Mucem, on retrouve par exemple un carnet anthropométrique avec photographies et prises d'empreintes établi en 1912 afin de ficher les populations nomades. 30 ans plus tard, la Seconde Guerre mondiale éclate et les Tziganes, comme les Juifs, sont la cible des nazis.

"Ils ont été tués dans les camps de la mort, ils ont aussi été internés et déportés en France et ailleurs. Malheureusement, il y a trop peu de gens qui sont au courant de ce qui s'est passé. Il y a des sites mémoriels, mais il y en a très peu et ils sont peu connus", raconte Jonah Steinberg, co-commissaire de l'exposition Barvalo.

Pendant la 2de Guerre mondiale, les Tziganes ont été la cible des nazis. (France 3 Provence-Alpes : M. Frey / G. Carra / E. Pirosa)

Dans une autre partie de l'exposition, le musée propose une réflexion sur les notions d'appartenance et d'identité, révélant ainsi l’absurdité de l’essentialisation de l’Autre quand elle est poussée à son extrême. L’artiste Gabi Jimenez propose ainsi le Musée du gadjo, où l'on découvre la "gadjologie", une science imaginaire et parodique qui se ferait l’écho d’une perception romani.

"Barvalo". Mucem à Marseille. Jusqu'au 4 septembre 2023. Plus d'informations sur le site du musée

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