Colette, femme atypique et multiple, à l'Abbaye Saint-Germain
C'est au moment où elle se sépare de son premier mari que Colette découvre les autres facettes de son talent. Mariée depuis 1893 à Henri Gautghier-Villars dit "Willy", elle va s'éloigner de lui progressivement après s'être fait connaître avec la série des "Claudine". En 1906, elle prend ainsi des cours de pantomine avec Georges Waag, un comédien célèbre dans l'art du mime. Durant les quatre années qui vont suivre, elle est à ses cotés sur les scènes parisiennes. En 1907, elle crée le scandale au Moulin Rouge dans un pantomine intitulé "Rêves d'Egypte" où elle apparaît dans un déshabillé très léger. Mais l'écriture restera toujours au coeur de sa vie même pendant cette période où elle sera comédienne. La preuve avec "La Vagabonde" écrit en 1910 et qui se verra attribuée trois voix par le jury du Prix Goncourt.
Durant cette période, elle écrit aussi pour le journal La Vie parisienne puis pour Le Matin. Le rédacteur en chef s'appelle Henry de Jouvenel. Il devient l'amant de Colette puis son deuxième mari. C'est avec lui qu'elle aura son unique enfant, une fille prénommée Colette elle aussi mais surnommée "Bel Gazou". Jusqu'en décembre 1923, l'écrivain sera donc aussi journaliste et directrice littéraire de ce quotidien. Au sein du Matin, elle tient une chronique dramatique, revient sur les nouveautés littéraires et lit aussi des manuscrits qui nourrissent sa rubrique "Mille et un matins". Colette collaborera aussi au Figaro, avec une rubrique dominicale intitulée "L'Opinion d'une femme". En 1925 elle rédige aussi le livret d'un opéra de Maurice Ravel "L'Enfant et les sortilèges" qui connaîtra le succès auprès du public. Moindre sera celui de cet institut de beauté ouvert en 1932 au 6 rue de Miromesnil à Paris.
Colette était coquette, aimait la mode et le maquillage auquel elle fut initiée grâce au music-hall. Dans cet institut, elle proposait ses propres cosmétiques à base de coings et de concombres et ses parfums, essentiellement composés de fleurs blanches comme le jasmin, la tubéreuse et le gardénia. Elle maquillait aussi elle-même ses clientes. Si cette aventure ne dura pas longtemps, elle marqua pourtant Colette qui écrivit alors : " Je n'ai jamais donné autant d'estime à la femme, autant d'admiration que depuis que je la vois de tout près, depuis que je tiens, renversé sous le rayon bleu métallique, son visage sans secret, riche d'expression, varié sous ses rides agiles, ou nouveau et rafraîchi d'avoir quitté un moment sa couleur étrangère. Ô lutteuses ! c'est de lutter que vous restez jeunes. Je fais de mon mieux mais comme vous m'aidez !". On peut être étonné par cette incursion de Colette dans le monde superficiel de la mode et du maquillage. Et pourtant, c'était une façon pour la femme de lettres de rendre hommage aux femmes, à leur combat car en se fardant écrivait-elle encore "la femme récupère, grâce à son mensonge quotidien, une quotidienne dose d'endurance et la fierté de n'avouer jamais."
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