Au Cap, des silos à grains transformés en musée d'art contemporain africain
"Le marché est en plein essor, des artistes d'Afrique participent à toutes les grandes biennales, les grands galeristes et les collectionneurs s'intéressent aux artistes d'Afrique", explique-t-il à l'AFP en faisant visiter le chantier.
Situé à deux pas de l'embarcadère où les touristes se rendent sur l'ancienne île-bagne Robben Island où fut emprisonné Nelson Mandela pendant 18 ans, le musée rassemblera des oeuvres du XXIe siècle. La collection d'art africain de Jochen Zeitz, accumulée depuis 2002, en formera l'exposition permanente. Actuellement dispersée entre l'Afrique du Sud, l'Espagne, les Etats-Unis, le Kenya et la Suisse, c'est l'"une des collections les plus représentatives de l'art contemporain d'Afrique et de sa diaspora", remarque Mark Coetzee. L'homme d'affaire allemand -ancien président de Puma, et aujourd'hui administrateur de Kering- l'a prêtée à perpétuité. Il s'est engagé à prendre en charge les coûts de fonctionnement du musée et à financer de nouvelles acquisitions. "Je pense que vous pouvez dire que quand il sera achevé, ça sera le plus grand musée en Afrique et dans le monde entier qui met l'accent sur la pratique de l'art contemporain africain" avec 6.000 m2 de surfaces d'exposition, s'enthousiasme le conservateur, ancien directeur de la Rubell Family Collection de Miami.
En plus de la collection permanente, le Zeitz MOCAA abritera des expositions temporaires. Il comprendra des centre éducatifs pour les enfants des écoles et les jeunes conservateurs de musées...Le chantier est estimé à 34 millions d'euros.
La fondation du Zeitz MOCAA est importante pour l'Afrique du Sud, un pays où tout ce qui était tout authentiquement africain a été relégué au second rang pendant des décennies, souligne Mark Coetzee, lui-même sud-africain. Il s'agit de "réinventer un musée dans un contexte africain, et (de) célébrer une Afrique qui préserve son propre héritage culturel, écrit sa propre histoire et se définit selon ses propres termes", relève le conservateur.
L'architecte britannique Thomas Heatherwick : "profiter de la tubitude"
Thomas Heatherwick, auteur notamment de la vasque olympique des Jeux de Londres en 2012, a été chargé de façonner le musée dans les vieux silos du port du Cap, construits en 1921 et hauts de 57 m. "Comment voulez-vous transformer 42 tubes en béton verticaux en un endroit idéal pour découvrir la culture contemporaine?", s'est interrogé l'architecte. "Nous pouvions soit nous battre contre un bâtiment fait de tubes en béton ou profiter de sa tubitude", a-t-il hasardé.
Un espace elliptique sera creusé au centre du bâtiment de neuf étages pour créer un grand atrium qui sera inondé de lumière grâce à un toit de verre. Certains compartiments des silos seront ouverts au niveau du sol pour accueillir des galeries d'exposition tandis que d'autres logeront des ascenseurs.
Communiquant avec le Waterfront -le vieux port du Cap devenu un pôle commercial et touristique majeur-, un amphithéâtre permettra d'accueillir des événements extérieurs devant le musée. Un jardin perché sur le toit du bâtiment offrira une vue imprenable sur la ville et du Cap, qui s'étage au pied de la montagne de la Table, au bord de l'Atlantique Sud.
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