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Artistes roms d'Europe : une exposition contre les discriminations à Strasbourg
Leurs oeuvres évoquent les bidonvilles de Belgrade, les préjugés anti-Tziganes, ou la menace des expulsions. Quatorze artistes roms venus de toute l'Europe exposent à Strasbourg peintures, collages ou installations vidéo pour "revendiquer une vie sans discrimination".
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Reportage : G.Fraize, G.Bertrand, C.Singer
Des tableaux bariolés tendance street-art, des montages photos ou la reconstitution symbolique d'un logement insalubre : l'art rom s'invite à Strasbourg. Cette petite exposition, intitulée "Have a look into my life" ("Viens voir ma vie"!), veut "inviter les visiteurs à se faire une idée de la condition des Roms" dans l'Europe d'aujourd'hui, selon les organisateurs. Elle est visible au centre de la ville alsacienne à partir du 7 mai jusqu'au 25.
Art militant
"La communauté tzigane est la plus grande minorité européenne, mais elle est déconsidérée, discriminée, mise au banc dans tous les pays", déplore l'un des artistes exposés, le Français Gabi Jiménez. Dans ses tableaux, ce gitan parisien, ancien "itinérant" et professeur de guitare, évoque l'enfermement des Tziganes et la répression policière. "Ma peinture n'est pas faite pour décorer les appartements. Elle est militante", résume l'artiste de 50 ans.
Nihad Nino Pusija, photographe bosniaque installé à Berlin, s'est intéressé de son côté à des familles roms expulsées vers le Kosovo depuis l'Allemagne, pays où elles avaient pourtant vécu plus de 20 ans. Devant le taudis kosovar où il vit désormais, un gamin de neuf ans brandit une banderole du Bayern Munich. "Il rêve de prison, il est traumatisé", commente le photographe.
Après Strasbourg : Graz, Paris et Budapest
Lidija Mirkovic, originaire de Serbie, a travaillé sur les clichés véhiculés sur les Roms, y compris par eux-mêmes : dans un bidonville de Belgrade, aujourd'hui démantelé, elle a photographié des habitants brandissant devant leurs visages une représentation kitsch d'une Carmen de pacotille, archétype de la "Gitane". "C'est un cliché, mais les Roms l'utilisent eux-mêmes : cette image de Carmen, je l'ai trouvée chez une habitante du bidonville", souligne-t-elle. Cette exposition organisée en partenariat avec le Conseil de l'Europe et le gouvernement autrichien - qui en assure actuellement la présidence, sera visible en juin et juillet à Graz (Autriche), en octobre à Paris, et à Budapest en février 2015.
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