Eduardo Kobra crée une fresque géante pour les JO de Rio
Hissé sur une grue à 20 mètres du sol, spray en main, Kobra passe ses journées à pulvériser des couleurs sur le mur qui lui sert de toile. Depuis une semaine, tous les jours de 8h à 19h, l'artiste et son équipe peignent la fresque de 3000 m2 avec de l'acrylique, du vernis et des sprays de peinture. Elle devrait être prête à la fin du mois à quelques jours de l'ouverture des JO, le 5 août. "C'est sans doute la plus grande peinture murale du monde et à la fin du travail, elle devrait entrer dans le livre des records Guinness", a déclaré ce jeudi l'artiste de 40 ans à l'AFP.
Les 5 visages de l'humanité pour plus de tolérance
Sur l'œuvre, les cinq continents sont représentés par cinq visages au nombre des anneaux olympiques: un Karen de Thaïlande pour l'Asie, un Huli de Papouasie-nouvelle-Guinée pour l'Océanie, un Indien Tapajo d'Amazonie brésilienne pour l'Amérique, un Tchouktche de Sibérie pour l'Europe et un Mursi d'Éthiopie pour l'Afrique. "Il y a une intolérance croissante dans le monde, comme en Europe où les gens rejettent les réfugiés, le différent. J'espère que cette fresque, dans l'esprit olympique des Jeux, aidera à rappeler que nous sommes tous différents mais qu'au fond nous sommes tous Un : l'espèce humaine", a-t-il expliqué.Avant de commencer à peindre l'œuvre justement intitulée "Nous sommes tous Un", l'équipe de l'artiste a passé 15 jours à préparer la superficie du mur d'un ancien dock en bouchant les trous et en le peignant de blanc, pour servir à de fond à la fresque multicolore. Le mur choisi est emblématique de ce quartier rénové où arrivent tous les paquebots touristiques en bordure de la baie de Rio et où passe le tramway flambant neuf. Visibilité maximum donc. Non loin de là se trouve le "Musée du Lendemain" de l'architecte espagnol Calatrava qui s'érige en symbole de la rénovation de la zone portuaire pour les JO.
La passion du tag depuis l'enfance
Peindre, Kobra le fait depuis l'âge de 12 ans quand il a commencé à taguer son nom sur les murs de son quartier pauvre de São Paulo, Campo Lindo. A l'époque, pour lui, "la rue est le moyen de se sociabiliser, de se distraire et aussi de protester contre l'exclusion". "Peindre c'est tout ce que je sais faire. Je suis autodidacte. Je me suis rendu compte que j'avais une certaine habileté pour ça mais je peignais seul et je souffrais des préjugés de ma famille", raconte Kobra qui ne peint aujourd'hui "qu'avec des autorisations".C'est à partir de 2005 que son travail devient international. Il a peint sa première œuvre à l'étranger "dans la ville française de Lyon, sur un mur d'immeuble". "Après, ça ne s'est plus arrêté". Ses peintures murales géantes et très colorées qui ravivent l'histoire du lieu, "sont présentes dans plusieurs villes des Etats-Unis, en Pologne, en Russie, en Suède, au Mexique, au Japon, dans les Émirats arabes, et à Tahiti".
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