MuMo : un musée mobile exposant des œuvres du Centre Pompidou sillonne les routes de l'Hexagone
Sur le parking d'une école de Verdun, inoccupé pendant les vacances, un camion et une grande remorque sont stationnés. Une fois cette dernière déployée, un sas d'entrée rouge précède une véritable salle de musée d'environ 45 mètres carrés. Mercredi 3 janvier, à 16 heures, alors que le musée doit ouvrir ses portes au public, une dizaine de personnes attendent déjà, impatientes de découvrir ce que contient cette exposition baptisée La Caravane du bizarre. Myriam Stellato, habitante de la ville, n'a jamais eu l'occasion de visiter le Centre Pompidou de Paris. "S'il se déplace un petit peu dans un camion mobile, ça peut être intéressant d'aller voir les œuvres", explique-t-elle à l'AFP.
En général, il est compliqué pour cette retraitée de 68 ans de se rendre dans des musées, particulièrement parisiens : "Il y a les déplacements qui sont toujours un peu problématiques", dit-elle. Mais là, "le musée vient à nous". Marie-Claire Louis, Verdunoise de 71 ans, dit avoir été "interpellée" par le concept du musée mobile, qu'elle a trouvé "bien aménagé, bien conçu", alors qu'elle n'a "pas l'occasion d'aller tout le temps à Paris ou au Centre Pompidou". Michelle Périchon, elle aussi retraitée, s'attendait toutefois à découvrir "plus d'œuvres", même si "dans un endroit comme ça, ça aurait été brouhaha".
Une dimension sociale
Ingrid Brochard, fondatrice du premier musée mobile (MuMo) il y a une quinzaine d'années, explique la genèse de ce projet : "Quand j'étais petite, j'ai habité des zones rurales, et je n'ai pas eu l'occasion d'aller au musée, au théâtre, à l'opéra... Par contre, j'attendais avec impatience le Bibliobus", le camion venant prêter des livres aux enfants. Naît alors l'idée de reproduire le concept avec un camion-musée, qui viendrait dans les zones rurales : "Ce ne sont pas les enfants qui se déplacent vers le musée, mais le musée qui se déplace à eux."
Le camion apporte aussi une "dimension sociale", où "tout le quartier est invité à venir échanger autour des œuvres d'art", poursuit Ingrid Brochard. "Certains enfants ou même adultes n'ont pas forcément la chance, le privilège d'aller à Paris, au Centre Pompidou, voir les œuvres", acquiesce Fabrice Perrin, directeur d'un centre de loisirs tout proche, dont une vingtaine d'enfants ont découvert le MuMo mercredi. À Verdun, "on a d'autres formes d'art" comme la musique, mais "c'est assez innovant" de voir "ce genre d'art" moderne et contemporain, ajoute Fabrice Perrin. Le musée mobile réalise 30% de ses étapes dans des communes de moins de 2 500 habitants.
Une découverte libre
Le musée mobile va aussi dans les quartiers perçus comme sensibles et "là où il y a de la demande", explique Ingrid Brochard. Des activités sont prévues avec les enfants, ainsi que des portes ouvertes au public, toujours gratuitement. "Un des freins qui empêche les gens d'aller au musée est le prix", en plus de la distance géographique et de la "barrière psychologique", selon la fondatrice.
Au MuMo, il n'y a pas de cartel explicatif à côté des œuvres, permettant à chacun de les découvrir librement, mais des médiatrices sont présentes pour répondre aux questions. La remorque transportant cette salle de musée, où les œuvres restent accrochées même lorsqu'elle est repliée durant les trajets, a été conçue spécialement et doit respecter des normes d'hygrométrie et de sécurité nécessaires au transport des œuvres. Elle coûte à elle seule 600 000 euros, financés par un mécène du MuMo, Art Explora.
Les frais de fonctionnement de ce musée ambulant sont pris en charge par l'État et les collectivités territoriales. Après ses passages dans les Vosges, à Marseille, dans l'Aube ou dans la Meuse, le MuMo terminera sa tournée automnale le 13 janvier à Massy dans l'Essonne, avant de visiter d'autres régions de France avec une nouvelle exposition.
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