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Au Centre Pompidou, des collections d'art moderne plus accessibles

Plus didactique, plus fluide, plus ouverte sur la ville, la nouvelle présentation des salles d'art moderne (1905 - 1965) du Centre Pompidou "veut donner des repères parce que le public en a besoin", explique le directeur du musée Bernard Blistène. Ouverture au public le mercredi 27 mai.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Centre Pompidou : une nouvelle présentation des collections d'art moderne
 (AFP)

Entrée transférée du 4e au 5e étage, accès désormais autorisé aux terrasses, construction de six nouvelles salles, création de "salles-dossier" renouvelées tous les six mois : c'est une transformation d'envergure que connaît le musée d'art moderne (Mam), l'un des plus riches au monde avec plus de 100.000 pièces au compteur. "On a travaillé la transparence, on a fait des percées dans les salles, fait tomber par mal de cimaises intermédiaires, on a tenté de simplifier les choses", souligne Bernard Blistène.

Parcours dans le sens de l'histoire

Au final, un an de travail pour les équipes du musée, qui retrouve de vivifiantes perspectives avant son ouverture au public mercredi. "Ce qui est génial dans ce bâtiment, c'est le rapport à la ville", ajoute le directeur du Mam. "Renzo Piano et Richard Rogers, les architectes du centre, jugeaient fondamental que la rue entre dans le bâtiment".

Déployé sur une quarantaine de salles, le parcours est historique et organisé en grands ensembles. Une première séquence va du fauvisme au réalisme en passant par le cubisme, l'abstraction, le Bauhaus, Dada et le surréalisme. La séquence suivante couvre les abstractions gestuelles de l'après-guerre, le matiérisme et les nouvelles avant-gardes (Pop Art, Fluxus, Nouveaux réalistes, Lettrisme...).

"On a essayé de ne pas trop montrer, mais de bien montrer", dit Bernard Blistène, qui a profité à plein de la richesse de la collection pour constituer au sein des séquences des salles monographiques : Matisse avec notamment le grand collage "la Jérusalem céleste", Braque, Picasso, Kandinsky, Frantisek Kupka, Dubuffet....
Jean DUBUFFET, Dhôtel nuancé d’abricot, 1947 Huile sur toile, 116 x 89 cm Achat avec la participation de la Scaler Foundation, 1981 Centre Pompidou, musée national d’art moderne MNAM-CCI/Dist. RMN-GP 
 (Bertrand Prévost, Centre Pompidou)

"Il faut qu'il y ait un jeu d'écho entre les salles, les articuler les unes aux autres", souligne Bernard Blistène, qui a aussi tenté des mises en relation de certains artistes : Dubuffet et Giacometti, dont la "dimension burlesque n'est pas toujours perçue", ou l'américain Ellsworh Kelly et le français François Morellet, tous deux précurseurs du minimalisme, qui se sont connus à New York.

Des "salles-dossier"

Principale innovation, des "salles-dossier" jalonnant le parcours et consacrées jusqu'à la mi-2016 à des historiens et des critiques d'art. "La seule chose que je revendique dans cet accrochage, c'est d'avoir ramené l'histoire de l'art et la critique comme un élément central de l'appréciation et du jugement", dit Bernard Blistène.

Certains de ces "passeurs" sont méconnus comme Georges Duthuit, spécialiste de Matisse, d'autres un peu oubliés comme Michel Ragon, d'autres encore très célèbres, comme Apollinaire ou André Breton, dont le "mur d'objets" a été réinstallé avec désormais le bureau de l'écrivain et une grande sculpture océanienne.

Une tablette numérique permet d'en savoir plus sur chacune des pièces de ce cabinet de curiosités. A côté de Breton, "part élégiaque du surréalisme", une salle est dédiée à celui qui en est la "part maudite", Georges Bataille.

Redonner sa place à la critique

Les traverses, étroits passages perpendiculaires aux salles, sont elles aussi consacrées à l'histoire de l'art à travers des écrivains (Blaise Cendrars) ou des rencontres (Brancusi et Moholy-Nagy). "Il faut se battre pour rétablir la place de la critique, redonner un peu de sens à une époque qui surtout n'en veut pas", assure Bernard Blistène.

En fin de parcours, une salle est réservée à l'architecture, avec pour l'inaugurer des meubles et des structures de Jean Prouvé. Une autre rendra tous les deux mois hommage à un artiste : premier invité, Barnett Newman.
Jean Prouvé
 (Philippe Migeat, Centre Pompidou / Adagp, Paris 2015)
Dans la grande coursive qui traverse le musée de part en part, sont alignés des chefs d'oeuvre illustrant toute la diversité de la sculpture du début du XXe siècle, entre "Le Cheval majeur" de Duchamp-Villon et "Berger des nuages", le pépin géant de Jean Arp. Devant la grande baie vitrée donnant sur les toits, des spécialistes sont en train de dresser une "Colonne sans fin" de Brancusi.

Centre Pompidou

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