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#Culturecheznous : après leur fermeture, les musées et bibliothèques s'organisent sur la toile pendant le confinement

A la suite des mesures de confinement, les musées et bibliothèques ont dû prendre un virage tout numérique. 

Article rédigé par Manon Botticelli
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Image d'illustration -  Les musées et bibliothèques en France en tout numérique pendant le confinement.  (RAMIL SITDIKOV / SPUTNIK)

Si vous traînez sur les réseaux sociaux ou les sites des musées, vous avez sûrement croisé ce nouveau hashtag : #Culturecheznous. Lancé par le ministère de la Culture le 18 mars, au lendemain des mesures de confinement prises par le gouvernement, #Culturecheznous veut pallier la fermeture des lieux culturels.

Le ministère a regroupé sur un site différentes offres culturelles numériques gratuites, classées en trois catégories : parents, enfants et tous publics. "Parce qu’elle nous permet de lire le monde et de mieux nous connaître nous-même", la culture "peut nous aider à mieux vivre l’épreuve collective que nous traversons", argue le ministre Franck Riester.

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Certaines institutions n’ont pas attendu cette initiative, en anticipant leur fermeture avant l’annonce du confinement. "On a réagi immédiatement, la veille des annonces du gouvernement, en adaptant notre communication", expose Marie Ganas, directrice communication au Centre des monuments nationaux (CMN), qui dispose d’une page #Culturecheznous sur l’accueil de son site web.

Opération grand tri

Néanmoins, la fermeture des lieux culturels a demandé une certaine organisation aux institutions qui sont passées, du jour au lendemain, au tout virtuel. Première étape : le tri. "Nous avons commencé par un recensement exhaustif de nos contenus", explique Claire Séguret, responsable Internet et réseaux sociaux à la Bibliothèque nationale de France (BnF). Un travail de longue haleine pour cette institution qui dispose de plusieurs millions de documents numérisés (livres, presse, partitions…), des sites web d'exposition et même des jeux vidéo.

La bibliothèque a, dans un premier temps, privilégié les contenus pédagogiques, alors que toutes les écoles et universités ont dû fermer. "L’urgence était d’aider les parents et les professeurs", continue Claire Séguret. "On va maintenant essayer d'amener plus d'humain dans nos publications", avance-t-elle. 

Même organisation chez Paris Musées (Musée Carnavalet, Musée de la Libération de Paris, Musée Cernuschi …), qui après avoir listé les contenus déjà en ligne, entend maintenant proposer de nouvelles ressources en recomposant celles existantes. De son côté, le CMN compte également enrichir son offre avec de nouvelles visites virtuelles : Arc de triomphe, Alignements de Carnac, Sainte Chapelle, Conciergerie ...

Les musées et bibliothèques n'ont pas démarré de zéro. Ils ont, pour la plupart, emmagasiné un stock de contenus numériques conséquent. "Les institutions culturelles ont pris tôt le virage Internet en France", analyse Isabelle Reusa, consultante en stratégie numérique et innovation auprès d’acteurs culturels. "Nous avons des bibliothèques et des musées qui ont une vraie culture de la donnée pour le net", continue-t-elle.  

Bons sur les réseaux sociaux, moins sur les sites 

Avec #Culturecheznous, les institutions ont avant tout donné rendez-vous à leur public sur les réseaux sociaux, en diffusant images et anecdotes sur leurs collections, vidéos, quiz et défis à l’adresse des internautes. Cette présence sur les réseaux sociaux était déjà importante avant le confinement. Par exemple, le musée du Louvre compte 1,5 million d'abonnés sur Twitter. C'est cinq fois plus que le compte du ministère de la Culture. 

Nous avons gagné plus de 60% d’engagements sur Twitter, alors qu’on a changé notre stratégie de communication du jour au lendemain

Philippe Rivière, directeur du service numérique de Paris Musées

Isabelle Reusa souligne à ce sujet un paradoxe : "Les musées sont dans la conservation et la valorisation de collections dans le temps long. Sur les réseaux sociaux ils sont dans l’instant. Sur une plateforme comme Twitter tout est écrasé par le flux incessant", analyse-t-elle. 

Mais la consultante en stratégie numérique et innovation note que les sites web de certaines grandes institutions françaises peinent à mettre en valeur des contenus numériques pourtant présents en grand nombre. "Les contenus peuvent se retrouver dans une arborescence souvent cachée", explique-t-elle, affirmant que le problème n’est pas que financier, certains musées à petit budget pouvant se montrer très innovants. Des initatives sont à souligner, comme la publication d'images libres de droit qui permet de créer du lien sur différents sites, de favoriser la découverte et l'apprentissage. 

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Mobiliser les internautes

Pour les musées, garder le public connecté est important, d’abord pour assurer une "mission de service public", mais aussi penser à l’après-confinement. "Plus les gens apprécient nos contenus à distance, plus ils auront envie d’en faire l’expérience une fois le confinement terminé", explique Claire Palué, responsable numérique au MuMa le Havre, musée d'Art moderne André Malraux, dont le site propose une belle variété de contenus : sites monographiques, expositions en ligne, oeuvres commentées …

Capture d'écran du site monographique consacré au peintre Eugène Boudin, sur le site Muma Le Havre.  (Muma Le havre)

Sur les réseaux sociaux, le MuMa entend mobiliser ses internautes, les invitant à composer avec les œuvres numérisées du musée. "Nous avons pour projet de présenter physiquement sur les outils numériques de l’exposition Nuits électriques les productions qui nous seront envoyées pendant le confinement", dévoile Claire Palué.

Le confinement va-t-il laisser sa marque sur la communication des musées ? Pour beaucoup il s’agira de trouver un compromis entre la promotion des expositions physiques et le maintien de certains "rendez-vous" virtuels mis en place sur les réseaux sociaux pendant le confinement. "On dit qu’après le confinement rien ne sera pareil. Je pense que pour notre stratégie numérique ce sera la même chose", conclut Philippe Rivière. 

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