Une exposition célèbre Pierre Sabatier à Moulins, dans l'atelier de ce sculpteur de l'acier et du monumental
À Moulins dans l’Allier, une exposition photo rend hommage au travail de Pierre Sabatier, mort en 2003. L’enfant du pays avait installé son atelier dans la maison familiale. Resté en l’état, l’endroit ouvre rarement ses portes. Nous avons pu le visiter.
Artiste mondialement connu, grand voyageur, Pierre Sabatier est toujours resté fidèle à ses racines bourbonnaises. Né à Moulins en 1925, c’est à quelques kilomètres de là, à Aurouër, qu’il a travaillé toute sa vie, dans son atelier situé en lisière de forêt, au bord de l’Allier. "Il revenait ici pour se recentrer et pour créer de façon très personnelle", explique son fils, Damien Sabatier, lors d’une visite guidée "contemplative" organisée les 26, 27 et 28 juin.
Le lieu est rempli de coquillages et de minéraux. Depuis sa mort en 2003, rien n’a bougé comme le souligne son fils : "On a gardé l’endroit comme il était à l’origine avec toutes ses sources d’inspiration : les pierres, les végétaux, les coquillages… Il était très inspiré par la nature."
Alchimiste du métal
Formé après la guerre à l’École nationale supérieure des arts décoratifs puis aux Beaux-Arts de Paris, Pierre Sabatier réalise des mosaïques et des céramiques avant de s’orienter, à la fin des années 1950, vers le métal, qui devient son matériau de prédilection.
Grand admirateur de l’art égyptien et assyrien, il est aussi passionné d’astronomie, de géologie et de volcanologie. Des passions qu'il va marier de façon spectaculaire en créant des œuvres monumentales qui deviendront sa marque de fabrique. "Autour des années soixante, il découvre le métal, les acides, l'alchimie de cette matière qui se transforme, qu'on peut chauffer, tordre, qui est à la fois souple et rigide et qui lui permet de s'exprimer en grand. Une matière qu'il a sublimée", raconte sa fille Véronique Sabatier.
La mise en place du 1% culturel en 1951 va lui permettre d'exprimer pleinement son goût pour le monumental. Cette loi stipule que 1% des sommes consacrées par l’État à chaque construction publique doit financer la réalisation d’une œuvre d’art in situ. Dès lors, les murs du quartier de la Défense à Paris s'ornent de ses créations mais aussi des universités, collèges, préfecture, banques, mairies (dont celle de Grenoble qui se refit une beauté en 1967 lors des Jeux Olympiques). Des constructions modernes et "usuelles". Pierre Sabatier défendait un art qui s'intègre dans l'architecture, d'où son adhésion au mouvement Le Mur vivant créé en 1966.
Artiste foisonnant
Il pouvait créer des sculptures mais aussi des portes, des claustras, des fresques pour les murs. Un artiste foisonnant qui selon ses ouvriers a fait naître plus de 300 œuvres. Des ouvriers et assistants (une dizaine) qu aidaient l'artiste à faire éclore ses projets. "On était un peu des inventeurs, raconte Christian Lafont, un ancien salarié de Pierre Sabatier. Parfois, on ne trouvait pas le matériel pour faire ce qu'il voulait faire. Il avait ses idées bien à lui. Techniquement, ce n'était pas toujours évident mais c'était passionnant !"
C'est à Aurouër, avec ses assistants, que Pierre Sabatier faisait les essais d’assemblage de ses pièces gigantesques. Elles partaient ensuite en semi-remorque vers leur lieu d'installation. Mais si l'artiste a réalisé des projets dans le monde entier, il a aussi laissé une trace localement notamment dans l’agglomération de Moulins où on peut trouver une dizaine d'œuvres : le Jardin des métamorphoses au conseil départemental (en béton projeté) ; une sculpture à la préfecture ; d'autres sont exposées dans les grands entrepôts d’Aurouër.
L'atelier de l'artiste n'étant pas ouvert à la visite en continu, le public pourra quand même découvrir son travail jusqu'au 19 septembre 2021 sur les Cours Jean Jaurès à Moulins grâce à une exposition intitulée Voyage dans la matière - de l’intime à l’universel. Composée de panneaux de photos du travail de Pierre Sabatier, elle présente aussi des textes de Yangsi Rimpoché, un moine tibétain qui était venu visiter l’atelier de l’artiste à Aurouër.
Plus d'infos sur cette exposition sur le site de la ville de Moulins.
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