Dynamo : lumière et mouvement animent l'art au Grand Palais
Lumière ! On est accueilli (et ébloui) par une rafale de néons disposés verticalement et s’allumant les uns après les autres. "Voltes III" (2004) de John Armleder ouvre l’exposition qui occupe exceptionnellement la totalité des 3700m2 des Galeries nationales du Grand Palais. Juste après, ce sont trois grands miroirs en forme de paraboles rouge et noir d’Anish Kapoor (Untitled, 2008), dans lesquels on se voit à l’envers.
Lumière encore avec les ampoules intermittentes de "Light Corner" (2001) de Carsten Höller. Ou le "Triple X" de néons de François Morellet.
Ce sont donc des œuvres contemporaines qui ouvrent le parcours, tandis que les pionniers comme Calder et ses mobiles ou les films abstraits du Bauhaus fermeront la marche.
Reportage de D.Wolfromm, C.Cormery, JP Bosch, C.Desse
Reportage de M. Berrurier, F. Blévis, B. Vidal : Lumière, mouvement, vision
Entre les deux, l’exposition se décline par thèmes, faisant une grande place aux arts cinétique et optique, qui se sont intéressés au premier chef à la vision et au mouvement. Des courants qui reviennent en force dans les musées puisque Julio Le Parc est exposé en ce moment au Palais de Tokyo, Jesus Rafael Soto au Centre Pompidou, les artistes du GRAV (Groupe de recherche d’art visuel) bientôt à Rennes.
Plus de 200 œuvres réalisées par quelque 140 artistes ont été choisies pour l’exposition qui est "consacrée aux artistes abstraits qui ont choisi d’utiliser la lumière et le mouvement en s’appuyant sur l’expérience de l’oeil", comme le résume le commissaire général Serge Lemoine dans le catalogue. Elle fait appel aux yeux et aussi, dans un sens plus large, aux perceptions du visiteur.
Les expériences sensorielles peuvent être fortes, d’ailleurs, puisques les personnes souffrant d’épilepsie sont mises en garde contre des lumières particulièrement violentes et les claustrophobes sont dissuadés d’entrer dans l’espace clos où l’artiste belge Ann Veronica Janssens déploie un épais brouillard artificiel teinté par des filtres ("Daylight Blue, Sky Blue, Medium Blue, Yellow"), qui peut oppresser.
En noir et blanc et en couleur
Les cercles concentriques se déforment, créant des effets d’optique, comme dans cet "Objeto ritmico" de Mauricio Noguera Lima où seul le centre est stable.
Les rayures en noir et blanc au contraste optimal sont un motif privilégié. Mais les couleurs sont là aussi : Carlos Cruz-Diez fait tourner des plaques de plexi de couleurs différentes ou investit l’espace avec des néons verts, rouges, bleus ("Chromosaturation", 1965).
L’interactivité ne date pas d’aujourd’hui : certaines œuvres invitent à être manipulées par le public, comme "Bicho" (1969) de la Brésilienne Lygia Clark. Malheureusement, ici, il est protégé par un cube de verre et la manipulation n’est évoquée qu’en vidéo.
Espace, labyrinthe et couloir
Au chapitre du mouvement, de simples ventilateurs font tenir en l’air des bandes magnétiques ("Beyond the Fans" de Zilvinas Kempinas) ou soulèvent un voile bleu (Blaues Segel de Hans Hacke, 1967-68).
La deuxième partie de l’exposition est consacrée plus particulièrement à l’espace, où dédales, couloirs et sombres réduits se succèdent. James Turrell nous fait tourner dans l’obscurité pour finalement nous laisser devant une lueur rouge incertaine. Le couloir lumineux de Bruce Naumann est inaccessible, trop étroit, on n’atteindra jamais le miroir qui le conclut. On est invité, au contraire, à se plonger dans un "Pénétrable" bleu, cube de fils de plastique verticaux, de Jesus Rafael Soto.
Et devant "Triangular Solid with Circular Inserts" de Dan Graham, qui joue avec des miroirs, des vitres et des vides, on ne sait plus très bien ce qui est reflet et ce qui est réellement devant soi.
Le "Labyrinthe", œuvre collective du GRAV créée pour la Biennale de Paris de 1963, a été reconstitué : il enchaîne des cellules où le visiteur est plongé dans des effets visuels et physiques, comme un obstacle fait de grandes lamelles réfléchissantes. "Défense de ne pas participer, défense de ne pas toucher, défense de ne pas casser", proclament ses créateurs.
"L'intérêt majeur de cette exposition est de proposer des oeuvres ouvertes, qui montrent que la sensation peut faire plaisir autant aux enfants qu'aux personnes âgées", se réjouit Matthieu Poirier, commissaire de l'exposition. Elle est en effet suffisamment ludique et surprenante pour que tout le monde y trouve son compte. Un peu longue peut-être ?
Des œuvres ont été créées spécialement pour le Grand Palais, comme le grand mobile de Xavier Veilhan, fait de ballons bleus suspendus au-dessus de l’escalier. Et une sculpture de brume de Fujiko Nakaya dans la fontaine du square Jean Perrin.
Dynamo, un siècle de lumière et de mouvement dans l’art, 1913-2013, Grand Palais, avenue Winston Churchill, Paris 8e
Tous les jours sauf le mardi et le 1er mai, 10h-20h, nocturne le mercredi jusqu’à 22h, le 14 juillet 14h-20h et le 30 mai jusqu’à 17h seulement
Du 10 avril au 22 juillet 2013
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