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L'artiste Jacques Villeglé, célèbre pour son travail sur les affiches lacérées, est mort à 96 ans

Jacques Villeglé, membre des Nouveaux réalistes, qui a fait entrer les affiches déchirées de la rue dans les galeries et les musées, est mort à 96 ans.

Article rédigé par Valérie Oddos
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
L'artiste Jacques Villeglé à Angers le 25 avril 2009 (JEAN-MICHEL DELAGE / HANS LUCAS / VIA AFP)

L'artiste français Jacques Villeglé, connu pour son travail à partir d'affiches collectées dans la rue, est mort à l'âge de 96 ans, a annoncé, mardi 7 juin dans un communiqué, le Centre Pompidou, qui conserve douze de ses œuvres et lui avait consacré une grande exposition en 2008-2009.

Le président du Centre Pompidou Laurent Le Bon a salué "la mémoire d'un grand artiste, flâneur et collecteur d'affiches dont le travail singulier a marqué la seconde moitié du 20e siècle". Il était "un pionnier de l'art urbain", qui a utilisé presque exclusivement comme matériau de son art l'affiche lacérée, souligne le communiqué.

Comme un cadrage photographique

Jacques Villeglé est né le 27 mars 1926 à Quimper. Il étudie la peinture et le dessin à l'école des beaux-arts de Rennes où il rencontre Raymond Hains dont il restera proche. Puis il étudie l'architecture à Nantes. Dès 1949, il se met à arracher des affiches lacérées avec Raymond Hains. Toutes sortes d'affiches, des affiches politiques, des affiches de spectacles ou de concerts, des publicités, dont des couches successives couvrent les murs.

"Il y avait une grande richesse dans ces images, je pouvais décoller une affiche 'calme' le matin, et plus expressionniste le soir, elles reflétaient mon humeur. Il y a une dizaine de thèmes dans les œuvres que j’ai ensuite montrées. Il n’y a pas de répétition dans le lacéré, mais toujours une surprise. C’est comme si l’on reprochait à Matisse de toujours faire des peintures à l’huile", déclarait-il au JDD en 2016.

Jacques Villeglé n'intervient généralement pas sur les affiches qu'il prélève dans les rues pour les maroufler sur toile. Il repère plutôt dans le chaos trouvé sur les murs les beautés cachées dans les épaisseurs déchirées par des passants, qui ont parfois aussi écrit sur le papier ou l'ont taché. Il estimait que "le prélèvement est le parallèle du cadrage du photographe", rapporte le Centre Pompidou.

Il s'intéresse à la typographie et lui porte un intérêt particulier dans ses décollages. Il crée à partir de 1969 un "alphabet socio-politique" en constante évolution.

"L'affiche, émanation de la propagande"

Son art se veut un reflet des réalités de son temps. "L'affiche, émanation de la propagande des pouvoirs politiques et financiers, c'est par les couleurs qui débordent des déchirures qu'elle devient fleur de la vie contemporaine, affirmation d'optimiste et de gaieté", disait-il. Il a fait partie des membres fondateurs du Nouveau réalisme en 1960, avec Raymond Hains, Tinguely, Arman...

"Infatigable, Jacques Villeglé a traversé les décennies avec une curiosité insatiable pour les événements de son temps. Ses affiches lacérées et son alphabet sociopolitique témoignent de cette histoire complexe, avec ses aléas et ses moments d’insouciance. Il avait l’élégance de ceux qui n’ont pas besoin d’en dire trop pour frapper juste", a déclaré Sophie Duplaix, conservatrice, cheffe du service des collections contemporaines au Musée national d’art moderne et qui avait été commissaire de l'exposition Jacques Villeglé. La comédie urbaine en 2008-2009.

Récemment, l'artiste avait été exposé à Epinal en 2018 et au Musée d'art moderne de Saint-Etienne en 2016. Il était attendu cet été à Saint-Malo où une exposition lui sera consacrée à la Chapelle Saint-Sauveur (du 9 juillet au 18 septembre 2022).

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